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L'envers du laboratoire de Ségolène Royal

Publié le 07 avril 2016 par Blanchemanche
#SégolèneRoyal #PoitouCharentes
07/04/2016
Ségolène Royal, ancienne présidente de région, refuse pour le moment de s'expliquer. - Ségolène Royal, ancienne présidente de région, refuse pour le moment de s'expliquer. - (Photo d'archives Patrick Lavaud)
Ségolène Royal, ancienne présidente de région, refuse pour le moment de s'expliquer. - (Photo d'archives Patrick Lavaud)Après la révélation des dérives financières de l’ex-Région Poitou-Charentes, les conclusions d’un audit seront présentées aujourd’hui. Explosif. Pendant dix ans, de 2004 à 2014, la Région Poitou-Charentes a été à la fois son laboratoire et sa carte de visite. C'est là que Ségolène Royal expérimentait des politiques publiques dont le succès et l'originalité devaient lui permettre d'accéder à la présidence de la République en 2007 et en 2012.Depuis un mois et demi, les Picto-Charentais qui lui ont toujours renouvelé leur confiance découvrent le bilan régional de la ministre de l'Écologie sous un nouveau jour. La fédération du bâtiment de la Vienne a été la première à s'alarmer des impayés en février. Élu à la présidence de la nouvelle région Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes, le socialiste Alain Rousset a rapidement dénoncé à son tour les « dérives financières » de l'ex-Région : 1.483 factures impayées à solder pour un montant total de 132 millions d'euros (soit 20 % de son budget annuel) ainsi qu'une centaine de millions d'euros d'emprunts potentiellement toxiques (dont plusieurs prêts classés F6 que les banques ne sont plus autorisées à commercialiser depuis l'adoption de la charte Gissler)." Les yeux plus gros que le ventre "Selon lui, la collectivité « manifestait beaucoup de volontarisme et avait sans doute les yeux plus gros que le ventre par rapport aux capacités de financement ». Prise de court par des engagements financiers qu'elle n'était plus en mesure de tenir, elle avait cessé ses versements dès l'été dernier, précise l'entourage du président.
Mais le problème est à la fois plus profond et plus ancien. Depuis plusieurs années, la Région bouclait son budget en reportant une partie de ses dépenses sur l'année suivante. Une méthode qui s'apparente à de la cavalerie budgétaire déjà condamnée dans un rapport de la chambre régionale des comptes portant sur la période 2005-2010.
A l'époque, les sages s'inquiétaient également du niveau de risque des emprunts. Si les produits potentiellement toxiques restent maîtrisés, la situation de la dette s'est dégradée depuis puisque la capacité de désendettement (c'est-à-dire le délai nécessaire pour se délier de ses créances) a doublé entre 2014 et 2015, passant de sept à quatorze ans sous l'effet aggravant de la baisse de l'épargne brute. Et même à vingt ans en ajoutant les 365 millions d'euros des crédits-bails contractés pour la mise en service de nouvelles rames TER qui n'apparaissent pas dans l'état de la dette.
Président de mai 2014 à décembre 2015, Jean-François Macaire a fini par reconnaître le problème en expliquant avoir « manqué de curiosité ». Plus récemment, un conseiller régional de la majorité a même demandé à Ségolène Royal de s'expliquer. C'est cette situation qu'Alain Rousset qualifie de « bulle financière » en estimant qu'elle « risquait d'amener le conseil régional de Poitou-Charentes en cessation de paiement ». Comment est-on arrivé là ? C'est à la fois le résultat d'une politique très volontariste alors que les investissements réalisés dans l'économie verte, notamment pour le développement des véhicules électriques, se sont souvent soldés par des échecs. Mais aussi la conséquence d'un choix politique fort, fait en 2007 quand Ségolène Royal a refusé de prélever la part régionale de la taxe sur les produits pétroliers pour « soutenir le pouvoir d'achats des familles », se privant de 48 millions d'euros par an.
En attendant le rapport de la chambre régionale des comptes annoncé pour la fin de l'année, le nouveau patron de la Région a commandé un audit au cabinet Ernst & Young pour aider ses services à y voir plus clair et préparer le débat d'orientations budgétaires. Ses conclusions qui seront présentées à la commission des finances du conseil régional, aujourd'hui, à Bordeaux, sont très attendues. Elles pourraient en effet remettre en cause la sincérité des comptes. Rien de moins.
en savoir plusLes Ségolénistes dénoncent un " règlement de comptes ", la ministre de l'Écologie se taitUne déclaration indignée et puis plus rien. Après la révélation des « dérives financières » de son ex-Région, Ségolène Royal s'est exprimée dans les couloirs de France 3, en marge du JT dont elle était l'invitée à Paris, le 28 février, pour demander « du respect pour le travail qui a été fait » et évoquer un « règlement de comptes ». L'occasion aussi, après avoir laissé entendre le contraire, de préciser qu'elle ne porterait pas plainte en diffamation contre Alain Rousset. Depuis, la ministre de l'Écologie refuse de s'exprimer sur le sujet. Même pressée par le premier fédéral du PS de la Vienne de rendre des comptes. Elle a notamment décliné nos nombreuses demandes d'interviews formulées par téléphone et par écrit depuis février et jusqu'à ces derniers jours. Les Ségolénistes sont toutefois montés au créneau pour elle, la semaine dernière. Trois anciens vice-présidents – Yves Debien, maire de Melle (Deux-Sèvres), Georges Stupar, conseiller municipal de Poitiers (Vienne), et Maryline Simoné, réélue conseillère régionale en Charente-Maritime –, ont signé un long communiqué pour dire « stop à la campagne de démolition ». Pour eux, pas de doute, il s'agit d'une « entreprise volontaire de déstabilisation » orchestrée par le nouveau président d'Aquitaine - Limousin - Poitou-Charentes, pour régler ses comptes avec Ségolène Royal tout en justifiant la suppression des dispositifs qu'elle a mis en place et la hausse des impôts. « Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage », estime Maryline Simoné qui voit dans l'opération de transparence une manœuvre de« politique politicienne » en estimant que « Ségolène Royal a toujours été la cible idéale ». Des accusations balayées par Alain Rousset. « Je fais mon boulot », assure le patron de la Région qui tient, dit-il à sa « réputation de rigueur ».Baptiste Bizehttp://www.lanouvellerepublique.fr/France-Monde/Actualite/Politique/n/Contenus/Articles/2016/04/07/L-envers-du-laboratoire-de-Segolene-Royal-2677536

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