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Manger dans le noir (complet oui)

Publié le 22 mars 2016 par Elosya @elosyaviavia

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Il y a quelques semaines, j’étais en train de bruncher avec des ami-e-s (des personnes de mon groupe de théâtre d’il y a 2 ans).

L’idée a germé d’aller déjeuner dans le restaurant « Dans le noir » dans le centre de Paris.

Pour ceux qui ne connaissent pas, que je vous explique.

Alors vous êtes dans un resto et vous mangez dans le noir.

Ah ah ah. Oui, aussi simple que ça.

Bon après il y a toute l’organisation, le déroulé tout ça, tout ça. Mais pour ceux qui veulent y aller, je ne veux pas spoiler donc ici je vais juste vous raconter dans les grandes lignes ce moment intriguant.

Jour j, on se présente à l’entrée.

Une hôtesse nous accueille, nous explique comment ça va se passer. Pour les gens qui sont végétariens ou qui ont des allergies, vous avez la possibilité d’avoir un repas adapté.

Ensuite on se met en ligne et un serveur non voyant vient nous chercher. Il se présente, il sera notre serveur pendant tout le service et c’est lui qu’on devra appeler si on a besoin de quelque chose.

Je suis tout devant. Le serveur me prend délicatement la main, il veut savoir si on est prêt et ensuite il nous fait rentrer dans la salle.

C’est le noir, mais vraiment le noir complet, on ne voit rien, pas un pull, pas un bras, rien de chez rien, le noir total.

C’est marrant le second truc qui m’a frappé en rentrant ce sont les odeurs.

Une odeur de poisson cuisiné, bonne, mais qui me semblait très forte sur le coup. Puis différents parfums, sucrés, salés et une odeur de transpiration (très fugace hein). Le serveur nous guide jusqu’à la table et nos chaises. Je m’assieds. Je dois dire que je ne suis pas très rassurée. Être dans le noir complet, ça crée une sacrée perte de repères.

Je promène mes doigts sur la table. Je le fais très doucement. Je trouve ma fourchette, puis mon couteau et mon verre. Je décale ma main sur ma gauche pour voir jusqu’où va la table. Je touche un pylône. Je remonte sur celui-ci pour voir jusqu’où il va.

Ah.

Le pylône a un pull et des poils.

Je pousse un petit cri surpris.

Moi : bonjour, désolé je vous ai pris pour un poteau.

Le jeune homme : y a pas de mal, bonjour.

Je discute un peu avec lui et sa copine.

Puis mes amis s’installent à table et nous discutons entre nous.

Au début, je me sentais crispée. Comment je le sais ? Eh bien je crois être restée au moins 5 bonnes minutes accrochée à mon verre et mes couverts.

C’est vrai que c’est bizarre comme sensation. Je ne savais pas vraiment à quelle distance se trouvait mon pote B. qui était juste à côté de moi (et cela même si j’ai tendu le bras à plusieurs reprises et que je lui ai touché le nez). Ma pote E. était à ma droite, mais je n’arrivais pas à discerner si je parlais à son visage, ses cheveux ou son oreille. H. était le plus éloigné de moi, mais je serais incapable de dire à quelle distance il se trouvait. C’est intriguant de perdre ses repères visuels. Je me sentais beaucoup plus attentive à ce que je sentais et à ce que j’entendais. Je me sentais très en alerte.

Au début, on parlait FORT, on s’en est aperçu alors on a baissé le volume.

J’avais l’impression que les gens aux autres tables parlaient en criant, j’entendais des bribes, mais j’avais l’impression d’un gros brouhaha. Par moment, j’avais du mal à me concentrer, parce que je voulais suivre notre conversation, mais j’étais happée par les autres tables.

Avec mes ami-e-s, on avait plein de questions : est ce qu’il y a des caméras ? Quelle est la taille du restaurant ? Combien étions nous en tout ? Est ce que des gens en profitent pour faire des trucs sexuels dans le noir ? (moi je suis sûre que oui). Comment font les serveurs pour se repérer ?

Nos déjeuners sont arrivés et on a tenté de reconnaître ce qui se trouvait dans l’assiette (parce que oui au départ, vous ne savez pas ce que vous mangez comme plat). Bon euh moi j’ai un gros morceau là, c’est du chou…ah non du brocolis…ah non je sais pas. Le vin ? Du rouge c’est évident. Mais non je te dis que c’est du blanc. Ma viande les gars je suis sûre que c’est de l’agneau. Aaah j’ai fini mon assiette, ah non en fait il en reste sur le côté de mon assiette. Merde, j’ai mis le doigt dans ma purée.

Lorsque mon plat est arrivé, j’ai essayé plusieurs fois de mettre les aliments sur ma fourchette. Ils sont invariablement retombés dans mon assiette. Ou sinon j’arrivais à prendre un ou deux éléments, mais pas plus. Alors j’en ai eu marre et j’ai mangé avec les doigts. C’est drôle parce que j’avais honte (et en même temps personne ne pouvait me voir). Mais j’osais pas.

Mais j’ai fait fi de mon conditionnement sociétal à table et j’ai mangé avec les doigts et c’était très bien.

Les desserts aucun souci à manger avec les couverts par contre.

A la fin, notre serveur nous a remis en ligne et nous sommes sortis.

On a très très bien mangé, c’est de la très très bonne cuisine. Le serveur hyper sympa, gentil.

Une expérience fort intéressante à faire avec plusieurs copains.

Comme le faisait remarquer, une de mes potes, c’est moins sympa d’y aller avec de vagues connaissances.

Je déconseille pour un rendez-vous galant aussi, quoique ça peut-être rigolo :-), un peu de mystère.


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