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Yanis Varoufàkis : Ministre hardcore

Publié le 24 mars 2016 par Edelit @TransacEDHEC

GRE

Ce qu’il se passe en Grèce depuis 2009 n’a rien d’amusant. Pourtant, Yanis Varoufàkis et ses punchlines à tout va nous font bien rire depuis quelques mois. Insolence, humour noir et excentrisme : il est un des personnages les plus médiatiques de la Grèce. Socrate n’a qu’à bien se tenir !

 Un personnage complexe.

Yannis Varoufakis est un homme très et peut-être trop contrasté. Politiquement il se définit comme un « marxiste libertaire ». Oui, cela a apparemment un sens.

Idéologiquement il suscite un vif intérêt pour Marx. Son enfance y joua un grand rôle. Fils d’un professeur d’université politiquement engagé contre les camps communistes lors de la guerre civile de 1946-1949, il vit son père et son oncle emprisonnés par le gouvernement.

Pourtant, cet enfant issu d’une famille avec de sérieux problèmes politiques, réussi à intégrer des établissements élitistes, et obtint notamment un doctorat en mathématiques statistiques ainsi qu’en théorie économique en Grande Bretagne, avant de se spécialiser dans la théorie des jeux. De là émerge son côté « libertaire ». En effet, il croit qu’économiquement le modèle marxiste est déconnecté de la réalité, et se retrouve ainsi paradoxalement baigné dans le milieu de la finance.

Il l’admet, c’est assez ironique.

Né en 1961 à Athènes, Yannis Varoufakis fut conseiller économique de Giorgos Papandréou, premier de ministre de 2009 à 2011, puis il démissionna. Il fut ensuite élu député de Syriza en 2015, avec le plus grand nombre de voix du pays, avant d’être nommé Ministre des Finances au sein du gouvernement D’Alexis Tsipras, poste duquel il démissionna également en juillet 2015. L’homme à la fois populaire et populiste est en effet victime de son tempérament explosif…

Un Ministre des Finances aux tendances marxistes…

Depuis que Varoufakis occupe son poste de Ministre, certaines choses ont changé. Il a reformé son équipe et changé de dirigeants pour lutter contre la corruption. Varoufakis n’a pas non plus hésité à parler devant les médias européens de « crise humanitaire » pour expliquer les réformes qu’il a mis en place d’urgence, alors que les dirigeants européens sont obsédés par la crise de la dette qui ronge alors la Grèce.

« Je porterai le dégoût des créanciers avec fierté », dit-il. Message reçu.

Mais Varoufakis va encore plus loin. Parce qu’il ne s’était pas assez mis à dos l’Union Européenne, il a considéré judicieux d’insulter la « troika », désignant les experts de la Commission Européenne, la BCE et le FMI qui étaient chargés d’auditer sur la dette grecque, lors de sa première intervention télévisée. Bien entendu, personne dans l’audience n’était prévenu, il suffit de voir la tête des gens dans la salle.

http://www.itele.fr/monde/video/syriza-athenes-veut-saffranchir-de-la-tutelle-de-la-troika-110098

Enfin, mais ça il ne l’avait pas fait exprès, une vidéo de lui faisant un doigt d’honneur à l’Allemagne pour se révolter contre la politique d’austérité imposée par le pays, est diffusée lors d’un complexe en direct sur ARD, une chaîne allemande.

GREE

Varoufakis en appelle au trucage, mais il admet plus tard sur Twitter que si le doigt d’honneur est réel, le contexte de la vidéo est différent… Pour une fois, il n’assume pas trop !

… qui n’oublie pas la théorie des jeux.

D’abord, qu’est-ce que la théorie des jeux ? Pour faire simple, c’est un pan de la théorie économique qui s’intéresse à l’analyse de prises de décisions des agents économiques, de leurs anticipations et des différentes situations auxquelles elles aboutissent.

Vous l’aurez compris, Varoufakis est un fin négociateur. Les conflits syndicat-patronat, il en fait de la pâté pour chien. Ce qui l’intéresse davantage, c’est de réussir à concilier la politique populiste et généreuse de Syrisa et les pressions internationales et financières.

D’ailleurs son quotidien de Ministre pouvait se résumer à un flux continu de négociations avec des investisseurs – qu’il convainc en quelques minutes -, avec des hommes politiques européens ou son propre gouvernement. Fort heureusement, Varoufakis n’est pas un homme routinier et a égayé son parcours politique de bourdes ou punchlines qui ont fait de lui le premier homme médiatique de la politique grecque.

« Wolfgang Schaüble (Ministre de l’économie allemand) est probablement le seul politique européen avec de la substance intellectuelle ». Ça, c’est dit. Pour les autres, pas besoin de faire un dessin…

Varoufakis, héros grec des temps modernes.

Si nous consacrons un article à ce personnage haut en couleur, ce n’est pas (seulement) par soucis pour votre éducation ! Varoufakis fait parler de lui, en bien, comme en mal !

La Comm, c’est son dada. Il gère lui-même avec l’aide de sa femme toutes ses apparitions médiatiques et il n’est plus étonnant de la voir s’exprimer sur l’avancée de la Grèce à la place de Tsipras. Sa notoriété est tellement grande qu’il en est devenu un emblème pour le peuple grec, qui souffre de la pression européenne.

« Ce qu’ils font avec la Grèce a un nom : terrorisme ». Vieille méthode, mais toujours aussi efficace.

Cependant, Yanis semble avoir pris la grosse tête ! Il est devenu un people à la Sarkozy, apparaît avec sa femme dans Paris Match. Clichés quelque peu « bobo » et inappropriés pour une grande partie de l’opinion publique.

Son franc parler passe également pour un manque de tact et de diplomatie, confortant l’opposition de droite en Grèce. «Hollande n’est pas l’ami de la Grèce» disait-il, au moins, ça a le mérite d’être clair… Bavard et excentrique, Yannis Varoufakis s’est-il noyé dans son personnage au dépit de son rôle politique ? Quelque part on comprend le problème que posent des photos de lui une veste en cuir sur le dos et une moto sous les fesses quand on sait que la dette d’un pays reposait sur ses épaules.

Finalement, au retour de Tsipras sur la scène politique, c’est Euclide Tsakalotos qui succède à Yanis Varoufakis, une personnalité beaucoup plus discrète, ce qui permettrait de calmer à la situation.

GREEEE

C’est bien beau d’être hardcore, mais il faut surtout mettre tout le monde d’accord !


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