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Game of Silence (2016) : l’orgueil masculin

Publié le 03 mai 2016 par Jfcd @enseriestv

Game of Silence est une nouvelle série diffusée depuis la mi-avril sur les ondes de NBC aux États-Unis et Global au Canada. L’action se déroule au Texas, plus particulièrement du point de vue de Jackson Brooks (David Lyons), un brillant avocat qui est ramené malgré lui aux jours les plus sombres de son enfance alors que trois amis avec qui il a passé neuf mois en maison de correction durant son enfance font appel à ses services à la suite d’un drame. Ces retrouvailles éveillent évidemment de bien mauvais souvenirs et ceux-ci peinent à tracer la ligne entre leur désir de vengeance et obtenir justice. Adaptation de la série turque Suskunlar, elle-même basée sur un fait vécu, Game of Silence aborde un sujet délicat qu’elle dépeint avec un sensationnalisme exagéré, un peu comme The Familly plus tôt à l’hiver sur ABC.  Par contre, ce retour à une forme sérielle est bienvenu chez NBC dont les dernières productions faisaient preuve d’un manque total d’imagination. Dommage que le public soit si conservateur.

Game of Silence (2016) : l’orgueil masculin

Une culture du silence à l’extrême

Alors qu’ils avaient environ une dizaine d’années, Jackson, Gil (Michael Raymond-James), Shawn (Laenz Tate) et Boots (Derek Phillips) ont voulu porter secours à leur amie Jessie (Bre Blair) après avoir empêché sa mère alcoolique de prendre le volant. S’enfuyant avec la voiture, Jackson a heurté par inadvertance une femme, ce qui a valu aux quatre garçons un séjour en maison de correction. Entre tortures physique, psychologique et même sexuelle de la part des gardes et des autres délinquants, seul Jackson semble avoir été capable de refaire sa vie avec un boulot lucratif et une fiancée (Marina (Claire van der Boom) loin de sa ville natale. Cependant, tout change lorsque Boots qui est désormais déménageur tombe par hasard sur un ancien garde de prison. Il est inculpé après l’avoir asséné de coups à la tête et Gil et Shawn demandent à Jackson de lui venir en aide, ce qu’il accepte. Sur ces entrefaites, Boots est tué par un autre prisonnier. L’ancien garde de sécurité aussi meurt, mais pas des blessures infligées par le défunt et voilà que la détective Liz Winters (Diedre Henry) se met à suspecter le trio. Pendant que l’enquête se poursuit, les trois hommes décident de faire éclater la vérité, d’autant plus que le directeur du centre Roy Carroll (Conor O’Farrell), qui a étouffé toutes les horreurs commises à l’époque est désormais candidat aux élections du Congrès. L’idée est sensée, mais ce sont les moyens pour y arriver qui le sont moins…

On a vu ces dernières années des séries comme The Wrong Mans ou encore Mad Dogs dans lesquelles des hommes bien ordinaires se retrouvaient dans un incroyable bourbier à la suite d’un concours de circonstances rocambolesques. Aussi divertissantes fussent-elles, il s’agissait de comédies qui ne se prenaient pas au sérieux.

C’est un peu la même mise en situation que l’on retrouve avec Game of Silence sauf qu’ici, à la base, il s’agit d’un drame très personnel qui prend rapidement des proportions exagérées. Si on peut comprendre que Boots ait craqué en voyant son ancien tortionnaire, après trois épisodes on en vient définitivement à la conclusion que Jackson et ses acolytes auraient dû tout simplement demander l’aide de la police au lieu de se faire justice eux-mêmes puisque plus ils tentent de trouver la paix en eux,  plus ils s’enfoncent. C’est peut-être la culture texane qui est à blâmer parce que pour le plus grand malheur des protagonistes, tous ont à portée de main une arme et la majorité d’entre eux souffrent d’une santé mentale déficiente : un mélange explosif s’il en est un.

Game of Silence (2016) : l’orgueil masculin

C’est que l’on part du fait que Gil, le plus marqué d’entre eux ne veut à aucun prix révéler à qui que ce soit les sévices (sexuels, entre autres) dont il a été victime. La seule option dès lors est que les protagonistes mènent leur propre enquête,  ce qui implique entre autres des invasions de domicile et soutirer des aveux du dernier garde de sécurité en vie, presque une arme sur la tempe. Pour une raison que l’on ignore, ils filment la confession à l’aide d’une caméra vidéo (iPhone quelqu’un???) et pire, ils décident de donner la cassette à Gil, qui le soir même écoute en boucle les horreurs de son passé. Pour ne rien arranger, lui aussi à un fusil et retourne le lendemain seul (re-) confronter l’ancien garde…

Jackson, pourtant le plus sain de la bande n’est pas non plus en reste : dans un flashback, on apprend que lui aussi a éliminé un garde de sécurité plusieurs années après sa sortie du centre. De son côté, le problème est double puisqu’il a aussi été malmené par d’autres délinquants, lesquels sont maintenant revendeurs de drogues et eux aussi équipés en carabines et adeptes de fusillades, particulièrement le matin de Noël. Au moins, dans cette guerre sourde, tout le monde est à armes égales puisque Roy aussi trimbale 24 heures sur 24 un fusil dans son veston…   Bref, beaucoup de coups de feu tirés et pas un seul psychologue à l’horizon.

Game of Silence (2016) : l’orgueil masculin

Telle une prison turque

Le fait vécu ayant inspiré la série originale va comme suit : en 1997, trois enfants ont été condamnés par défaut à neuf ans de prison après qu’ils aient été pris à voler des baklavas dans la ville de Ganziantep. Étant donné la condamnation pour le moins extrême, on n’ose même pas imaginer les conditions de détentions de ces bambins. Avec Game of Silence, c’est différent tout simplement parce que l’action se déroule aux États-Unis. Oui, on imagine bien que les conditions de détention dans ce genre de centre n’ont pas été une partie de plaisir, mais disons qu’on est généreux avec la sauce dans les flashbacks : la passivité des gardiens lors des affrontements entre les jeunes détenus est effarante et c’est sans parler de la scène où l’on voit deux d’entre eux en cage en train de se battre alors que le personnel y va de paris sur le gagnant.

Dans cette ambiance à la Midnight Express ou à la Shankshaw Redemption, un seul sujet est sciemment éludé : les agressions sexuelles. Non que le téléspectateur ait besoin de détails graphiques, mais la violence sous toutes ses formes dans les séries américaines est tellement omniprésente qu’elle est banalisée, ce qui est le cas ici. Pourtant, un bleu ou une cicatrice disparaissent avec le temps, mais lorsqu’on vous dépouille de votre innocence, voire de votre enfance, c’est pour la vie. C’est justement en ce sens que Game of Silence peine à toucher notre corde sensible. C’est ce qui s’appelle passer à côté de son sujet.

À la vue des chiffres, on ne donne pas cher de la série. 6,41 millions de téléspectateurs avec un taux de 1,4 chez les 18-49 ans se sont intéressés à la première présentée exceptionnellement après un épisode de la rassembleuse « The Voice ». Par contre, lorsque la nouveauté de NBC s’est installée dans sa case horaire du jeudi soir 22 h il n’en restait plus que 3,9 (taux de 0,7) puis 3,35 (0,97) en troisième semaine. Ces chiffres n’ont pas de quoi se pâmer, reste qu’entre des épisodes de la franchise des Chicago, de Heartbeat; bref, tous ces procéduraux qui sont du pareil au même; Game of Silence a définitivement sa place dans le calendrier printanier de NBC.


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