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Les Enfants de l'eau noire de Joe R. Lansdale

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Les Enfants de l'eau noire de Joe R. LansdaleCe n'est pas le genre que je préfère et même si l'auteur est "le" grand nom du southern gothic, je n'aurais pas spontanément ouvert ce livre. Et très franchement je vais même vous avouer que s'il ne figurait pas dans la compétition dans la catégorie Polars je ne l'aurais pas lu jusqu'au bout.Quitte à me plonger dans la littérature américaine, et frôler le fantastique, je préfère lire Ron Rash avec par exemple Une terre d'ombre. Même si je reconnais à Joe R. Lansdale le mérite de nous entrainer dans l'univers des White trash - des petits Blancs - texans que l'on connait très peu, au bénéfice du Nevada ou de la Caroline du Sud qui sont des contrées pour nous plus familières.
Texas, années 1930. Élevée dans la misère au bord de la Sabine, qui s’écoule jusqu’aux bayous de Louisiane, May Linn, jolie fille de seize ans, rêve de devenir star de cinéma. Un songe qui s’achève brutalement lorsqu’on repêche dans le fleuve son cadavre mutilé. Ses jeunes amis Sue Ellen, Terry et Jinx, en rupture familiale, décident alors de l’incinérer et d’emporter ses cendres à Hollywood pour qu'au moins elle repose à l’endroit de ses rêves…
Volant un radeau mais surtout le magot d’un hold-up, la singulière équipe s’embarque dans une périlleuse descente du fleuve, avec à leurs trousses un flic violent et corrompu, et Skunk, un monstre sorti de l’enfer.
Leurs rencontres virent au cauchemar malgré l'ingéniosité des gamins et leur formidable sens de la répartie. J'ai failli lâcher l'ouvrage après quelques pages parce que j'avais l'impression d'être noyée au coeur d'une série B. Trop souvent il m'a semblé être moi-même poursuivie dans un remake de Massacre à la tronçonneuse, sauf que une hachette et un tromblon enrayé remplaçaient l'engin électrique. Il y a trop de maccabées, de pourriture et de charcutage. Pourtant je reconnais que l'atmosphère de conte ténébreux m'a petit à petit accrochée à partir du moment où les fuyards décident de déterrer le trésor et d'élucider la mort de leur camarade.
La maitrise du suspense est parfaite. L'humour (noir, mais très présent) et l'emploi admirable des métaphores apportent une respiration appréciable. Et la réflexion sociale n'est pas dénuée d'intérêt. L'auteur interroge la question du fatalisme avec vigueur, ce qui permettra, au terme du voyage, à la jeune Sue Ellen d'estimer avoir découvert ce qu'elle veut faire de sa vie, réflexion qui se rapporte aussi à sa mère, témoignant qu'il n'y a pas d'âge pour remettre en cause le destin. Je porte mes erreurs comme un manteau, sauf que c'est plus lourd, reconnaissait-elle. (p. 139)
Les Enfants de l'eau noire de Joe R. Lansdale, traduit de l'américain par Bernard Blanc, publié le 3 septembre 2015 chez Denoël, dans la collection Sueurs Froides
Livre chroniqué dans le cadre du Prix 2016 des lecteurs d'AntonyLes Enfants de l'eau noire de Joe R. LansdaleEn compétition dans la catégorie Polars avec Prendre Lilyde Marie Neuser, Obia de Colin Niel, L'enfer de Church Street de Jake Hinkson, et Les brillants de Marcus Sakey.

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