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Intempéries, mouvements sociaux et expédition littéraire à Lyon

Par Gangoueus @lareus
Ce week-end, il était question de parler de littérature congolaise dans le Grand Lyon, plus précisément à Villeurbanne. Un aller-retour bref de moins de 24 heures en Rhône-Alpes. Bref en situation normale. Cependant, il n’y a rien de normal entre actuellement en région parisienne. Il me fallait prendre mon train du côté de Roissy. Mais peut-être faudrait-il vous raconter toutes les péripéties auxquelles j’ai dues faire face. Rien de grave, mais des situations exceptionnelles...
Inondations en Essonne

Intempéries, mouvements sociaux et expédition littéraire à Lyon

Source Le Parisien

Le drame de certaines villes se résume souvent dans les ruptures de leur relief. Habitant sur le plateau de Ris-Orangis, je n’avais pas mesuré l’ampleur des inon-dations liées à la Seine dans ma ville et sur les cités environnantes. J'étais juste vague-ment informé que par mesure de sécurité, la SNCF avait interrompu le trafic du RER D pour tout le week-end. A juste titre. Pour entreprendre ma pérégrination, il me fallut trouver une solution pour arriver à Juvisy-sur-Orge afin de récupérer un RER C en direction d’Austerlitz (ligne étant interrompue dans Paris en raison de la crue du grand fleuve parisien). Mais les impacts des débordements de la Seine dans mon département ont quelque peu été sous-estimés. J’ai tout de même réussi à prendre mon train à Juvisy avec une avance liée à mon départ anticipé.
Mouvement social sur le RER B Le plus cruel dans cette affaire réside dans le fait que le mouvement social de la SNCF et de la RATP
Intempéries, mouvements sociaux et expédition littéraire à Lyon
a été intensifié durant ce week-end déjà éprouvant pour toutes celles et ceux qui résident sur une zone inondable de l'Ile de France. Arrivant avec peine à la gare du Nord où tous les trains de la ligne B étaient terminus, toute la difficulté fut de retrouver le point de départ des trains pour Roissy. En tant qu’usager, j'ai personnellement ressenti le désir des grévistes d’enfoncer le clou et de faire mal aux voyageurs. Une personne à terre, faisait un malaise à la gare du Nord. Rien de surprenant. La foule ballotée sur les quais en fonction des annonces incertaines et ou de présence de colis suspect m’a poussé à trouver une solution UBER en désespoir de cause. L'état d'urgence devrait commander l'arrêt de ce mouvement épuisant, stressant.
OuiGO – en retardHeureusement, mon train à la gare de Roissy était en retard. 3h pour aller de Ris Orangis à la gare de Roissy. Il faut croire que le train Ouigo attendait les participants de cette rencontre littéraire puisque les écrivains sont arrivés en même temps que moi, soit avec une dizaine de minutes de retard.
A l’arrivée de Lyon Part-Dieu. Juste 5 minutes de retard. Le TGV a fait des excès de vitesse. Il faut dire qu’une fois dans le train, les choses furent plus plaisantes. Echanger avecIsaac Djoumali Sengha et Marius Nguié, deux auteurs congolais, fut extrêmement enrichissant. Il faut dire qu’ils sont les auteurs de deux très bons premiers romans (L’ingratitude du Caïman) qui abordent intelligemment les conflits qui ont secoué le Congo Brazzaville pendant plusieurs années. Si le discours de Marius Nguié se caractérise par une observation focalisée sur la relation trouble entre un adolescent de Gamboma et un milicien du pouvoir en place, Isaac Djoumali Sengha veut explorer les racines du mal qui a rongé le Congo. Dans les deux scénarii, il y a une description minutieuse proposée aux lecteurs. D’une part la complexe relation dominant / dominé est analysée dans tous les détails possibles avec une langue crue, s’ancrant dans une horreur banalisée, la corruption à base de boîte de sardines. D’autre part, une narration naturaliste empruntant à Zola ou Balzac. Une forme d’écriture qui est une invitation à découvrir le Congo en long et en large. J’y reviendrai dans ma prochaine chronique.
Intempéries, mouvements sociaux et expédition littéraire à Lyon

De manière étonnante, dans ma ville natale, heureuse de recevoir un enfant du pays, le climat fut beaucoup plus apaisé. Un train qui arrive quasiment à l’heure, une équipe de l’ACGL attentive à nos moindres besoins, pas de grève, pas de conflits sociaux à l’horizon.
Le lendemain, une température tropicale, un soleil rayonnant de joie et des nuages qui ont choisi de déserter la place.Dire que nous nous tapons une pluie depuis deux semaines et qu’il suffit de prendre un TGV pour que tout change.
Comeback to home
Liss Kihindou nous a rejoint pour cette rencontre. Avec son ouvrage Fleuvitude et Négritude, elle nous introduit dans le monde de la littérature congolaise où le fleuve Congo et ses affluents occupent particulièrement importantes. Dans le train de retour, j’ai eu tout le loisir de discuter avec ma consœur sur tous les contours du concept de la fleuvitude. Ce fut l’occasion de découvrir qu’il s’agissait d’un travail de recherche dans lequel cette femme exceptionnelle s’est plongée corps et âme. Et mine de rien, en partageant sur quelques unes des nos lectures, nous avons réalisé dans ce Lyon-Paris que les lectures du fleuve, de sa présence dans la construction et les imaginaires des auteurs d’Afrique centrale, prenaient des formes extrêmement différentes selon les auteurs. Elle aura beaucoup de matière pour nourrir ce travail de recherche. Bref, il est certain que ma lecture d’une œuvre congolaise ne se fera plus sans la traque de l’impact du fleuve sur l’imaginaire des peuples congolais. Une discussion plaisante avec une collègue et amie. Alors que je rentrais difficilement en ma demeure, la Seine se rappelait à mes bons souvenirs et aux échanges avec Liss Kihindou, avec les méfaits de ses débordements. Sacrés fleuves. Et grand merci à l'ACGL pour la qualité de l'accueil et de l'initiative.

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