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Un trou noir supermassif record présent là où l’on ne l’attendait pas du tout

Publié le 14 avril 2016 par Pyxmalion @pyxmalion

Un des trous noirs les plus massifs connus a été découvert là où l’on ne l’attendait pas du tout : au centre d’une galaxie elliptique qui règne sur un modeste groupe de galaxies. Les astronomes avaient l’habitude de les rencontrer dans des galaxies très massives au milieu des mêlées de superamas. Les raisons de sa présence dans cet « endroit perdu », loin des grandes agglomérations galactiques, ne sont pas encore très claires.

Les astronomes ont pris l’habitude de recueillir des preuves indirectes de la présence de trous noirs monstrueux, appelés trous noirs supermassifs, au centre des galaxies. La Voie lactée n’échappe pas à la règle avec Sagittarius A*, situé en son sein à quelque 26.000 années-lumière de la Terre, en direction de la constellation du Sagittaire. Cependant, avec une masse estimée à 4 millions de fois celle du Soleil, il fait figure de sage – quelques encas de temps en temps – en comparaison avec certains de ses pairs. Dans notre grande voisine, la galaxie d’Andromède, avec qui la Voie lactée flirte avant d’entrer en collision avec elle dans quelques milliards d’années, celui qu’elle cache en son cœur est un petit monstre d’environ 200 millions de masses solaires. Toutes deux, rappelons-le, dominent un modeste troupeau d’une quarantaine de galaxies.

Au fils des observations, les chercheurs se sont rendu compte que plus le troupeau – ou amas – est massif et peuplé, plus il y a de chances de débusquer de véritables monstres : les trous noirs hypermassifs de plus de 10 milliards de masses solaires. L’actuel record est détenu par celui tapi au centre de la galaxie elliptique supergéante NGC 4889 qui règne sur plus de 1.000 galaxies liées gravitationnellement dans l’amas de la Chevelure de Bérénice (Coma) : 21 milliards de masses solaires. Ce n’est pas très loin d’ici, seulement 300 millions d’années-lumière.

Un gratte-ciel au centre d’une petite ville

Plus près encore – à l’échelle cosmique -, à 209 millions d’années-lumière, une équipe dirigée par Jens Thomas de l’Institut Max Planck pour la physique extraterrestre a présenté dans la revue Nature du 6 avril, un spécimen rare de trou noir hypermassif de 17 milliards de masses solaires. Un « spécimen rare » car il a été vu là où on ne l’attendait pas.

Ce fut une vraie surprise. « Le nouveau trou noir géant découvert réside au centre d’une galaxie elliptique massive, NGC 1600, située dans un coin perdu [en direction de la constellation de l’Éridan, NDLR] regroupant une vingtaine de galaxies » résume Chung-Pei Ma, de l’université de Berkeley. Les chercheurs utilisent volontiers l’image d’un gratte-ciel très haut qu’on trouverait non pas au centre d’une grande amélioration urbaine comme New York, mais dans une petite ville de province. « Nous estimons que ces petits groupes sont environ 50 fois plus abondants que les spectaculaires amas de galaxies comme celui de la Chevelure de Bérénice, continue la directrice de MASSIVE, un sondage des galaxies (et des trous noirs) les plus massifs de l’Univers local. La question est donc maintenant : est-ce la pointe émergée de l’iceberg ? » Combien sont-ils en réalité ?

Autre surprise : le trou noir est 10 fois plus massif que prévu pour une galaxie de cette catégorie. En effet, les recherches de ces dernières années tendaient à démontrer une solide corrélation entre la masse du renflement central (le bulbe galactique) et le trou noir qu’elle abrite. Or, NGC 1600 présente un bulbe assez clairsemé. On dirait que ça ne fonctionne pas bien dans le cas de ces trous noirs titanesques. Le rapport est différent.

Un géant endormi

Pour expliquer la présence de ce monstre dans cette petite collection de galaxies, les chercheurs avancent l’hypothèse qu’il serait né de la fusion avec un de ses congénères, à une époque où les interactions entre galaxies étaient plus fréquentes. Avant leur danse finale, les deux trous noirs auraient communiqué l’élan suffisant à un grand nombre d’étoiles pour qu’elles prennent la fuite. Le gargantua a pu très bien aussi multiplier les festins avec ses voisines, se gavant de leur gaz arraché au fil des rencontres. C’est peut-être pour cela qu’elles se font rares. « Pour devenir aussi massif, le trou noir a dû avoir une phase très vorace durant laquelle, il a dévoré beaucoup de gaz » remarque la coauteure.


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