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Critiques Séries : Tunnel. Saison 2. BILAN (France / UK).

Publié le 03 avril 2016 par Delromainzika @cabreakingnews

Tunnel - The Tunnel // Saison 2. 8 épisodes.
BILAN


Cette série, adaptée d’un format suédo-danois, avait délivrer une première saison tout à fait correcte mais pas nécessairement ultra originale non plus. C’était bien ficelé, dans l’adaptation pure et dure. Cette saison 2 nous offre quelque chose de légèrement différent tout en restant fidèle au concept de base. En renouvelant le modèle, Tunnel nous offre quelque chose de vraiment neuf notamment sur la réflexion sociale que la série tente de nous proposer. En effet, la série parle des migrants de Calais, du terrorisme international et même de trafic d’êtres humains. En somme, ce sont des sujets très modernes adaptés à notre époque que la série tente de mettre en scène au sein d’une série qui a su casser le modèle afin de faire quelque chose de véritablement original. Aidée par l’alchimie entre Clémence Poésy et Stephen Dillane, Tunnel parvient donc à sortir du lot, à prendre le téléspectateur de court. Bien entendu, Tunnel ne pouvait pas passer à côté de certains poncifs du genre, ne serait-ce que la violence ou encore le côté parfois un peu confus de l’histoire. Disons que l’on ne sait pas forcément tout de suite sur quel pied danser. En tout cas, à ceux qui pénètrent dans ce tunnel, il faut abandonner tout espoir de lumière. Plus encore que la saison précédente, ce thriller crépusculaire s’arrime à l’actualité avec une pertinence assez visionnaire.

Car finalement, Tunnel propose bien plus qu’une intrigue policière, c’est aussi une réflexion sur notre monde et ce qu’il est en advenu (et pourrait même en advenir). En créant une intrigue qui permet autant de réflexion, la série va beaucoup plus loin, sort de certaines conventions et parvient à créer sa propre identité. La première saison était très imprégné de la série originale alors que la saison 2 sent l’originalité, sent la nouveauté par rapport au concept de base qui reste présent mais qui se fait un peu plus absent. Cela me fait penser à la saison 2 de The Bridge, la version américaine de la série. C’était plus ou moins la même chose alors que la série s’était là aussi permise de parler de sujets forts et actuels (notamment sur la frontière américano-mexicaine). Hantée par un pessimisme incurable, cette affaire est tout aussi éprouvante que celle de la première saison dans le fond, mais elle est traitée avec une vision légèrement différente, un peu plus soignée aussi. Dans un monde en plein chaos (c’est ce que cherche à mettre en scène Tunnel finalement), on redécouvre les personnages et la définition même de leurs relations. Car au delà de la relation héroïque (celle de notre duo de flics), il y a beaucoup plus qui laisse imaginer une suite des plus pertinente si jamais Canal + et Sky Atlantic veulent donner une nouvelle saison à cette série.

Il n’y a pas vraiment de répit au travers de ces 8 épisodes, menés avec une narration qui colle parfaitement à l’image que l’on peut avoir d’un thriller tirant sur le polar assez souvent. La série appuie alors sur son genre, sans discontinuer et en appuyant sur des sujets sensibles : pervers ultraviolets, jeunesse sacrifiée, résurgence des droites les plus extrêmes, traumatismes en tout genre, etc. Dans un sens, Tunnel est frappante et oppressante mais dans le bon sens du terme dans le sens où cela devient très rapidement addictif. En donner là aussi plus de pertinence au développement personnel des personnages, on en apprend plus sur Elise (et elle aura même droit à une scène de sexe dans l’avant dernier épisode) sans laisser pour autant Karl de côté. Les deux déroulent leur relation également, que Tunnel n’avait pas forcément su mettre en scène de façon brillante dans la première saison. En proposant quelque chose de différent avec une identité propre, Tunnel est peut-être en train de devenir la bonne série qu’elle aurait dû être depuis le départ. Du coup, de son pessimisme presque métaphysique, la série finit par arracher une lueur d’optimisme à la fin, rythmée dans les dernières secondaires par quelque chose de plus poétique.

Ce n’était pas donné à tout le monde de parvenir à faire une série aussi proche des réalités. Avec deux épisodes de moins par rapport à la saison précédente, Tunnel peut afficher une narration plus nerveuse mais tout aussi maîtrisée. On en redemande de cette intensité tragique qui sied à merveille aux polars de ce genre là. L’ambition derrière Tunnel se ressent tout au long de cette saison 2 alors que durant la première saison j’avais été un poil déçu du résultat par moment.

Note : 7.5/10. En bref, en plus d’avoir une affaire assez forte et riche, la série se prend au jeu en parlant de sujets très actuels.


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