Imitation game

Un film de Morten Tyldum (2014 - UK, USA) avec Cumberbatch, Matthew Goode, Keira Knightley, Allen Leech, Mark Strong, Rory Kinnear

Passionnant.

L'histoire : Seconde Guerre mondiale. Les alliés butent sur un problème majeur : les Allemands utilisent une machine à crypter les messages, Enigma, dont ils n'arrivent pas à percer les secrets. Alan Turing, mathématicien et cryptanalyste, se présente devant l'Etat major, annonçant qu'il peut casser le code. On ne le croit guère, d'autant que l'homme semble quelque peu "décalé". Un doux rêveur sans doute. Mais il arrive à convaincre et on lui constitue une petite équipe...

Mon avis : Quelle histoire ! Quel destin ! Un vrai beau grand film qui dresse à la fois un magnifique portrait d'un homme très injustement relégué aux oubliettes pendant des décennies (à cause de son homosexualité), et un thriller extrêmement bien fait sur une mission de haute précision, qui permit d'enrayer la progression des nazis et d'avancer leur chute définitive. Un épisode, authentique, que je ne connaissais pas du tout (Enigma, oui, mais le travail des British non), qui m'a donc stupéfaite et passionnée. 

Bon, le défaut... c'est que c'est hyper complexe. Je n'ai absolument rien compris à ce qu'ils fabriquaient ; c'est pas pour rien que j'avais 1 de moyenne (sur 20) en maths... Mais - et c'est là où l'équipe est fortiche - cela ne nuit pas au film. On regarde les images, on suit l'évolution des personnages, on lit dans leur gestuelle et leur regard si ça avance ou pas ! Ah ben oui... j'en étais là... je vous dis : j'ai rien capté ! Cependant, les grosses bobines qui tournaient sur ces gigantesques armoires m'ont bien rappelé les tout premiers ordinateurs ! Je devais avoir dix, douze ans, années 70, et mon père qui était chef de la maintenance dans un grand magasin venait de faire rentrer la Bête. Plusieurs nuits, il est allé vérifier que ça tournait rond et une fois ou deux il m'a emmenée (le magasin, tout noir, tout vide, avec ses meubles et comptoirs de vente couvert de bâches blanches, la nuit, j'adorais !) : je me souviens de ces énormes monolithes, grands comme des armoires de grand-mère, avec ces bobines qui tournaient, enroulant de la bande perforée encore et encore... 

Car rappelons-le, la machine que Alan Turing a conçue a bien servi de base à la fabrication des premiers ordis. Magnifique histoire. Qu'il faudrait bien qu'on nous raconte en détail un jour, messieurs les réalisateurs ! Un beau sujet. 

Après avoir assisté avec ferveur à la recherche effrénée de nos scientifiques du fameux code d'Enigma, et qu'ils le trouvent enfin... grosse surprise. Je ne vais pas spoiler pour ceux qui n'ont pas vu le film. Disons qu'on tombe dans le concept moralement controversé : "tuer 100 personnes pour en sauver 10.000"... Le film repart sur ce ressort et c'est toujours aussi épatant.

Les acteurs sont formidables, à commencer par Benedict Cumberbatch qui se montre carrément incroyable, présentant une facette d'émotions et de comportements hallucinante : à moitié autiste, et pourtant bon camarade, colérique mais loyal, hyper sensible... La fin est totalement bouleversante.

Vraiment un super film.

Je me demandais par contre pourquoi ce titre "Imitation game". En fait, cela faisait partie du vocabulaire de Turing lors de ses recherches sur l'intelligence artificielle : il s'agissait en effet "d'imiter" l'humain.

La presse est quasi unanime dans son enthousiasme pour le film. Les quelques réfractaires reprochent surtout le survol du personnage, qui aurait mérité un développement plus subtil, moins cliché. Même succès chez les spectateurs.

Anecdote : Keira a dû reprendre quelques cours de maths pour avoir l'air de comprendre un peu de quoi il retournait... mais elle avoue (c'est donc une excellente actrice !) que malgré ça, elle n'a pas tout pigé !