Magazine Culture

Quais du polar 2016 : encore deux beaux spécimen du polar français

Par Filou49 @blog_bazart
08 avril 2016

Hier après midi j'avais titré dans mon article  consacré aux polars  : "Quais du Polar 2016 suite et ( presque) fin..." et la presque fin, elle arrive ce vendredi matin avec un dernier zoom sur deux auteurs invités de longue date du festival, deux auteurs français reconnus pour leurs polars documentés et qui aiment bien tourner le couteau dans les milieux peu reluisants de la société française, à savoir, Jérome Leroy et Dominique Manotti, deux valeurs sures du polar frenchie qui sont publiés chez Gallimard dans la mythique série Noire :

 1.Jérôme Leroy; L’ange gardien- Folio

ange gardien
Résumé du livre :

 «On veut tuer Berthet. C’est une assez mauvaise idée.» Agent de l’Unité, une police parallèle devenue au fil du temps un véritable état dans l’État, Berthet est désormais une cible. Il sait trop de choses, depuis trop longtemps. Berthet ne veut pas mourir, il doit raconter son histoire à Martin Joubert, poète et auteur de polars. Il doit aussi continuer à veiller sur Kardiatou Diop, jeune, belle, noire et ministre.

 La citation :

  Tout responsable du service d’ordre du Bloc que vous soyez, Stanko, je suis dix fois meilleur que vous, même avec vingt-cinq ans de plus. Je sais que vous avez tué des gens, de manière parfois atroce mais vous ne savez pas à quel point cela m’impressionne peu, à quel point j’ai fait pire. Ce n’est pas pour me vanter, c’est pour que vous compreniez le rapport de force entre nous. En plus, je ne vais pas vous demander de trahir le Bloc Patriotique ni Agnès Dorgelles. »

photo_j_leroy_cop_c_helie_gallimard_1

 Notre avis :

 Écrivain, auteur d’une vingtaine de livres dont Monnaie Bleue (La Table Ronde), Jérôme Leroy a surtout épaté son monde en 2012 avec le Bloc, qui a reçu le prix Michel Lebrun en 2012, est son premier roman en Série Noire,  dont j’avais dit tout le bien dont je pensais il ya deux ans.

Relevant haut la main son pari ambitieux et audacieux, celui de nous livrer un roman de politique fiction en dénonçant les dérives de l'extrême droite si celle ci arrive au pouvoir, Jérôme Leroy avait marqué les esprits et c’est tout naturellement que je me suis plongé dans l’ange gardien, son dernier polar en date qui a récolté le prix quai du polar 20 minutes ( celui auquel j’avais participé en 2011) l’an passé.

"L'ange gardien", c'est Berthet, le héros du livre. Barbouze des services secrets, il roule désormais à son compte et entend défendre Kardiatou, ministre noire en danger. Pour la protéger, ce tueur au cœur tendre n'épargnera personne.

Bref comme dans le Bloc on est encore dans le polar politique fiction avec ses qualités, et aussi quelques défauts … On est bien dans le polar paranoïaque où les complots et les réseaux en marge de notre société  sont légions, et si les rouages de ’intrigue sont  parfois un peu complexe , on aime la façon dont Leroy nous renvoie un miroir pas si déformé que cela de notre époque et de notre société et surtout de notre monde politique, dont les similitudes avec l’actu récente est assez marquante.

 Le style est souvent enlevé et dégage même parfois une dose de poésie « Un agent de l'Unité est un fantôme qui travaille pour des fantômes.» et puis on aime la belle histoire d'amour qui apporte aussi un contrepoids plutôt bienvenue à un cocktail qui pourrait s’avérer indigeste.

2. Or Noir; Dominique Manotti- Série Noire

or noir

Résumé : 

Marseille, 1973. Le commissaire Daquin, vingt-sept ans à peine, prend son premier poste au commissariat de l’Évêché, et découvre une ville ensanglantée par les règlements de compte qui accompagnent la liquidation de la French Connexion, des services de police en guerre larvée les uns contre les autres, et la prolifération de réseaux semi-clandestins comme le SAC ou la franc-maçonnerie.
Il enquête sur l’assassinat d’un ancien caïd de la drogue et de son associé, un vétéran des services secrets, tous les deux reconvertis dans les affaires ; assiste à la naissance mouvementée d’un nouveau marché des produits pétroliers, à l’ascension fulgurante des traders assoiffés d'argent frais qui le mettent en œuvre ; et constate que les requins les plus dangereux ne sont pas ceux que l’on croit...

 Citation :

"Grimbert a vite fait le point. Fos, probablement une fausse piste pour m’envoyer voir ailleurs. Mais Pieri disait, dans la conclusion de l’article : « le pétrole, l’avenir, une autre histoire ». Cela mérite quand même une vérification rapide. Michelozzi prétend ne pas s’intéresser à la Somar, mais il est parfaitement au courant des contrôles fiscaux de l’entreprise. Ça, c’est une vraie information, parce qu’à son poste, aux Impôts, il est une plaque tournante de toutes les magouilles financières à Marseille".

 Notre avis  :

Jusque à présent je n’avais pas eu l’occasion d’ouvrir un polar  de Dominique Manotti, pourtant une grande spécialiste du genre, reconnue pour sa capacité   à  mettre en lumière de façon documentée et claire des événements méconnus et souvent complexes  liés  généralement aux  réseaux souvent opaques de l’économie, de la finance et de la politique,

 C’est encore le cas pour cet "or noir", son dernier roman à ce jour paru chez série noir aussi  dont l’intrigue se  déroule au printemps 1973, à quelques mois du premier grand choc pétrolier.

Des industriels sont assassinés dont les crimes sont reliés à une entreprise maritime étroitement liée aux réseaux mafieux. Le commissaire Daquin est le seul à penser qu’il ne s’agit pas d’un simple règlement de compte mais comment le prouver ?

 Fidèle à une écriture pointue documentée, assez  minimaliste, Manotti nous entraine dans une  intrigue policière  qui nous amène de Nice à  Marseille, entre mafia et OPEP, bénéficie d’une écriture remarquable, sèche, sans fioriture, qui parvient à  nous rendre intelligibles, des mécanismes complexes,  sans jamais sacrifier le sens du récit et de la tension…

Un excellent roman qui nous prouve que contrairement à ce qu’on peut parfois entendre, il y a d’excellents auteurs de polars français qui se conjuguent au féminin, celles-ci ne se réservant pas uniquement pour le genre du thriller, auquel on a parfois tendance à les cantonner


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Filou49 15144 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines