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L'Orchestre du Festival de Budapest nouvelle victime de l'obscurantisme

Publié le 20 mai 2016 par Philippe Delaide

Il y a les prétextes de situation de crise des finances publiques pour supprimer des subventions culturelles (ex : le gouvernement flamand avec la Petite Bande - cf. post du 10 décembre 2010). Il y a également le prétexte qu'un ensemble d'origine régionale ait atteint un tel niveau de notoriété internationale qu'il n'a finalement plus besoin d'autant de soutiens de sa ville (ex : Les Musiciens du Louvre avec la ville de Grenoble).

Il y a aussi le constat de la suppression de près de 180 manifestations culturelles en France en 2015.

Les priorités changent. La culture, plus spécifiquement la musique, deviennent les victimes collatérales toutes désignées des indigences de la gestion de certaines régions ou municipalités, pour certaines d'entre elles surendettées à coup de prêts reposant sur des obligations "pourries" (les fameux "subprimes"). Visiblement, elles viennent aussi en second rang après les choix dogmatiques de municipalités "vertes" qui revendiquent le "recentrage local" (SIC).

La dernière victime en date, est cette fois située en Hongrie. La problématique est ici relativement différente. C'est celle des conséquences du règne d'un gouvernement ultra-conservateur, avec un de ses représentants, le maire de la ville de Budapest, M. István Tarlós, personne dont le raffinement n'a pas l'air d'être la première qualité. Tout en finesse, ce dernier, qui a visiblement le chef attitré de notoriété internationale, Iván Fischer, dans le collimateur, a tout simplement décidé de diviser par quatre les aides apportées à l'Orchestre du Festival de Budapest. Il a en outre trouvé le bon goût de le faire en plein milieu de la saison, donc lorsque celle-ci était déjà programmée et largement lancée.

L'argument officiel fait état d'impératifs d'austérité. L'historique des faits et la spirale de propos haineux à l'encontre d'Iván Fischer, ne trompent personne, ce d'autant plus que ce dernier revendique publiquement ce qu'il pense de l'équipe municipale en place. Le couperet tombe inévitablement.

Ivan Fischer 1

On est en face des conséquences des choix électoraux qui portent au pouvoir des individus dont l'objectif est de museler toute expression artistique autre que des décisions d'Etat, parfaitement muselées et contrôlées. Les performances de l'Orchestre du Festival de Budapest permettent au plus grand nombre de découvrir la musique classique, interprétée d'ailleurs par des musiciens qui, au sein de cette belle Europe centrale, sont parmi les plus doués et les plus sensibles (rappelons-nous, par exemple, l'admiration qu'avait WA Mozart pour les musiciens tchèques). Tout ceci doit être jugé trop subversif par ceux dont la préoccupation est beaucoup plus l'isolationnisme et le rejet des différences. Une autre forme de "recentrage local" !

Le résultat de tout cela : annulation de 30 concerts dans les écoles, 10 concerts d'opéra pour les enfants, 3 concerts dans le Palais des Arts de Budapest et du concert gratuit de minuit donné traditionnellement en décembre. Belle performance.

Le spectre de l'inculture au service du populisme et de la plus vile des vulgarités, continue à se répandre en Europe et bien au delà. Il arrive même au tour final des primaires américaines. Jamais d'ailleurs, ce mot "primaire" n'a jamais aussi bien raisonné dans ce cas précis...

Pour plus d'informations, je vous renvoie à l'article (en anglais) très complet dans hungarianspectrum.org. 


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