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Interview de Marie Gervais auteure de “Ma famille buissonnière”

Publié le 21 mars 2016 par Poussinvoyageur @PoussinVoyageur

A l’occasion de la sortie de son ouvrage très pratique “Ma famille buissonnière”, Marie Gervais partage avec le Poussin Voyageur sa vision de la relation que nous entretenons avec notre environnement.

Pouvez-vous vous présenter ?

famille-buissonniere-marie-gervais-livreJe m’appelle Marie Gervais, j’ai 37 ans, et en vrac je suis auteure (« La Famille Buissonnière » est mon 5e livre), je suis maman (2 enfants de 10 et 8,5 ans), blogueuse (education-creative.com/blog), co-fondatrice d’une école démocratique ouverte à Paris depuis septembre 2015 (l’Ecole Dynamique) et co-fondatrice d’un projet d’école identique près de chez moi (autour d’Orsay/plateau de Saclay, au sud de Paris, l’Ecole Démocratique Paris-Saclay).

Bref, j’ai de quoi m’occuper !
J’ai voulu être (dans l’ordre, depuis mes 10 ans) médecin légiste, archélogue, égyptologue, auteure (j’y suis arrivée !) et après une maîtrise inutile en histoire antique, j’ai repris des études de sciences de l’Education à distance. Cette formation extrêmement riche, axée sur l’Education tout au Long de la vie, m’a permis d’approfondir ce que je commençais à défricher depuis la naissance de mes enfants : une réflexion profonde sur l’éducation, sur la relation adulte-enfant, sur notre rapport à l’environnement.

Vous venez de publier “La famille buissonnière”, un ouvrage très pratique pour les familles qui souhaitent remettre la nature au cœur de leur quotidien. Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce livre ?

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En 2013 j’avais dédié un chapitre de mon livre « Libérons la créativité de nos enfants» à la nature (je l’avais intitulé « ré-apprivoiser la nature » tant je sentais déjà l’urgence de la reconnexion) et j’avais trouvé en l’écrivant qu’il y avait de quoi en faire un livre entier !

J’ai donc commencé à rassembler des idées et à lister toutes les activités et bricolage nature que je présentais sur mon blog lors de nos sorties en famille.

A côté de cela, je suivais dans mes études un cours intitulé Education & Environnement, qui fut d’une richesse incroyable ! Pour valider le cours nous devions réaliser un « récit de vie environnemental » : dépassant de bien loin l’idée de savoir si nous étions « écolo » ou pas, il s’agissait d’écrire l’histoire de notre vie sous l’angle de notre rapport à la nature et à l’environnement en général.

C’est là que j’ai réalisé à quel point nous nous leurrions en développant une éducation à l’environnement qui ne s’occupe que d’apprendre des gestes (aussi écologiques et éthiques soient-ils) sans jamais aller creuser vers ce qui est réellement important : développer une réflexion profonde (en nous-même, puis avec nos enfants) sur le fonctionnement de notre société, sur notre mode de consommation, sur notre connexion avec la nature.

« La famille buissonnière » n’est pas qu’un livre pratique : c’est un livre qui allie action et réflexion, qui propose, à côté de toutes les idées d’activités, de nombreux questionnements à développer en famille.

Penser pour mieux comprendre et mettre du sens derrière ses gestes !

Avez-vous toujours été en connexion avec la nature ou vous a-t-il fallu faire un retour aux sources ?

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Enfant j’ai vécu à la montagne, au bord de la mer puis à la campagne. J’ai de beaux souvenirs de vacances chez mes grands-parents, dans une toute petite maison au bord du Rhône, où je passais mon temps dehors, à grimper aux arbres pour manger des cerises, à attraper et observer des têtards, à écraser des baies et des briques pour faire de la peinture… C’est la maison que je présente dans mon livre car mes parents, devenus grands-parents, continuent de la faire vivre en offrant à leurs petits-enfants ce temps de liberté en plein air.
Etudiante, j’ai passé plusieurs années à Paris : des années où j’étais très peu connectée à la nature… A chaque fois que je rentrais en famille pour les vacances, en Bretagne ou dans la campagne lyonnaise, j’avais l’impression de respirer de nouveau !

Il y a un moment qui s’est particulièrement gravé dans ma mémoire : en balade sur une petite route (un coin de campagne où ne passe quasiment aucune voiture), je me suis arrêtée et j’ai « écouté » le silence : j’avais la sensation d’avoir complètement oublié ce qu’était le silence en vivant à Paris ! A Vannes ou près de Lyon je redécouvrais à chaque fois le vrai air pur, de vraies couleurs (le vert des champs, le bleu de la mer…) et les bruits de la nature : le vent dans les feuilles, les oiseaux, les vagues, etc.
Lorsque nous sommes partis vivre 2 ans à Dubaï (nos enfants avaient 1,5 ans et 3 ans), le vert nous manquait beaucoup. Il y a beaucoup de très grands parcs à Dubaï mais ça reste des espaces artificiels, façonnés par la main de l’homme… Alors le week-end nous profitions au maximum des grands espaces, le plus loin possible des routes (les déserts de sable à perte de vue et la montagne aride où ne vivent que quelques hommes, beaucoup de chameaux et de biquettes).

