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CULTURE > Expo "Street Dance" : personne insensible, s’abstenir

Publié le 10 mars 2016 par Fab @fabrice_gil
Le Hip Hop demeure connu de tous. Si ce mouvement culturel et politique, diminuer à tort par certains, exprime un langage nourricier, il évoque aussi une profonde révolte sociale des quartiers populaires nord-américains. D’ici au 8 mai 2016, la Manufacture 111 à Paris propose une exposition intitulée Street Dance : une brève histoire de la danse Hip Hop, programmation pluridisciplinaire autour d’un phénomène dont la nature insoupçonnée enchante. Personne insensible, s’abstenir.

CULTURE Expo

Street Dance I photo ©Martha Cooper


Née dans le ghetto du Bronx, la culture Hip-Hop se revendique de la rue et n’a cessé d’évoluer ces quarante dernières années : ses différentes expressions artistiques se sont spécialisées, ses modes vestimentaires ont évolué et certaines factions se sont institutionnalisés auprès d’un public élargi. Depuis les années 1980, le mouvement a subi de nombreuses transformations. Ses formes dansées se sont multipliéesà tel point que le terme même de Hip-Hop ne renvoie plus à un ADN identifiable. Il semblerait plutôt que l’expression Street Dance, qui évoque l’ensemble des disciplines de danse existant à l’intérieur du mouvement, soit plus pertinente. Pourtant, l’histoire ne s’invente pas.
… le ghetto, au quotidienDans les années 1960, les industries quittent les quartiers du Bronx, Harlem, Brooklyn et se délocalisent vers des parcs industriels plus spacieux, au nord de la métropole. Honteuse et sournoise, la ségrégation raciale rampe tel un serpent. Les Blancs quittent les quartiers pour suivre l’emploi et habitent aux alentours de ces usines flambants neuves. La politique de l’urbanisme conduit à la destruction des immeubles anciens plutôt qu’à leurs réhabilitations. La valeur immobilière chute dans ces ghettos où les conditions de vie se dégradent à vue d’oeil, cyniquement. La communauté afro et latino-américaine parquée, repliée sur elle-même est spectatrice d’une communauté blanche profiteuse d’un "rêve américain", pas très reluisant.Le banditisme urbain, les trafics de drogue en tous genre deviennent le quotidien de ces banlieues New-Yorkaises dès les années 1970. Certains lieux, contrôlés par les têtes "pensantes" du milieu, sont difficiles d’accès à la police comme aux ambulances. En zones de non-droit, point de salut.
Regain identitaireDes groupes identitaires se forment progressivement ici et là. Des "chapelles" revendiquent l’égalité des droits, la reconnaissance d’une identité Noire, luttent contre le racisme et l’abrogation de la ségrégation raciale institutionnelle. Mais les organisations Black Muslims de Malcom X, Black Power de Martin Luter King, pour ne citer qu’elles, sont finalement infiltrées, démantelées par le F.B.I. Les chiens sont lâchés sauvagement sur la foule… toutes personnes interpellées finissent en prison. Alors la revendication politique de la communauté des ghettos américains gronde, mais à travers l’art. L’intelligence de l’âme et du cœur sont de mises. La musique noire s’impose au travers du soul, du funk. James Brown ou Stevie Wonder y sont pour quelque chose, vraiment. Ils utilisent la musique dans un état d’esprit positif, pour exprimer leurs protestations. La culture Hip-Hop naît de ce genre musical positif, revendicatif.

CULTURE Expo

WAFFLE NYC 2015 I photo ©Little Shao


Naissance du Hip HopAccéder aux conservatoires pour comprendre les tenants et aboutissants de la musique noire (soul et funk), apprendre à composer en maîtrisant les instruments, prendre des cours de chant avec des experts, tout cela est cher pour cette population ghettoïsée. Impacté par le chômage devenu "norme des quartiers", le Bronx devient alors le théâtre de fêtes et d'apprentissages, seul exutoire face aux méandres perfides de la rue. Les jeunes gens se mobilisent, utilisent le Hip-Hop comme support constructif pour lutter contre la criminalité inter-quartier. Ce petit monde, empesé de grands talents, s’essaie, s’affronte et développe un esprit de compétition pacifiste. Il fait bon vivre, face à la violence, face à la misère.Deux générations plus tard, il n’est pas rare de découvrir encore et toujours l’humeur contestataire de certains hauts responsables : le Hip Hop serait "la cause principale de la violence surgissant dans les cités ou dans les zones du territoire en difficultés". Si l’exposition Street Dance s’inscrit dans un contexte particulier -le Ministère de la Culture manifeste sa volonté de standardiser le Street Dance et annonce la création d’un Diplôme National Supérieur Professionnel (DNSP) de danseur Hip Hop- un mouvement de contestation s’organise via un regroupement de pionniers français de la danse Hip Hop. Unanimes, ils s’opposent à la création d’une telle supercherie. Et c'est tant mieux. FG
Retrouvez les renseignements complets relatifs à l'exposition sur le site de l'événement

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