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The Path (2016): une lumière peu éclairante

Publié le 17 avril 2016 par Jfcd @enseriestv

The Path est une nouvelle série de dix épisodes diffusée depuis la fin mars sur les ondes de Hulu aux États-Unis et Showcase au Canada. L’action se déroule dans le New Hampshire au sein d’une petite communauté, adepte du mouvement « meyeriste », une secte qui offre l’espoir d’un avenir meilleur. D’un côté, nous avons le représentant non officiel de cette branche de la Côte Est américaine, Cal Roberts (Hugh Dancy) qui tente de promouvoir davantage le mouvement et de l’autre, il y a Eddie Lane (Aaron Paul) qui après avoir été atteint d’une espèce d’épiphanie remet en doute sa foi, au grand détriment de son épouse Sarah (Michelle Monaghan). Série très attendue de l’émérite producteur exécutif Jason Katims (Friday Night Lights), The Path a de quoi refroidir nos ardeurs. C’est que le concept principal, le mouvement meyeriste, reste délibérément flou si bien qu’on est rapidement en manque de repères, quitte à s’appuyer sur des clichés. Reste des personnages intéressants, la plupart aux passés troubles, mais on doute qu’au final ils viennent peser positivement dans la balance.

The Path (2016): une lumière peu éclairante

La secte : tous les clichés qui vont avec et rien de plus

La série s’ouvre avec le chaos alors qu’un ouragan a laissé plusieurs victimes sans toit que les meyeristes ont tôt fait de secourir. Évidemment, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre et on les convainc rapidement d’adhérer au mouvement, en ne leur vantant que du positif puisqu’ils forment un groupe uni et ont pour mission d’aider leur prochain sans rien attendre en retour… Pourtant, après seulement quelques minutes on est à même de déceler des failles dans ce beau discours, à commencer par son leader Cal qui veut certes, venir en aide à tous ces gens, mais qui n’est pas insensible aux charmes des nouvelles recrues, ni même de ceux de Sarah. Cette dernière qui est affiliée depuis sa naissance au mouvement « grâce » à son père éprouve quelques problèmes de couple. Eddie qui revient d’une formation au Pérou n’est plus tout à fait certain d’adhérer au mouvement et entre en contact avec Alison (Sarah Jones), l’une des rares à avoir osé quitter le mouvement après que son mari se soit suicidé. Sur ces entrefaites, leur fils aîné, Hawk (Kyle Allen), attend avec impatience son anniversaire; 16 ans étant « l’âge légal » pour devenir meyeriste. Mais lui aussi subit quelques tentations de l’extérieur, notamment venant d’Ashley (Amy Forsyth), une camarade de classe.

À la mi-janvier 2016, USA Network lançait Colony, une nouvelle série originale dans laquelle la ville de Los Angeles avait dans un futur rapproché été emmurée par un envahisseur qui nous était inconnu. La prémisse était en effet originale, mais le problème est qu’on ne nous disait rien sur la nature de ces mystérieux occupants. Ceux-ci auraient pu être Canadiens, Chinois ou même extra-terrestres : selon le point de vue de la production, l’objectif était de nous montrer le quotidien d’une famille sous occupation, peu importe la nature de celle-ci. Du coup, on avait de la difficulté à s’investir totalement et à saisir l’ampleur des enjeux en raison de cet ennemi invisible.

The Path (2016): une lumière peu éclairante

The Path a emprunté ce même sentier déroutant, c’est-à-dire que l’on demande aux téléspectateurs de regarder la série tout en gardant en tête les clichés associés aux sectes. Par exemple: derrière un bonheur et un sentiment de liberté apparents, il doit évidemment y avoir anguille sous roche, les hauts placés du mouvement agissent davantage à titre de dictateurs, veillant sur leurs intérêts personnels qu’en tant que chefs spirituels désintéressés et les adeptes sont nécessairement des êtres fragiles qui traversant une mauvaise passe vont inévitablement avoir droit à un lavage de cerveau, etc.

Cette formule bancale s’amorce avec le personnage d’Eddie qui songe à quitter le mouvement, non parce qu’il aurait été témoin d’actes répréhensibles de la part de ses collègues, mais en raison d’une simple vision qu’il aurait eue… Puis, dans l’épisode suivant Cal demande à deux de ses juniors d’aller dans un parc et de recruter de nouveaux membres : on les voit se présenter à une jeune femme, lui dire d’où ils viennent et dès qu’ils s’apprêtent à parler des vertus du meyerisme, on passe à la scène suivante! C’est justement les informations qui suivaient qui auraient intéressé le téléspectateur pour comprendre de quoi il en retourne. Plus tard, Eddie semble vouloir rentrer dans le droit chemin et accepte une retraite de 14 jours. Que se passe-t-il durant ce laps de temps? On l’ignore, si ce n’est qu’on a droit à un montage le voyant dans une petite cellule avec un guide qui semble vouloir le faire sortir de ses gonds, mais on n’en sait pas davantage. Enfin, Cal convainc ses pairs de promouvoir le mouvement dans une entrevue accordée pour la télévision. En ondes, il nous livre un message très général d’amour et de compassion devant durer trois minutes tout au plus et la journaliste qui devrait pourtant avoir un certain sens critique de dire émerveillée : « sign me in »…

Quand on y va avec des explications un peu plus techniques, ça reste tout aussi flou :  on nous parle d’échelle à gravir, de cadres de barres et de niveaux (6R, 8R) et leur être suprême est la lumière et l’ennemi la noirceur… quant à leur valeur principale, c’est la famille. Résultat, on n’a absolument rien d’original à se mettre sous la dent et jusqu’ici, on n’a aucune raison de croire que la production cherchera à clarifier ces concepts.

The Path (2016): une lumière peu éclairante

Des secrets tout de même à découvrir

Une des raisons expliquant l’engouement initial autour de The Path est sa brochette d’acteurs appréciés du public, notamment le retour d’Aaron Paul à la télévision dans un rôle principal après son interprétation marquante dans Breaking Bad. Dans la nouveauté de Hulu, on sait qu’Eddie a grandi pratiquement seul après que son frère se soit pendu. Ses problèmes semblent s’être réglés lorsqu’il a rejoint les meyeristes, mais pour le moment, c’est le seul qui manifeste un certain désir d’affranchissement, contrairement à sa femme Sarah, aussi intéressante qu’une plante verte. Quant à leur fils, il conçoit le mouvement davantage comme une échappatoire qu’un mode de vie. Reste à savoir comment sa relation avec Ashley  va évoluer, elle qui semble plus maligne qu’elle n’en a l’air. À l’autre bout du spectre, on en apprend davantage sur Cal à l’épisode #3 lorsqu’il visite sa mère alcoolique qui vit comme un animal. Lui aussi atteint de cette même dépendance jadis, l’intrigue est intéressante, mais elle ne parvient pas à nous émouvoir pour autant et en règle général, ce manque d’émotions ressenties par le téléspectateur pourrait s’appliquer à l’entièreté de la série.

Hulu, qui joue dans les mêmes platebandes que Netflix et Amazon pourrait bien devenir un joueur intéressant dans la course aux fictions de qualité. Pour le moment, elle nous montre qu’elle peut s’attaquer à plusieurs genres : Casual pour la comédie et 11.22.63 pour le drame/science-fiction, mais on doute que The Path laisse une empreinte aussi forte que les précédentes sur les téléspectateurs. Comme pour ses acolytes, on ne peut compiler les cotes d’écoute en mode traditionnel alors on n’aura l’heure juste que si la plateforme renouvelle pour une seconde saison sa récente création.


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