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[Avant-première] Joyeuse Fête des Mères, un cadeau empoisonné

Par Rémy Boeringer @eltcherillo

[Avant-première] Joyeuse Fête des Mères, un cadeau empoisonné

Garry Marshall qui avait connu le succès avec Pretty Woman au début des années 90, et sur lequel il y aura encore beaucoup à redire, a, par la suite, multiplié les projets sans envergure et sans aspérité. Depuis maintenant six ans, voilà qu’il s’est mit à capitaliser sur les films événements attitrés de telle ou telle fête plus ou moins populaire. Après Valentine’s Day et Happy New Year, voici venu le temps d’essorer le concept jusqu’à l’os avec Joyeuses Fête des Mères que nous avons pu voir, ce vendredi 20 avril en avant-première et qui sortira en salle, dès le 25 avril 2016.

Le jour de la fête des mères, on suit le destin croisé de Sandy (Jennifer Aniston) et Henry (Timothy Olyphant), un couple divorcé et conciliant, de Gabi (Sarah Chalke) et Lexi (Sandra Taylor), un couple lesbien ayant adopté, de leur sœur Jesse (Kate Hudson que l’on a entendu dans Kung Fu Panda 3) qui forme avec Russel (Aasif Mandvi) un couple mixte dont les parents racistes, Flo (Margo Martindale que l’on a chroniqué dans Un été à Osage County) et Earl (Robert Pine) désespèrent. Rajoutons Bradley (Jason Sudeikis), veuf et père de deux filles, et un jeune couple dans le doute, tout juste parents, Zack (Jack Whitehall) et Kristin (Britt Robertson que l’on a vu dans A la poursuite de demain) pour compléter le tableau.

[Avant-première] Joyeuse Fête des Mères, un cadeau empoisonné

Bradley (Jason Sudeikis) et Rachel (Jessi Case)

Dans le style du film chorale romantique, Joyeuse Fête des Mères se distingue surtout par la cacophonie ambiante et les fausses notes érigées en bon goût. On atteint des sommets de mièvreries, le scénario s’enlisant dans tous les clichés du genre, déjà trahis par le synopsis, donnant l’impression désagréable que toutes les ficelles scénaristiques sont transparentes, sans surprise aucune, ennuyeuse au possible. Et c’est le cas. Joyeuse Fête des Mères est typique de ces films qui s’emparent de questions sociales tels que l’homophobie ou le racisme, ou encore la difficulté d’être fille-mère ou père célibataire, sans en comprendre réellement les tenants et les aboutissants, les limitant à des méthodes de narrations censées ratisser large. C’est sur ce dernier point qu’ils échouent régulièrement, car le manque d’empathie est palpable à l’écran. C’est une vieille tradition hollywoodienne que de penser qu’une politique de quota sans âme suffit à toucher les cœurs du plus grand nombre.

[Avant-première] Joyeuse Fête des Mères, un cadeau empoisonné

Sandy (Jennifer Aniston) et Jesse (Kate Hudson)

Débordant de bons sentiments qui ne sont jamais mis en contrastes, ou alors très maladroitement et caricaturalement, Joyeuse Fête des Mères est un « Feel Good movie » neurasthénique. Les événements qui pourraient bousculer tout ce petit monde, lui donner de la rondeur, sont toujours joués sans convictions aucune. Tout est attendu, téléphoné, l’émotion n’effleure jamais. Caroline, autre chroniqueuse d’Une graine dans un pot, pourtant attachée aux comédies romantiques, nous a gratifiée de quelques ronflements. Seule une référence à Pretty Woman, lorsque qu’Héctor Elizondo, incarnant l’agent de la présentatrice vedette d’un télé achat Miranda (Julia Roberts que l’on a vu dans Un été à Osage County), faisant un clin d’œil sur les couverts qu’elle utilise à bon escient, a pu la sortir de sa torpeur. Joyeuse Fête des Mères ressemble davantage à une entreprise pour programme de l’après-midi pour chaîne câblée, parfait pour la sieste. Le film ne prend d’ailleurs même pas la peine d’axer véritablement son histoire autour des mères, se contentant de livrer des bluettes sentimentales absconses, faisant quasiment de son titre, une véritable arnaque tant on est loin d’un hommage à la maternité.

[Avant-première] Joyeuse Fête des Mères, un cadeau empoisonné

Miranda (Julia Roberts) et Kristin (Britt Robertson)

Adepte du vide, victime du marketing, foncez en salle voir Joyeuse Fête des Mères. Sinon, passez votre tour sans regret devant ses pathétiques histoires d’amour croisées, empêtrées dans des postures éculées, maintes fois éprouvées, et presque autant de fois, réprouvées.

Boeringer Rémy

Retrouvez ici la bande-annonce :


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