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"Phénomènes" : l'apocalypse selon Shyamalan

Par Buzzline

Pitch : Surgi de nulle part, le phénomène frappe sans discernement. Il n'y a aucun signe avant-coureur. En quelques minutes, des centaines de gens meurent dans des circonstances étranges, terrifiantes, totalement incompréhensibles. Qu'est-ce qui provoque ce bouleversement radical et soudain du comportement humain ? Est-ce une nouvelle forme d'attaque terroriste, une expérience qui a mal tourné, une arme toxique diabolique, un virus qui a échappé à tout contrôle ? Et comment cette menace se propage-t-elle ? Par l'air, par l'eau, ou autrement ?

Pour Elliot Moore, professeur de sciences dans un lycée de Philadelphie, ce qui compte c'est d'abord d'échapper à ce phénomène aussi mystérieux que mortel. Avec sa femme, Alma, ils fuient en compagnie d'un ami, professeur de mathématiques, et de sa fille de huit ans.

Très vite, il devient évident que personne n'est plus en sécurité nulle part. Il n'y a aucun moyen d'échapper à ce tueur invisible et implacable.

Pour avoir une mince chance de survivre, Elliot et les siens doivent à tout prix comprendre la véritable nature du phénomène, et découvrir ce qui a déchaîné cette force qui menace l'avenir même de l'espèce humaine...

Notre avis : Une œuvre à l'idée aussi solide que bien amenée, mais desservie par divers handicaps faisant de ce Phénomènes une réussite en demi-teinte. Il n'en demeure pas moins que M. Night Shyamalan nous livre ici son meilleur film après Sixième Sens et Incassable, et aussi, sans aucun doute, son plus pessimiste et touchant...

Mais qu'ont-ils, tous ces gens,,  à se suicider et perdre la boule en plein Manhattan ? C'est la question que va se poser Elliot Moore dans sa bourgade de Philadelphie, tout comme son entourage et le spectateur. Paranoïa médiatique et sociologique, mais surtout apocalypse tétanisante de notre civilisation, Phénomènes recèle d'atouts sidérants dès son entrée en matière, après un générique trouble, comme d'habitude.  Cadrages serrés, millimétrés et à l'esthétique rigoureuse, le fantôme d'Hitchock plane toujours autant. L'ambiance et la menace n'ont jamais été aussi bien rodées chez Shyamalan : on frémit, on tremble et on stresse énormément au rythme des bourrasques de vent s'abattant sur les villes de la côte Est des États-Unis... Armé d'un scénario à l'idée solide, le réalisateur, comme fâché des critiques de son féerique La Jeune fille de l'eau, mise ici tout sur le pessimisme et l'absence d'espoir. Dans Phénomènes, l'humanité est en danger et les gens meurent : la noirceur assez destabilisante de l'histoire nous gagne très rapidement, avec efficacité, si bien qu'une fois les lumières rallumées dans la salle, chacun tentera de se rassurer sur la véracité de l'histoire, effrayé par la probabilité qu'une telle situation arrive ! 
 Véritable cri d'alarme "écologique" mais aussi critique acerbe d'une société malade de l'intérieur, angoissée par des menaces terroristes dans une ambiance post-11septembre difficile et par des blessures jamais refermées, Phénomènes bouillonne de rage et nous sert le constat redoutable d'une dérive sociale qui laissera sans voix le spectateur, partagé entre incompréhension et colère (voir la scène de tentative de s'abriter chez le fermier, d'une violence physique et mentale inouïe). Phénomènes provoque des sueurs froides, des montées de tension, et aussi des larmes, via le dénouement de l'intrigue. On a même droit à des des crises de panique, d'abord étouffées par le rythme du film, mais ressurgissant une fois le générique final déroulé, histoire de bien nous positionner en tant que "responsables"... S'il n'y a pas de twist final à proprement parlé, la résolution de l'intrigue n'en demeure pas moins aussi surprenante qu'un brin attendue. Néanmoins, l'impact est réussi. Mais alors, d'où vient cette semi-déception ?  Tout d'abord de ce même scénario qui, s'il surprend et joue la carte d'une noirceur solide, reste trop mécanique et pas assez étoffé pour convaincre pleinement. 20 minutes supplémentaires et un peu plus de souffle dans la dramaturgie auraient été les bienvenus. Le casting en second lieu. L'enjeu est tellement énorme et l'intensité "humaine" si nécessaire, que les prestations des héros restent très faibles pour ne pas dire "un peu à côté de la plaque". Mark Wahlberg aussi brillant que transparent selon ses films, fait ici pâle figure, toujours l'air de se demander ce qu'il doit faire là pour mieux habiter l'écran. Et Zooey Deschanel sonne faux. Quant à John Leguizamo en père esseulé et flippé, il est aussi bon que... trop peu présent !
 Deux éléments qui handicapent le film sans le torpiller, bien heureusement.  Phénomènes s'impose donc comme une semi-réussite, bien mieux maîtrisé que tous les films de l'auteur depuis Incassable. Une petite surprise pour un film qui, s'il souffre de quelques défauts, n'en demeure pas moins passionnant, déroutant et flippant... et servi par une mise en scène précise et une ambiance extrêmement pessimiste.  Pas mal du tout, donc... Mais un louche de punch, des acteurs plus enclins à la démence et quelques enjeux supplémentaires auraient été les bienvenus. 

  

Pourquoi y aller ?

Pour l'idée originale. Pour le pessimisme de l'ensemble. Pour les montées de tension et de pression.

Ce qui peut freiner ?

Le manque d'épaisseur des personnages et des interprètes peu consistants. Le manque de souffle de l'intrigue. 


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