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Spotlight

Par Tinalakiller

réalisé par Tom McCarthy

avec Michael Keaton, Mark Ruffalo, Rachel McAdams, Liev Schreiber, John Slattery, Brian d'Arcy James, Stanley Tucci, Jamey Sheridan, Billy Crudup, Neal Huff, Doug Murray, Richard Jenkins...

Drame américain. 2h08. 2015.

sortie française : 27 janvier 2016

Spotlight

Adapté de faits réels, Spotlight retrace la fascinante enquête du Boston Globe - couronnée par le prix Pulitzer - qui a mis à jour un scandale sans précédent au sein de l'Eglise Catholique. Une équipe de journalistes d'investigation, baptisée Spotlight, a enquêté pendant 12 mois sur des suspicions d'abus sexuels au sein d'une des institutions les plus anciennes et les plus respectées au monde. L'enquête révèlera que L'Eglise Catholique a protégé pendant des décennies les personnalités religieuses, juridiques et politiques les plus en vue de Boston, et déclenchera par la suite une vague de révélations dans le monde entier.

Spotlight

Spotlight est inspiré de faits réels qui ont secoué le monde entier : en 2001, " Spotlight ", une rubrique du Boston Globe spécialisée dans l'investigation menée par un petit groupe de journalistes, révèle le plus grand scandale de pédophilie de l'Eglise catholique (et d'autres articles sur ce sujet seront évidemment publiés l'année suivante). Au-delà de vouloir dénoncer les prêtres pédophiles qui ont profité de leur pouvoir pour abuser d'enfants innocents souvent issus d'un milieu social défavorisé ou d'une famille éclatée, les articles pointent du doigt la complicité de l'Eglise qui était au courant en se contentant de muter les coupables et qui a acheté le silence des victimes. On compterait au total 1500 victimes d'abus sexuels. Les journalistes qui ont enquêté durant plusieurs longs mois ont été récompensés par le prix Pultizer en 2003. Spotlight est nommé à six reprises aux Oscars et très sincèrement j'espère qu'il va repartir avec plusieurs statuettes. Evidemment que l'histoire en elle-même secoue les spectateurs (il fallait voir les réactions des spectateurs dans ma salle !) mais heureusement le film ne se repose pas uniquement sur cet aspect-là. La mise en scène de Tom McCarthy (réalisateur du très bon mais encore méconnu The Visitor) est sobre, l'ensemble peut paraître classique mais c'est justement grâce à cette apparente simplicité que le film fonctionne pleinement et surtout qu'il parvient à captiver, à passionner et à nous faire partager la passion de ces journalistes qui bossent énormément et avec leurs tripes. Ainsi, il est bien de rappeler que sobriété et classique ne sont pas nécessairement synonyme de quelque chose de plat. Le scénario est finalement cohérent avec le travail de mise en scène. Il a quelque chose de ludique pour les spectateurs, pas nécessairement habitués à cet univers particulier du journalisme ni à la complexité d'un travail d'enquête. Or, malgré la complexité de cette enquête, on n'est jamais perdu. Tout est expliqué clairement aux spectateurs afin de ne pas les perdre mais on ne les prend pas non plus pour des imbéciles dans le sens où le langage journaliste parait crédible. Beaucoup de critiques ont fait un rapprochement logique avec Les Hommes du Président d'Alan J. Pakula et c'est vrai que Spotlight s'inscrit dans cette même veine : il reprend très bien les codes de ce genre et a par ailleurs un petit côté seventies (les journalistes travaillent à l'ancienne) tout en restant contemporain. De plus, le film trouve un très bon rythme qui permet aux spectateurs de ne pas s'ennuyer.

Spotlight

Pourtant, pour imager mon propos, on ne retrouve pas un rythme ultra rapide (ce qui est important pour retracer le long travail effectué par les journalistes) mais ce n'est pas pour autant mou. En effet, Spotlight bénéficie d'un montage très efficace qui permet à l'intrigue d'avancer tout en suivant le travail de plusieurs journalistes sur des terrains différents au même moment. De plus, le film entre rapidement dans le vif du sujet. Spotlight est aussi une réussite dans la manière de présenter les personnages et leur rapport avec la ville de Boston. Il est intéressant de voir qu'il s'agit d'un personnage venant d'ailleurs (Marty Baron) qui permet aux autres de se plonger ou plutôt de se replonger dans une affaire qu'ils ne voulaient pas forcément voir. Boston, qui est pourtant la ville que l'on connait, est présentée comme une ville dans laquelle tout le monde connait tout le monde, c'est presque une sorte de grand village : finalement, cette situation aurait pu toucher absolument tout le monde, même ceux qui préparent l'article. De plus, j'ai aimé le fait qu'on n'en connaisse pas trop sur les personnages (cela dit, l'article de Première " Que sont devenus les vrais journalistes du film ? " est plutôt intéressant pour mieux les connaître). Disons qu'on connait juste l'essentiel, c'est-à-dire leur rapport avec la ville et le catholicisme, sans qu'on n'ait l'impression qu'ils soient traités de manière superficielle. Au contraire, même sans trop les connaître, je suis parvenue à m'attacher à chaque journaliste, chacun ayant finalement son petit truc. Cependant, personne ne se tire la couverture, le casting étant pour moi très cohérent. Pour ne citer que cette petite partie du casting (j'ai notamment une pensée pour Brian d'Arcy James, son nom n'étant pas sur l'affiche alors qu'il était autant excellent et présent que ses partenaires), je suis évidemment très contente de voir Mark Ruffalo et Rachel McAdams nommés aux Oscars même si c'est dommage de ne pas voir Michael Keaton dans la course. De plus, les personnages sont pour moi attachants car on ressent leur implication, leurs convictions. Tom McCarthy trouve alors un très juste équilibre : tout en n'oubliant jamais l'équipe de " Spotlight ", l'enquête est finalement le personnage principal de l'histoire. Par sa sobriété, Spotlight est un excellent film qui parvient à rendre hommage aux bons journalistes qui exercent leur métier avec passion et qui font un travail nécessaire (tout comme ce film), aux victimes qui sont respectées et pointe du doigt les institutions religieuses.

Spotlight

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