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[Critique] EDDIE THE EAGLE

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] EDDIE THE EAGLE

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Titre original : Eddie The Eagle

Note:

★
★
★
★
½

Origine : Grande-Bretagne/Allemagne/États-Unis
Réalisateur : Dexter Fletcher
Distribution : Taron Egerton, Hugh Jackman, Iris Berben, Keith Allen, Jim Broadbent, Tim McInnerny, Christopher Walken…
Genre : Comédie/Drame/Biopic/Adaptation
Date de sortie : 4 mai 2016

Le Pitch :
Eddie Edwards ne rêve que d’une chose depuis qu’il est tout petit : participer aux Jeux Olympiques. Malgré des capacités un peu limitées et les railleries de son entourage qui cherche à le décourager, Eddie n’a jamais laissé tomber. C’est ainsi armé de sa volonté de fer qu’il décide un jour de s’essayer au saut à ski. Un sport dangereux qu’il pratique sans la moindre connaissance ni compétence particulières. Jusqu’au jour où ses efforts et son attitude à n’en pas douter atypique finissent par attirer l’attention d’un ancien champion qui, peu à peu, va l’accompagner dans sa quête insensée. Histoire vraie…

La Critique :
Il y a dans l’histoire d’Eddie Edwards quelque chose de profondément universel. D’universel et de très cinématographique. De tout temps, ce genre de personnage a nourri le septième-art. Soit au travers de fiction inspirée de la « vraie vie » comme avec Rocky (qui fut inspiré à Sylvester Stallone par le match de boxe opposant le challenger Chuck Wepner au champion Mohamed Ali), soit par le biais d’illustrations plus ou moins fidèles de trajectoires extraordinaires. Les exemples sont nombreux et donnent parfois lieu à d’excellents films, qui de par la nature de leurs personnages, mettent en exergue des valeurs puissantes et exaltantes, sur lesquelles les années n’ont pas de prise.
Et si les récits de la vie de personnalités célèbres, évoluant dans le monde de la musique ou du sport, remplissent parfois parfaitement leur office dans cette direction, ceux qui mettent en lumière des figures moins célèbres s’avèrent bien souvent encore plus galvanisantes, pour la simple et bonne raison qu’elles restent connectées à un certain réalisme plus que palpable par le commun des mortels.
À titre d’exemple, il est évident qu’un métrage comme Ray va aller déclencher chez le spectateur des émotions inhérentes au courage de Richards qui, malgré les innombrables obstacles qui ont jalonné son parcours, a réussi à se hisser au sommet de l’industrie musicale. Pour autant, des vies comme la sienne, l’Histoire en compte finalement très peu. Quand on parle d’un anonyme, où de quelqu’un qui a brillé le temps d’un exploit plus modeste, c’est différent. On peut s’identifier plus facilement à ses aspirations. On peut se sentir encore plus concerné par ses rêves, ses déceptions et ses joies, tout en trouvant des similitudes par rapport à nos propres ressentis et aspirations. Et c’est précisément ce qu’Eddie The Eagle parvient à accomplir.

Eddie-the-eagle-Taron-Egerton

Taron Egerton est un acteur formidable. Certes, sa carrière ne fait que commencer, mais franchement, comment ne pas être en admiration devant l’étonnante composition qu’il livre ici, après avoir brillé -notamment- dans Kingsman et dans Legend, dans des registres radicalement opposés ? D’une maturité incroyable, il prend le risque d’y aller à fond. Au début, sa démarche a de quoi déconcerter. En fait-il des tonnes ? La réponse apparaît rapidement avec une évidence indéniable. Non, bien sûr, car Eddie Edwards appelait cette petite touche de fantaisie, que le comédien parvient à conjuguer avec une émotion croissante, allant de pair avec l’évolution du personnage et son parcours de sportif parti de rien. D’une part très ressemblant au vrai Eddie Edwards, mais aussi dans une compréhension totale de ses objectifs et de sa condition d’outsider devant nager à contre-courant en permanence, Taron Egerton fait un boulot admirable. Si le film est aussi bon, c’est en grande partie grâce à lui, qui se fait le vecteur de toutes les thématiques, sans jamais vaciller ou céder à une quelconque forme de facilité comme tant d’autres avant lui. Surtout qu’en l’occurrence, le duo qu’il forme avec Hugh Jackman, qui est à l’opposé sur à peu près tout les plans dans un rôle inventé pour le film mais néanmoins primordial, fonctionne à plein régime.
Eddie The Eagle n’est certes pas un long-métrage très original. Mais cela n’a aucune importance. On parlait plus haut de Rocky et au fond, le film partage de nombreux points communs avec celui de John G. Avildsen. Il se rapproche aussi d’œuvres plus légères comme Rasta Rockett (dont les personnages ont participé aux mêmes J.O. qu’Eddie Edwards). Un peu entre les deux, il trace sa route, ne verse pas dans le mélo mais accepte l’émotion comme partie intégrante de son ADN, et sait aussi faire rire.

À bien des égards, Eddie The Eagle s’inscrit dans un registre très british. Un peu comme ces comédies si savoureuses qui contribuent au caractère si précieux d’un cinéma anglais parfaitement inscrit dans son époque. Avec une modestie et une simplicité qui ont trop souvent fait défaut à des long-métrages bourrés de prétentions qu’ils n’étaient pas en mesure d’honorer, le film de Dexter Fletcher met en avant une tonalité avec laquelle on se sent tout de suite à l’aise. Les repères sont à priori connus mais le traitement diffère quelque peu. Le personnage principal étant grandement responsable de ce petit aspect atypique et c’est une bonne chose car c’est le métrage dans son ensemble qui se retrouve joyeusement « contaminé », devenant du même coup très attachant. Soutenu par une photographie qui participe à une reconstitution des années 80 aussi modeste que convaincante, Eddie The Eagle jouit d’une écriture sans faille. Le scénario est ainsi calqué sur une structure classique mais sait utiliser à bon escient les éléments mis à sa disposition pour au final se poser comme un modèle du genre, qui parle avec sa propre voix. Sans oublier que lorsqu’il brode, c’est toujours pour servir le récit et non pour enfiler les clichés. Ici, les clichés et autres lieux communs sont détournés afin de faire avancer les choses, jusqu’au dénouement dont nous tairons la nature, tout en précisant qu’il s’avère parfaitement pertinent et ô combien propice à quelques larmichettes…

Dénué de la moindre parcelle de cynisme, Eddie The Eagle est un film noble. Un beau film un peu désuet mais dans le meilleur sens du terme. On s’attache à cet « aigle », à sa lutte, et il n’est pas interdit non plus de s’en inspirer pour en tirer quelque chose. Soutenu par une bande-originale parfaite, il atteint sa cible à force de sincérité et de générosité sans forcer le passage. Pas d’artifices roublards à l’horizon. Cette histoire est juste celle d’un homme qui a repoussé ses propres limites, en chaussant des skis pour ensuite se jeter dans le vide (au sens propre), au nom d’un désir de faire taire ceux qui ne lui ont jamais accordé la moindre espèce d’importance. Un homme dont on se souvient longtemps après la projection, à l’image de toutes celles et ceux que le cinéma a mis en lumière le temps de films qui à leur façon, nous ont rappelé, parfois au cœur de périodes troubles, à quel point la persévérance et l’espoir étaient primordiaux, y compris quand on évolue en dehors des sentiers battus. Telle est la morale de cet admirable et vrai feel good movie.

@ Gilles Rolland

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  Crédits photos : 20th Century Fox France


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