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Rencontre avec Tracy Chevalier

Par Lecturissime

Grâce à l'agence de presse D'Anne et Arnaud nous sommes plusieurs blogueuses a avoir eu le plaisir de rencontrer Tracy Chevalier, une auteure très accessible et agréable. Voici le compte rendu de cette rencontre :

Pour entretienir le mystère. Je ne voulais pas une saga-western très longue, j'ai donc choisi d'entremêler deux époques : celle de l'Ohio et celle du Robert adulte. Les lettres sont un pont, un lien entre l'Ohio et la Californie.

Qunad j'ai effectué des recherches sur La dernière fugitive j'ai lu un livre sur les relations entre les humains et plantes pour me documenter sur des détails sur la vie dans l'Ohio au XIXème siècle.Dans ce livre il y avait un chapitre sur les pommes et sur Appleseed, un commerçant. J'ai été amusée par la différence entre ce que l'on apprend sur cet homme aux enfants, qu'il donnait des pommes pour promouvoir la santé, alors qu'en fait il les vendait pour faire de l'alcool. La différence entre la réalité et la fiction m' a amusée. Puis j'ai eu l'image de ce couple qui se déchirerait parce que l'un voudrait cultiver des pommes sucrées et l'autre des pommes acides pour faire de l'alcool.

C'est l'histoire de gens qui bougent, ceux qui émigrent mais aussi le mouvement des arbres. On pense que les arbres ne bougent pas mais en fait c'est faux, les gens les font voyager. Les pommiers sont originaires du Kazakstan par exemple. L'arbre est le miroir de la migration humaine.

Un roman qui se passe aussi aux Etats-Unis en rapport avec le projet Shakespeare : une maison d'édition en Angleterre a demandé à plusieurs écrivains de choisir une pièce de Shaespeare et d'écrire un roman inspiré par cette pièce. Margaret Atwood a choisi la Tempête et pour ma part j'ai choisi Othello. Cela se passera dans une école américaine en 1974. Tous les écoliers seront américains sauf un jeune enfant noir qui arrive un jour dans l'école venant d'Afrique.

AU début j'avais pensé que ce serait l'homme l'ivrogne puis je me suis dit que cela était trop stéréotypé et j'ai choisi la femme. Dans ma tête j'entendais sa voix et sa manière de parler. J'ai pensé qu'elle était si forte que j'ai su qu'elle devait s'exprimer à la première personne. Si l'histoire était à la troisième personne uniquement, le personnage serait devenu nul. Inversement tout le roman avec seulement son point de vue aurait été trop. Un petit peu c'était mieux. Sadie est un personnage que l'on déteste ou que l'on adore. Il ne faut pas que tous les personnages soient gentils dans un roman. Elle est forte mais elle a ses raisons : elle perd un enfant chaque hiver, elle est isolée, n'a pas d'amis, elle est un peu égoïste.

Ce qui m'intéresse sont les effets qu'ont pu avoir la famille sur les enfants. Il fallait la réaction d'un des enfants qui partirait vers l'Ouest. Il fallait un homme car pour une fille cela aurait été trop difficile de partir seule à travers le pays.

Parce que l'amour est compliqué. Robert est influencé par la relation de ses parents. Il faut toujours des compromis.

Faulkner et ses structures narratives ont indubitablement influencé de nombreux auteurs. J'ai étudié Faulkner à l'université, j'ai lu tout ce qu'il a publié et j'ai adoré Le bruit et la fureur et Tandis que j'agonise. J'ai été impressionnée, c'est toujours là, je pense. J'ai aussi eu d'autres influences comme celle de Toni Morrison, par Beloved et le Chant de Salomon. Elle aussi utilise les différents points de vue des personnages.

Je ne lis jamais les traductions. Quand c'est fini, c'est fini, le livre est pour vous, lecteurs, pas pour moi. Pour la traduction, je regarde quelques pages par ci et par là, mais je ne peux pas juger la traduction. On m'a dit que c'était bon. Anouk - la traductrice- a rencontré quelques problèmes en raison de l'utilisation de beaucoup de vocabulaire spécifique à la culture des pommes, et quelquefois elle m'a posée des questions.

Un producteur a acheté les droits de Prodigieuses créatures il y a 5 ans mais a finalement refusé de tourner l'adaptation. On a décidé que peut-être quelqu'un d'autre aura cette chance. C'ets diffcile de faire un film, il y a tant de monnaie en jeu. Quand on publie un livre il n'y a que moi et le lecteur, c'est simple. Avec un film il y a les différentes compagnies, les différents pays, il faut plusieurs personnes les acteurs, producteurs, etc... Il est difficile que tout ce monde se mette d'accord. Sans doute que cette adaptation n'a pas vu le jour car le roman est très anglais et que le producteur intéressé était australien.

A l'orée du verger est difficile à adapter à cause des différentes époques, il faudrait des flashbacks, ce serait compliqué.

Je n'imagine pas en écrivant que ce que j'écris pourra devenir un film. Il faut écrire pour le lecteur pas pour quelqu'un qui va voir un film. Néanmoins quelques scènes restent très visuelles comme celle durant laquelle Robert est avec Nancy et Marthe et descend la montagne et voit à distance Molly et son parapluie jaune et rouge. C'était un film dans ma tête. Cela ne signifie pas que cela ferait un bon film.

J'ai travaillé sur un projet pour célébrer le bicentenaire de Charlotte Brontë avec des expositions et des livres. J'ai beaucoup lu les soeurs Brontë et j'ai remarqué que Jane Eyre ressemblait un peu à ma jeune fille à la perle.

Merci à Anaïs et Arnaud pour cette soirée très enrichissante et merci à Tracy Chevalier pour sa proximité et sa gentillesse !


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