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De force

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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Karine,

Je pourrais te dire que je ne t’ai jamais aimée. Je pourrais te dire que ta compagnie ne m’a jamais été agréable et que je n’ai jamais pris plaisir à tourner les pages de tes romans. Je pourrais te dire qu’aucun de tes personnages ne m’ont touchée. Je pourrais mettre fin à cette histoire sans même t’écrire, en tournant la page tout simplement et en claquant la porte en emportant mes affaires. Je pourrais… mais je hais l’inélégance, Karine. Je refuse ces ruptures grossières ou haineuses où toutes les rancœurs se jettent au visage et où l’on oublie jusqu’aux quelques moments heureux passés ensemble.

Pourtant, je me dois d’être sincère avec toi.

Pardonne-moi mais j’ai essayé de t’aimer. Je te mentirais si je disais que j’ai lu tous tes romans mais même « Meurtre pour rédemption » n’a pas su faire vibrer ma corde insensible alors que ton « Purgatoire des innocents » m’avait laissé entrevoir un espoir de fidélité que je n’ai pas su entretenir. Je ne te mérite pas, Karine.

Ton talent est indéniable mais la romance que tu insuffles dans tes récits ne me touche pas. Je n’aime pas les débauches de sentiments et je ne parviens pas à faire abstraction de ces histoires d’amour que j’ai toujours trouvées trop présentes chez toi. Tu vois bien que nous ne sommes pas faites l’une pour l’autre. Tu es une romantique et j’ai si peur de souffrir que je n’accepte aucune de ces histoires passionnelles. Je les fuis comme la peste et paradoxalement elles m’attirent comme le papillon ne résistant pas à l’attraction d’une flamme. Je suis trop compliquée pour toi, Karine.

Pourtant, le fond de ton dernier roman me semblait captivant. Tu voulais parler de l’absence d’amour maternel et tu maîtrises ton sujet, je dois bien l’avouer. Tu voulais démontrer les ravages d’une carence affective essentielle et destructrice et j’ai aimé ton message, crois-moi.

Ton style est reconnaissable entre tous, tu es unique dans ton genre. Ne t’imagine pas que je sombre dans les plus basses flatteries, je suis sincère tu sais. Je te livre mes sentiments sans aucun artifice. Tes phrases courtes et tes répétitions sont ta signature, ton talent n’est plus à prouver mais…

Tant d’autres que moi seront plus sensibles et plus à même d’être dignes de toi. Tant d’autres lecteurs ne verront pas de clichés et de ficelles trop épaisses dans tes romans. Tant d’autres que moi sauront t’apprécier à ta juste valeur.

Alors pardonne-moi, Karine. Pardonne le mal que j’ai pu te faire. Pardonne ma cruauté et ma franchise. Je ne reviendrai pas, d’autres histoires nous attendent. La vie n’est pas faite pour un seul amour et elle bien trop courte pour que nous perdions un temps précieux, toi comme moi. Je n’oublierai pas les bonnes choses que tu m’as faites partager.

Adieu Karine, laisse moi partir sans me retourner.


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