Un autre moment qui s’est gravé dans ma mémoire à cette occasion : notre premier retour l’été en France, après 6 mois à Dubaï : tout ce vert ininterrompu, admiré par les fenêtres du TGV ralliant Paris à Lyon !
Malgré la démesure humaine de Dubaï, ces immenses espaces vierges et désertiques me manquent encore beaucoup aujourd’hui.

Comment avez-vous fait le choix des activités Nature pour cet ouvrage ?


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Les 3/4 des activités sont des activités que nous avons pratiquées avec les enfants depuis qu’ils sont bébés, en France et à Dubaï. C’est pour cela que vous pouvez les voir à tous les âges sur les photos du livre !

J’en ai d’ailleurs décrit une bonne partie sur mon blog Education Créative depuis que je l’ai créé il y a 6 ans. J’aime immortaliser les « petits » moments de notre vie de famille, mon appareil photo me suit partout (même si j’apprends aussi à vivre sans !).

Les enfants grandissant, je dois m’adapter et trouver de nouvelles idées. L’écriture du livre a été l’occasion d’en réaliser certaines !
J’ai également la chance d’avoir un papa très bricoleur et inventif : les activités les plus « complexes » du livre (la glissade géante, la cabane à 6 mètres de haut, le filet dans les arbres…) sont nées de sa main.

Pour le reste, je choisis délibérément des activités simples et “connectantes” : on a tellement l’habitude d’acheter des services et « kits » tout prêts qu’on ne sait plus penser aux choses les plus simples.

Pourquoi les proposez-vous en binôme d’opposés ” ralentir/bouger” ; “être seul/ensemble” ?

Parce qu’on ne peut pas vivre et se cantonner dans un extrême sans explorer son opposé : il faut savoir prendre des risques, mais également se protéger, l’un ne va pas sans l’autre ! Il faut également savoir vivre la solitude de façon positive et constructive, mais également apprendre à vivre ensemble ; il faut savoir regarder ce qui vit sous nos pieds, tout autant que se projeter vers ce qui vit loin de nous. Il est primordial d’autoriser nos enfants à vivre tous ces opposés : leur offrir le temps et l’espace pour hurler, sauter, crapahuter, tout autant que pour se poser et observer dans le calme…
Le métier de parent se rapproche pour moi beaucoup du funambulisme.

Quels conseils pourriez-vous donner aux familles qui sont aujourd’hui les plus éloignées de la nature… au cœur d’une grande ville, par exemple ?

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J’ai vécu à Dubaï, je sais donc qu’on peut trouver la nature partout, même lorsque la main de l’homme tente de tout contrôler !

La nature ce n’est pas que les grands espaces sauvages, c’est aussi l’herbe sous nos pieds, les oiseaux dans l’arbre du square, les petites fourmis qui vivent dans les craquelures du bitume… Le mieux est bien sur de se donner les moyens de s’évader un peu le week-end : il y a autour de Paris, à portée de RER, de beaux espaces naturels où aller pique-niquer, se détendre en forêt, oublier un peu le bruit constant de la ville !

En quoi la nature est-elle structurante ou au contraire libératrice/source d’imagination pour les enfants ?

La liberté va avec la structure ! Il n’y a pas de liberté sans cadre protecteur, sans règles.

La nature est donc à la fois structurante et source d’imagination, pour les enfants comme pour les adultes d’ailleurs. Elle nous permet de retrouver le lien avec nous-même, car en tant qu’être vivant, nous faisons partie de la nature.
La nature est source d’imagination pour les enfants car elle met en avant le jeu libre : avec ce qu’on trouve sous la main on peut créer, jouer, imaginer des mondes ! Elle est également structurante car elle permet de découvrir son corps : grimper aux arbres, marcher sur un tronc renversé, sauter au-dessus (ou dans !) les flaques, se rouler dans l’herbe, sentir les odeurs du sous-bois, de la mer… autant d’occasions de développer ses 5 sens, son équilibre, de tester ses limites, d’apprendre à maîtriser son corps sans se blesser, de développer un sens aigu de son environnement proche !

Rendez-vous mercredi pour la suite de l’interview de Marie où elle nous racontera comment elle vit ses voyages en famille
😉


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