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Inspirations lectures

Par Camillebook @carnetsdecam

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Qu’il fait bon vivre à Paris quand le printemps se décide à pointer le bout de son nez ! Cela me donne comme des envies de lire dans l’herbe, à l’ombre des arbres fleuris, ou de gambader gaiment en grignotant mes derniers chocolats de Pâques. Aujourd’hui donc, je vous parle de lecture, avec trois livres dont je voulais vous parler depuis longtemps. 

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En premier, Je suis un chat de Natsume Soseki : j’avais acheté ce roman du temps où je faisais mon mémoire sur le roman japonais, sans jamais avoir eu le temps ni le courage de me plonger dans ses pages à l’écriture fine et serrée. C’est chose faite à présent, et je n’ai pas regretté cette immersion dans un univers déconcertant, à la fois cynique et léger, poétique et trivial. Le regard du chat sur le monde qui l’entoure est imprégné d’arrogance naïve, tandis que son maître, double de papier de l’auteur, tantôt parade inutilement auprès de ses disciples, tantôt se lamente sur sa laideur physique et ses ulcères. Un sacré phénomène que ce chat de Sotseki, imprudent, gourmand, peureux, et somme toute bien attachant. Au fil d’historiettes (qui rappellent la publication originale au Japon sous forme de feuilleton dans une revue littéraire de 1905 à 1906), Soseki croque une société japonaise en pleine mutation financière et politique, à travers une galerie de personnages tous plus cocasses les uns que les autres. Le chat de Soseki, de par son étrange humanité, sert à son auteur de pote-parole faussement innocent ; la fin qui lui est réservée n’est pas des plus heureuses, mais le récit, drôle et savoureux, n’en vaut pas moins le détour.

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À savoir : le livre a été adapté en manga par Taniguchi Jirô et Sekikawa Natsuo. Je ne l’ai pas encore lu mais cela ne saurait tarder

:)

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En deuxième, Sarinagara de Philippe Forest : l’auteur, à travers le prisme de trois vies autres, fait le bilan de sa propre existence et tente de comprendre les mécanismes du deuil. À mi-chemin entre auto et biographie, ce roman triste est un long poème construit autour du thème de la perte et de la mort : l’auteur explique d’abord comment, suite à la mort de leur fille, lui et sa femme sont partis au Japon, en quête d’ailleurs, d’oubli dans un néant lointain et étranger, où l’on ne leur demanderait rien de plus que cela, être des étrangers. Tout commence par un rêve d’enfance de l’auteur, un rêve à la couleur jaune indéfinissable, celle des vieilles photos peut-être, ou bien celle du soleil couchant sur les montagnes autour de Kyoto. La première histoire commence, celle de Kobayashi Issa, poète ivrogne, vieillard lubrique et père malheureux, puis l’on poursuit avec Natsume Soseki, lui aussi père d’une fillette qui meurt soudainement, et qui, face à cette disparition inexplicable, semble ne plus savoir être qu’une parodie de lui-même. Enfin le destin de Yamahate Yosuke, premier photographe des ruines à Nagasaki après la bombe atomique. Tous viennent d’époques différentes, mais leur destin suit un même fil, tragique, irrévocablement humain : celui du désarroi face au deuil, ou plus précisément celui causé par le constat que la vie doit continuer pour ceux qui demeurent. Mais quelle vie, et surtout, en quels termes ? Un roman très fort et sensible, parfois un peu hermétique (surtout au début), mais incroyablement bien écrit. Les passages sur Yamahata Yoshuke et ses photos du Nagasaki post-bombe m’ont particulièrement bouleversée ; la description des photos, de la réalité horrible et pourtant froide dont elles sont l’empreinte matérielle, est très frappante.

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Pour finir, Kwaidan de Lacfadio Hearn : cet auteur irlandais, premier étranger à occuper la chaire d’anglais à l’université de Tokyo, s’était pris de passion pour le folklore japonais, et recueille, dans Kwaidan, toutes sortes de contes étranges ou effrayants issus des quatre coins du Japon. De l’histoire de Mimi nashi Hoichi (Hoichi-sans-oreille) à celle d’Aoyagi (prénom qui signifie « saule bleu ») en passant par la célèbre Yuki-Onna, femme des neiges, ce sont mille et une légendes qui nous sont transmises par le ton léger de l’auteur, parfois de manière trop peu approfondie à mon goût, mais sans que rien du charme originel de ces contes n’en soit ôté. Pour les amateurs du genre, je recommande Les Contes de pluie et de lune d’Ueda Akinari.

Pour ceux qui ont bien suivi, une petite question : quel est (ou plutôt qui est) le fil conducteur de l’article ? Réponse…

Natsume Soseki, eh oui ! On m’a vivement conseillé de lire son roman Kokoro (pompeusement traduit « Le pauvre coeur d’un homme » en français), il est sur ma « To read » list.

Et pour finir, un petit haïku tiré de Sarinagara :

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En attendant la prochaine chronique lecture, je vous souhaite une belle semaine ! Mata ne

:)



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