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imre kertész

Par Jmlire

imre kertész_ " L'incroyable cecité de la conscience humaine me bouleversera toujours. Ils parlent de déjeuner et de sieste et ne voient pas que le canapé où ils s'allongent est leur cercueil.

_ " Ecrire la Vérité ou ma vérité ? Ma vérité. Et si ce n'est pas la Vérité ? Alors écrire l'erreur, mais la mienne. "

- " En fin de compte, qu'est-ce que la liberté ? Diriger nos pas chancelants dans la nuit polaire vers une étoile que nous avons choisie tout en sachant pertinemment que nous ne l'atteindrons jamais. Mais pourquoi avons nous choisi une étoile ? Parce qu'il fait sombre, à l'évidence...

- Je sais ce qu'est la liberté : la liberté est ce qui n'existe pas. Soupir, idéé, absolu. Nous vivons dans le concret, nous aspirons à l'absolu et nous finissons dans le néant, parce que la mort est la rencontre terrifiante du concret et de l'absolu et qu'elle constitue pour le sujet une union ironique. Et la plus grande ironie est que le sujet n'en fait même pas l'expérience, parce que la mort n'est pas une expérience. "

_" Où ai-je lu cette excellente histoire du lord et de son majordome ? On demande à un jeune lord qui vit retiré pourquoi il ne prend pas part à la vie. Il est bouleversé par la question : qu'est-ce que la vie ? Eh bien, la société, les courses, les amis, se marier, fonder une famille, lui dit-on. Ah bon, répond alors le lord, si c'est ça la vie, mon majordome s'en charge pour moi. "

_ " L'artiste doit entamer son oeuvre dans le même état d'esprit qu'un criminel qui commet son forfait " ( citation de Degas )

" C'est la moitié de la question; l'autre, c'est que, de nos jours, les autorités traitent les bons artistes comme des criminels " Imre Kertész 1964

-" Je n'ai jamais pensé au fait que j'étais juif, sauf quand j'étais en danger. Et encore, ma judéité ne se manifestait pas dans ces cas là comme quelque chose d'intérieur , mais toujours comme une négativité, une limitation, une détermination exterieure - de même qu'on se définit comme nourriture vivante face à un requin dans l'océan ou à un tigre dans la jungle. Mais on ne peut pas se contenter d'être la nourriture des autres. je n'ai jamais pensé à la religion : je ne la comprends tout simplement pas, qu'il s'agisse par exemple de le religion juive ou du bouddhisme, de la religion des adorateurs du feu, des serviteurs de Kali ou encore de celle des mormons. Pourtant ma judéité m'a permis de vivre l'expérience universelle d'une existence humaine assujettie au totalitarisme. Donc si je suis juif, je dis que je suis négation, négation de tout orgueil humain, négation de toute sécurité, des nuits tranquilles, de la vie spirituelle paisible, du conformisme, du libre choix, de la fierté nationale - je suis la page noire du livre des triomphes qui ne laisse pas transparaître l'écriture, je suis une négation, non pas juive, mais une négation humaine universelle, un mané, theckel, pharès sur le mur de l'oppression totale "

_ Sans doute tiré d'un livre de Mary Mc Carthy :

Dieu : mais pour l'amour de Dieu ! Ce qui compte, ce n'est pas de savoir s'il existe ou non, c'est uniquement de savoir pourquoi nous croyons qu'il existe ou non.

_ Tout ce que le public salue avec joie comme les signes distinctifs d'un écrivain - ses tournures, les méandres de sa pensée, ses épithètes caractéristiques, sa prégnance reconnaissable entre toues, la musique incomparable de son texte, et donc tout ce qu'on appelle " son style " - est pour l'écrivain un joug amer, un boulet dont il veut se libérer et qui le tire d'autant plus vers le bas.

_ Se préparer. Pour qu'elle ne nous atteigne pas comme un accident, comme un malfrat qui nous assommerait au coin de la rue. Beethoven : " Malheur à celui qui ne sait pas mourir "

Imre Kertesz : extraits de son "Journal de galère" Actes Sud, octobre 2010

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