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La rue, la grève... contre la loi Travail

Publié le 30 mars 2016 par Jean-Emmanuel Ducoin
Le 31 mars au soir, après la journée de grèves et de manifestations, forçons le premier ministre à comprendre que les jeux ne sont pas faits -et même à comprendre tout le contraire. La rue, la grève... contre la loi TravailN’en déplaise à certains, les mouvements sociaux ne se commandent pas à distance et ne trouvent pas leur énergie performative dans des injonctions venues d’en haut. Ils possèdent une vie propre, une autonomie singulière qui puise dans le moment ses raisons, ses colères et même ses enrichissements agrégés à sa force collective. Ceux qui tentent de comprendre ce qui se passe contre la loi travail feraient bien d’y réfléchir avec sérieux, car le mouvement social dont il s’agit, qui grandit et laboure la société française dans ses tréfonds, a dépassé le stade de l’effraction et devrait prendre une tournure spectaculaire, ce jeudi 31 mars, à l’appel des organisations de salariés et de jeunesse.
Chacun le sait désormais, ce sera la grande journée de mobilisation dans tout le pays –la rue, la grève–, alors que les sondages d’opinion laissent peu de place au doute: une grande majorité de nos concitoyens rejettent le projet d’El Khomri. Le tour de passe-passe gouvernemental, qui a consisté à laisser croire à des reculs et à des réécritures, fut inopérant. Manuel Valls n’a rien modifié d’essentiel dans ce texte si outrancièrement régressif qu’il inquiète les plus jeunes d’entre nous, au point de les inciter à battre le pavé avec hargne et intelligence.
Nous vivons une période tellement inédite, cadenassée par de multiples crises –économique, morale, sociale, politique, de civilisation, etc.–, que nulle expérience du passé ne peut nous servir de point de référence, encore moins de modèle, pour nous prédire ce qu’il adviendra de cette loi inique qui menace l’équilibre même des derniers droits des salariés. Ce que nous pouvons affirmer, en revanche, c’est que le gouvernement se trouve en grande difficulté. Mais osons dire, aussi, que cela ne suffit pas. Maintenant, il convient de le mettre en échec. Le front du refus doit continuer de s’exprimer massivement pour obtenir le retrait de ce texte afin d’éviter que le monde qu’on veut nous imposer, déjà si présent, ne devienne l’alpha et l’oméga de nos avenirs communs. Les citoyens le peuvent, nous le pouvons. C’est à leur portée, à notre portée. Le 31 mars au soir, forçons le premier ministre à comprendre que les jeux ne sont pas faits – et même à comprendre tout le contraire.
 [EDITORIAL publié dans l'Humanité du 30 mars 2016.]

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