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Que font les rennes après Noël ? Et les petites filles après leur enfance ?

Publié le 13 mai 2016 par Nicole Giroud @NicoleGiroud

Que font les rennes après Noël ? Et les petites filles après leur enfance ?Il était une fois une petite fille qui n'aimait pas les poupées et rêvait d'avoir un animal vivant, pas une peluche. Demande entêtée à laquelle les parents refusent d'accéder : ils lui offrent une poupée pour Noël. Terrible déception ! La petite fille s'interroge : où vont les rennes après Noël ? Que font-ils ?

Ce conditionnement inhérent à l'éducation d'un enfant ressemble fort à du dressage, et nous l'avons tous expérimenté, même si nous ne nous en souvenons plus.

Le monde est un tissu de mots, nous sommes tout entier protégés et maintenus en vie par les moyens à la fois coercitifs et maternels du texte. (p.21)

Les moyens à la fois coercitifs et maternels : mère juive omniprésente et volonté de normaliser cette enfant rebelle. Le monde des hommes est une cage pour celle qui parle d'elle à la deuxième personne, elle emploie ce " tu " agressif et dérangeant comme mise à distance et façon de secouer celle qui essaie d'ouvrir les barreaux de la cage.

En face d'elle, de ses interrogations, progressions, évolutions, les gens qui vivent avec les animaux, ou les utilisent : dresseur de loups, boucher, gardien de zoo, soigneur ; les voilà qui s'expriment à la première personne, le " je " de l'identité, et qui racontent avec minutie leur travail et la façon dont ils ont été amenés à le choisir. Et le texte se construit, alternant les passages de la petite fille qui devient femme avec les discours des professionnels du monde animal.

Le dressage de la première en filigrane du dressage des autres.

Vous savez maintenant ce que font les rennes après Noël. Le désenchantement est une forme comme une autre d'émancipation intellectuelle. (p.194)

Ce passage incessant de l'une aux autres est déroutant, souvent fatiguant, il faut tenir la distance... Les paragraphes, très courts, oscillent en perpétuel balancier. Personnellement j'ai eu de la peine, malgré la fascination exercée par certains passages étonnants, telle cette obsession du film de Jacques Tourneur, La Féline, où une femme panthère dévore son mari après l'amour, mante religieuse du règne animal. La précision ethnologique des métiers autour du monde animal versus l'émancipation d'une femme qui finit par assumer sa sexualité est intéressante, mais le système peut lasser. Je me suis un peu perdue en route, fatiguée, agressée par ce " tu " qui n'évoquait que peu de choses en moi.

Pour vous émanciper, il vous faut d'abord renoncer (p.200)

C'est évident. Chacun et surtout chacune doit choisir sa propre cage et tordre les barreaux de son choix. Et assumer son propre désenchantement...

Voici la quatrième de couverture :

" Vous aimez les animaux. Ce livre raconte leur histoire et la vôtre. L'histoire d'une enfant qui croit que le traîneau du père Noël apporte les cadeaux et qui sera forcée un jour de ne plus y croire. Il faut grandir, il faut s'affranchir. C'est très difficile. C'est même impossible. Au fond, vous êtes exactement comme les animaux, tous ces animaux que nous emprisonnons, que nous élevons, que nous protégeons, que nous mangeons. Vous aussi, vous êtes emprisonnée, élevée, éduquée, protégée. Et ni les animaux ni vous ne savez comment faire pour vous émanciper. Pourtant il faudra bien trouver un moyen. "


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