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[Critique] THE STANFORD PRISON EXPERIMENT

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] THE STANFORD PRISON EXPERIMENT

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Titre original : The Stanford Prison Experiment

Note:

★
★
★
½
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Kyle Patrick Alvarez
Distribution : Billy Crudup, Ezra Miller, Michael Angarano, Tye Sheridan, Johnny Simmons, Olivia Thirlby, Nelsan Ellis, Jack Kilmer, Nicholas Braun…
Genre : Drame
Date de sortie : 7 juin 2016 (DTV)

Le Pitch :
En 1971, l’université de Stanford autorise une expérience visant à étudier sur une poignée de volontaires, les effets de l’enfermement carcéral. Certains étant amenés à incarner des prisonniers et d’autres leurs geôliers. Histoire vraie…

La Critique :
À l’instar de l’expérience de Milgram (récemment au centre du film Experimenter), l’expérience de Stanford fait partie de ces études qui, de par leurs résultats et aussi de par leur propension à défrayer la chronique, ont durablement marqué l’opinion publique. Un expérience déjà au centre de The Experiment, de Paul Scheuring (le créateur de Prison Break, ce n’est pas un hasard), qui lui-même était le remake d’un métrage allemand mis en scène par Oliver Hirschbiegel.
Ici, chez Kyle Patrick Alvarez, la rigueur est de mise.
Un constat qui saute aux yeux quand on en vient à comparer The Experiment et The Stanford Prison Experiment, tant ce dernier semble se refuser à toute forme de sensationnalisme pour coller de près aux faits, alors que son « rival » n’hésitait pas, au nom du suspense probablement, d’y aller de sa petite extrapolation, sans cesser de faire preuve d’un minimum de maîtrise afin de ne pas tomber dans les excès.
Cela dit, avec sa reconstitution minutieuse et ses acteurs investis, qu’on croirait effectivement sortis des 70’s, The Stanford Prison Experiment gagne des points. Le fait d’entrer dans le vif du sujet en adoptant une posture souvent proche du documentaire lui permettant en outre de gagner d’emblée une forme de crédibilité et d’encourager l’empathie à l’égard de ces volontaires qui ne savent pas très bien où ils mettent les pieds.

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Si le film se démarque, c’est aussi grâce à son casting, particulièrement pertinent et classieux. Tandis que Billy Crudup, Nelsan Ellis ou encore Olivia Thirlby incarnent l’autorité responsable de tout le processus, une équipe de jeunes comédiens se charge de donner du corps à l’expérience elle-même. Un groupe parmi lequel on retrouve Tye Sheridan, le prodige de Mud et de The Tree of Life, Ezra Miller, le gamin perturbé de We Need To Talk About Kevin ou encore Michael Anganaro, qui a récemment brillé dans la série de Steven Soderbergh The Knick. Ensemble, ils injectent suffisamment de force et d’émotion pour permettre au long-métrage de sonner avec une belle éloquence.
Tout naturellement, on ressent alors de la peine tandis que les jours passent et que régulièrement, des dérapages entre les faux gardiens et les faux détenus, viennent appuyer les théories des professeurs concernant les rapports à l’autorité. Le film pour sa part, en profite pour s’approprier petit à petit certains des codes des fictions carcérales. Une tactique qui ne tarde pas à payer tant le métrage parvient à faire oublier au spectateur que tout ceci n’est qu’une expérience. Il brouille les pistes, retranscrit le danger qui semble peser sur les cobayes et met à nu une facette pas franchement reluisante de l’âme humaine.

Dommage que le rythme ne suive pas toujours et que le spectacle soit un peu redondant. Le metteur en scène donne tout durant la première moitié, devant par la suite tourner un peu en rond pour espérer franchir la ligne d’arrivée sans se saborder. Puissant dans son premier tiers, The Stanford Prison Experiment se dilue un peu par la suite, même si régulièrement, de violents accès narratifs viennent souligner des interrogations cruciales concernant la personnalité des volontaires et les potentiels effets secondaires que l’étude pourrait occasionner. Les professeurs, tout spécialement celui incarné par Billy Crudup, étant surtout décrits comme des sortes de tortionnaires en puissance, malheureusement trop froids pour véritablement permettre au long-métrage de toucher au vif tout du long.
Et puis il y a cette fin, qui remet en perspective, mais pas vraiment comme on pouvait l’espérer. Là encore, l’approche documentaire prime et si on salue largement la volonté du film de ne jamais dévier de son but initial pour rester fidèle à la réalité, on doit aussi se contenter d’une conclusion un peu bancale qui dessert malheureusement l’ensemble.

Passionnant dans le fond, The Stanford Prison Experiment souffre de trop de maladresses pour s’imposer avec efficacité. En revanche, grâce à ses comédiens, tous excellents, et à son refus de céder à l’appel de quelques bons vieux clichés, ici esquivés, il reste droit dans ses bottes et pousse au questionnement. C’est d’ailleurs ce qui lui permet de gagner ses galons.

@ Gilles Rolland

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 Crédits photos : Universal Pictures International France


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