Surtout, ne pas se dépayser, rester encre un instant en Espagne avec le dernier film d'Almodovar.
Et un nouveau portrait de femme à travers près de 30 années de sa vie. On fait sa connaisance à 25 ans, jeune professeur de civilisation antique faisant tourner la tête à ses élèves, mais pas que ...
Dans un train qui la conduit à Madrid - avant l'AVE ! - elle n'engage pas la conversation avec un homme qui, quelques instants plus tard, se suicide en se jettant du train. Violemment perturbée, elle se console avec un beau jeune homme, pêcheur en Galice ... qui devient son compagnon et le père de sa fille Antia.
Mais comme toujours dans les films d'Almodovar, le destin tragique survient : la belle Julieta perd son mari parti pêcher lors d'une violente tempête et après une dispute, puis sa fille adorée disparait sans donner aucune nouvelle pendant 13 ans.
Le mélo s'en mêle (accidents, maladies incurables ...), avec des allers et retours temporels incarnés par deux flamboyantes actrices jouant le même personnage à 30 puis à 50 ans.
Almodovar adapte ici un roman d'Alice Munro mais il nous livre du Almodovar pur jus. C'est là encore une mère (Tout sur ma mère ), ici hantée par la responsabilité et qui cherche par tous les moyens à retrouver sa fille, allant jusqu'à mettre sa propre vie entre parenthèses.
Ce n'est sans doute pas le plus grand chef d'oeuvre du réalisateur espagnol mais de toutes façons, nous en sommes fans. Les décors, les costumes, la musique (toujours d'Alberto Iglesias), les paysages et les interprètes - avec bien entendu son actrice fétiche Rossy de Palma en femme de ménage extra-lucide - et avant tout les couleurs puissantes font de ce film une aventure aussi charnelle qu'intellectuelle. Que ce grand cinéaste n'ai jamais reçu la Palme d'Or à Cannes me désole ...
Avec Emma Suarez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Imma Cuesta et Dario Grandinetti.
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