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Le processus de la mort

Publié le 30 mai 2016 par Do22

Le processus de la mort"Le processus de la mort est expliqué en grand détail dans les différents enseignements tibétains. Il consiste essentiellement en deux phases de dissolution : une dissolution externe des sens et des éléments, et une dissolution interne des états de pensée et des émotions, à leurs niveaux grossier et subtil. Mais il est nécessaire que nous comprenions au préalable la nature des composants du corps et de l'esprit qui se désagrègent au moment de la mort.

Notre existence entière est déterminés par les éléments terre, eau, feu, air et espace (note : = éther) qui forment notre corps et le maintiennent en vie. Lorsqu'ils se dissolvent, nous mourons.

Nous sommes familiarisés avec les éléments externes qui conditionnent notre mode de vie mais il est intéressant de voir de quelle façon ces éléments sont en interaction avec les éléments internes au sein de notre corps physique. Par ailleurs, le potentiel et les qualités de ces cinq éléments existent également dans notre esprit.

L'aptitude de l'esprit à servir de support à toutes les expériences est la qualité de la terre; sa continuité et sa faculté d'adaptation sont celles de l'eau; sa clarté et sa capacité de percevoir celles du feu; son mouvement continuel celle de l'air et sa vacuité sans limite celle de l'espace.

Voici l'explication, selon un ancien texte médical tibétain, de la façon dont se forme notre corps physique : "Les consciences sensorielles naissent de l'esprit. La chair, les os, l'organe de l'odorat et les odeurs sont formés à partir de l'élément terre. Le sang, l'organe du goût, les saveurs et les liquides du corps naissent de l'élément eau. La chaleur, la coloration claire, l'organe de la vue et le forme naissent de l'élément feu. Le souffle, l'organe du toucher et les sensations physiques sont formés à partir de l'élément air. Les cavités du corps, l'organe de l'ouïe et les sons sont formés à partir de l'élément espace."

En bref, écrit Kalou Rinpoché, c'est à partir de l'esprit réunissant les cinq qualités élémentaires que se développe le corps physique. Les corps physique est lui-même imprégné de ces qualités et c'est grâce à ce complexe esprit-corps que nous percevons le monde extérieur. Celui-ci est, en retour, composé des cinq qualités élémentaires de la terre, de l'eau, du feu, de l'air et de l'espace.

L'explication du corps que nous propose la tradition du bouddhisme du Tibet est très différente de celle dont la plupart d'entre nous ont l'habitude. Il s'agit d'un système psychophysique consistant en un réseau dynamique de canaux subtils, de "souffels" - ou air intérieur - et d'essences. Ils sont appelés respectivement nadi, prana et bindu en sanscrit; tsa, lung et tiglé en tibétain. La médecine et l'acupuncture chinoies, qui nous sont plus familières, présentent un système quelque peu similaire avec les méridiens et l'énergie du ki.

Les maîtres comparent le corps humain à une cité, les canaux à des routes, les souffles à un cheval et l'esprit à un cavalier.

Il existe dans le corps 72 000 canaux subtils dont trois principaux : le canal central qui est parallèle à la colonne vertébrale et les canaux droit et gauche qui se trouvent de chaque côté de celle-ci. Les canaux droit et gauche s'enroulent autour du canal central en certains points pour former une série de "noeuds". Le long du canal central se situent plusieurs "roues" - les chakras ou centres d'énergie - à partir desquelles se ramifient d'autres canaux, comme les baleines d'un parapluie.

Les souffles, ou air intérieur, circulent à travers ces canaux. Il existe cinq souffles principaux et cinq souffles secondaires. Chaque souffle principal est le support d'un élément et il est responsable d'une fonction du corps humain. Les souffles secondaires permettent aux sens d'opérer. Les souffles qui circulent dans tous les canaux, à l'exception du canal central, sont dits être impurs et activer des schémas de pensée négatifs et dualistes. Ceux du canal central sont appelés "souffles de sagesse".

Les "essences" sont contenues à l'intérieur des canaux. Il existe une essence rouge et une essence blanche. Le siège principal de l'essence blanche est le sommet du crâne, celui de l'essence rouge, le nombril.

Dans la pratique avancée du yoga, ce système est visualisé très précisément par le pratiquant. En faisant pénétrer et se dissoudre les souffles dans le canal central par la force de sa méditation, le yogi peut obtenir une réalisation directe de la luminosité - la Claire Lumière - de la nature de l'esprit. Ceci est rendu possible par le fait que la conscience chevauche le souffle. Ainsi, en dirigeant son esprit vers un point particulier du corps, un pratiquant peut y amener les souffles. Le yogi imite, de cette façon, ce qui se produit au moment de la mort : lorsque les noeuds des canaux se défont, les souffles pénètrent dans le canal central et une expérience momentanée d'éveil a lieu. (...)

Dès que nous avons un corps physique, nous possédons également ce que l'on appelle les cinq skandhas - les agrégats qui composent la totalité de notre existence mentale et physique. Ils sont les constituants de notre expérience, le support de la saisie de l'ego et également la base de la souffrance du samsara. Ces skandhas sont la forme, la sensation, la perception ou reconnaissance, l'intellect ou formations mentaux, et la conscience; on les décrits aussi en terme de forme, sensation, reconnaissance, formation mentale et conscience. "Les cinq skandhas représentent la structure constante de la psychologie humaine, ainsi que son schéma d'évolution et le schéma d'évolution du monde. Ils sont également liés aux différents types de blocages spirituels, physiques et affectifs." Ils font l'objet d'une étude approfondie dans la psychologie bouddhiste.

Tous ces composants se dissolvent quand nous mourons. La mort est un processus complexe et interdépendant au cours duquel des ensembles d'aspects reliés entre eux de notre corps et de notre esprit se désagrègent simultanément. Lorsque les souffles disparaissent, nos fonctions corporelles et nos sens nous abandonnent. Les centres d'énergie s'effondrent et, privés des souffles qui leur servaient de support, les éléments se dissolvent l'un après l'autre, du plus grossier au plus subtil. En conséquence, chaque étape de la dissolution a des répercussions physiques et psychologiques et se manifeste tant par des signes extérieurs et physiques que par des expériences intérieures. (...)"

Extrait du Livre tibétain de la vie et de la mort, pages 325 à 329,Peinture de Mario Duguay
par Sogyal Rinpoché

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