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[Critique] ALICE AU PAYS DES MERVEILLES

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] ALICE AU PAYS DES MERVEILLES

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Titre original : Alice in Wonderland

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Tim Burton
Distribution : Mia Wasikowska, Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Anne Hathaway, Crispin Glover, Matt Lucas, Michael Sheen, Paul Whitehouse, Christopher Lee, Alan Rickman, Stephen Fry, Timothy Spall, Michael Gough…
Genre : Fantastique/Adaptation
Date de sortie : 24 mars 2010

Le Pitch :
Alice est devenue une belle jeune femme de 19 ans. Lors d’une réception avec la haute société, elle est demandée en mariage (arrangé) par Lord Hamish Ascot, qui, comme son prénom l’indique, est aussi austère que la communauté du même nom. Fuyant l’ennui mortel de la fête, Alice suit un étrange lapin et tombe dans un trou profond. Elle se retrouve ainsi au Pays des Merveilles. Elle est accueillie par de tout aussi étranges créatures qui lui annoncent qu’elle était attendue pour exaucer une prophétie , annonçant que le Jour Frabieux venu, elle terrassera le redoutable Jabberwocky, mettant fin au règne de terreur d’Iracebeth, la Reine Rouge…

La Critique :
Parfois dans la vie, il faut savoir aller à contre-courant. Je sais déjà que je vais me faire lapider en place publique mais non, je ne participe pas au massacre qu’a connu Alice au Pays des Merveilles. Car force est de constater que la suite des aventures de l’héroïne de Lewis Carroll vue par Tim Burton a connu un énorme bashing dans la presse et chez les fans du réalisateur. D’ailleurs, il est très fort probable que le film aurait reçu un autre accueil s’il avait été réalisé par un autre. Mais comme il s’agit d’un cinéaste avec un univers très personnel, il ne lui a pas été pardonné d’avoir fait un film produit par Disney. Disney et Burton sont supposés être antinomiques. Ce serait oublier que l’homme aux chaussettes rayées a commencé sa carrière dans la firme aux grandes oreilles de Mickey, où il a participé à Taram et le Chaudron Magique, avant d’être débarqué parce que Vincent et Frankenweenie étaient jugés trop sombres. Affirmer que plus rien de burtonnien ne transparaît dans Alice serait de mauvaise foi. Il faut regarder plus dans les détails. On y retrouve son goût pour les arbres tordus, les architectures excentriques, les marches d’escalier irrégulières, les univers graphiques décalés. Cependant, les effets-spéciaux artisanaux à la Ray Harryhausen ont laissé place au tout numérique. Si Burton n’avait pas besoin d’Alice au pays des merveilles (du moins, sur un point de vue artistique), en revanche ce n’est pas réciproque. Peu de réalisateurs ont un univers aussi décalés que celui de Lewis Carroll, et Burton a su sublimer le bestiaire incroyable et les personnages excentriques du matériau d’origine. Que ce soit le Lapin Blanc, le Lièvre de Mars, le Chat de Cheshire, la chenille Absolem, le chien Bayard ou le Dodo, on ne peut être qu’admiratif et impressionné par le rendu. Même chose pour le lieu où le Chapelier Fou prend le thé en attendant l’héroïne ou le palais de la Reine, le soin donné aux différents lieux est bluffant, le tout magnifié par la photo de Dariusz Wolski (qui a exercé sur The Crow, USS Alabama, Sweeney Todd, Cartel, Exodus ou encore Seul Sur Mars).
Au rang des bonnes surprises, on peut aussi compter sur le casting. Le film permet à la jeune Mia Wasikowska d’exploser. Elle est impeccable dans un rôle faussement ingénu, qui en appellera d’autres comme Crimson Peak de Guillermo Del Toro ou encore l’excellent Tracks (son meilleur rôle à ce jour). Face à elle, Helena Bonham Carter est très drôle dans celui de la Reine Rouge, la « maudite grosse tête », Johnny Depp fait du Johnny Depp, et si son cabotinage poussé a été reproché sur ses derniers rôles (hormis Tusk), là, cela colle bien au personnage. Le casting voix est de très bonne qualité, en premier lieu Stephen Fry, Timothy Spall et les regrettés Christopher Lee, Alan Rickman et Michael Gough.

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Cependant, on ne pas non plus parler de chef-d’œuvre. Le film souffre de la comparaison avec les œuvres majeures et plus modestes, en termes de budget, de Burton. Les effets numériques sont par moments « too much », et on a l’impression de regarder le film sous LSD tant les couleurs semblent dégueuler sur la fin. Le dernier quart du film, comme la séquence flashback, sont bâclés et ressemblent à une vague resucée du Seigneur des Anneaux (la scène de la bataille finale) en moins bien. Certains personnages sont assez creux, comme la cour de la Reine Rouge, ou la Reine Blanche est tellement nunuche qu’on a presque envie que, pour une fois, ce soit le côté obscur qui gagne. Dommage pour Anne Hathaway qui est une excellente actrice et qui, là, doit composer avec un personnage trop lisse. Le manichéisme est là, trop poussé. Autre déception de taille, le Jabberwocky, qui à part sa voix d’outre-tombe, peine à impressionner. C’est sur ces éléments trop « disnéens » que le film perd en puissance et n’est pas le chef-d’œuvre qu’il aurait pu être. On pourrait ajouter à cela l’album Almost Alice pondu par Disney comme une deuxième B.O. (alors que le score de Danny Elfman est, comme d’habitude, très bon) qui alignent des grands comme Robert Smith et Franz Ferdinand à des horreurs comme Tokio Hotel. Par chance, à part la très naze chanson d’Avril Lavigne en générique de fin, on n’entend rien de ce truc et c’est tant mieux.

Loin d’être un film aussi familial que les productions Disney habituelles (à moins qu’une traversée d’une douve en sautant sur les têtes coupées flottantes, ce soit pour les chtits n’enfants) et ce grâce à la touche de noirceur amenée çà et là par Burton, Alice au pays des merveilles a un peu le cul entre deux chaises. Considéré comme une trahison par les fans du doux dingue de Burbank, le film est loin de mériter un tel traitement. Certes, certaines parties sont dispensables et certains personnages sont assez moyens, mais c’est très loin d’être mauvais. Le métrage compte largement assez de qualités pour ne pas être le naufrage dénoncé par ceux qui l’ont lynché, mais hélas pas assez pour s’imposer d’avantage dans la filmographie de Burton.

@ Nicolas Cambon

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  Crédits photos : The Walt Disney Company France


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