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L’interview de Caroline Michel : « ne baisse pas les bras, tu risques de le faire deux heures avant le miracle. »

Par Sissi De Beauregard @SissiBeauregard

Caroline Michel n’a même pas 30 ans, elle blogue sur ovary.fr et vient de publier son premier roman, 89 mois (lire mon avis), l’histoire légère et émouvante d’une jeune femme qui décide de faire un bébé toute seule et s’engage dans une course au géniteur. caroline-michel-899366_w1000

Comment t’est venue l’idée d’écrire 89 mois ?

Je suis partie de ce schéma familial que beaucoup de filles envisagent : rencontrer l’homme de sa vie à vingt-cinq ans, lui présenter ses amis, ses parents, décider d’un appartement ensemble, décider d’un appartement avec bureau, puis décider de faire un enfant « et puis on a un bureau de toute façon ». Une série d’étapes attendues, espérées. D’un côté, ce schéma, et d’un autre, des discussions avec des copines célibataires de 30 ans : le temps passe, l’homme ne vient pas et le désir de maternité s’impose petit à petit. Alors que faire, si notre désir de maternité se fait de plus en plus insistant et qu’il manque une pièce au puzzle ? J’ai voulu répondre à cette question, me mettre dans la peau de cette fille de 33 ans, plutôt classique, qui attendait le grand amour et qui s’aperçoit que les choses ne se déroulent pas comme elle l’avait imaginé.

Raconte-nous un peu l’histoire du roman et son écriture !

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Le projet est né de ma rencontre avec Constance Trapenard, éditrice chez Livre de Poche / Préludes, qui m’a contactée via mon blog. Lorsqu’elle m’a demandé si j’avais quelque chose à lui proposer, j’ai d’abord essayé pendant trois mois d’écrire sur des sujets plus personnels, plus près de moi. Mais trop dur, que de s’étudier pour se mettre sur papier. J’ai ensuite eu l’idée de 89 mois, une pure fiction, un exercice qui me tentait bien, que de tricoter un personnage à la vie différente, aux projets différents. Et puis le sujet me semblait actuel, j’ai parcouru des tas de forums, j’ai lu des articles à ce sujet… Je me suis projetée instantanément dans cette course au géniteur. J’y ai vu un roman contemporain, des scènes cocasses. J’en ai parlé à mon potentiel éditeur, qui l’est devenu, et on a démarré. En sept mois, j’ai accompagné Jeanne dans sa quête, je l’ai adoré certains jours, trouvé dingue d’autres, je lui ai créé un univers, des amis, des d’accord et des pas d’accord, j’ai pris des notes partout, j’étais complètement habitée. C’est une aventure folle, obsédante. Et ça vous donne envie de vous lever le matin.

Ecrire un roman c’était un projet de longue date ou ça t’a pris comme une envie de fraises?

Plutôt de longue date, même si j’adore les fraises. J’ai toujours écrit, toujours aimé ça, toujours voulu pondre une histoire. Et j’ai envie d’en pondre d’autres. J’aime ce que je ressens quand j’écris, me mettre dans la tête des uns et des autres. Mais j’aime aussi le strict contraire : découvrir les personnages au fil de l’écriture. On ne sait pas toujours où on va, on improvise, on se promène, on fait demi-tour ou on poursuit. J’aime bien aussi le sentiment, une fois l’écriture terminée, d’avoir vécu tout ça. Aujourd’hui, j’ai l’impression que j’ai passé des soirées entières avec la bande de Jeanne, que je les connais tous comme des bons potes (mais je ne sais pas où les joindre par contre).

Est-ce que Jeanne c’est un peu, beaucoup ou pas du tout toi ?

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Oui et non. D’un côté, je réponds souvent qu’elle et moi n’avons rien à voir, puisqu’elle est prise d’un désir de maternité très bruyant tandis que je n’ai pas envie d’enfant pour l’instant. Si on se base sur le nœud même de l’histoire, l’héroïne et l’auteur ne se ressemblent pas.
Mais avant même la décision de Jeanne qui n’est pas la mienne, on se rejoint sur cette affaire de schéma. Etre face au père de nos futurs enfants, frissonner quand on le voit jouer avec un bébé, espérer la grande voiture et la piscine à creuser dans le jardin. Là-dessus, Jeanne, c’est moi. Mais elle prend un chemin différent, qui sait si je ne le prendrais pas un jour, si mon quotidien ne devient qu’un. Ensuite, au fil de l’histoire, Jeanne a peut-être de moi dans ses humeurs, ses envies de tout gagner, ses sentiments de tout perdre. Une minute rose, une minute grise.

Tu veux combien d’enfants, toi ?

Bonne question. Alors je vais répondre : autant qu’il en voudra.

Pourquoi as-tu choisi le métier de contrôleuse SNCF pour Jeanne ?

Une idée soudaine, que j’ai trouvée sympa, différente et qui est venue quelques semaines après le début de l’écriture, d’un coup d’un seul. Au départ, son métier me semblait secondaire, il ne conditionnerait pas l’histoire, ne ferait pas partie des murs. Et finalement, il colle bien, Jeanne peut faire des rencontres dans le train. Tout comme elle aurait pu en faire au guichet de la banque.

 Ta citation fétiche ?

Peut-être un proverbe : ne baisse pas les bras, tu risques de le faire deux heures avant le miracle.
J’aime bien.

Tes trois livres préférés ?

Le fait d’habiter Bagnolet, texte d’une pièce de théâtre de Vincent Delerm, édité chez Acte Sud. Ce livre est un de mes objets fétiches.
On n’empêche pas un petit cœur d’aimer, de Claire Castillon.
L’amour dans la vie des gens, de Sophie Fontanel.

Le mot de la fin ?

Il est 22h11, le Portugal affronte l’Islande, et dans la cour résonne une chanson de Céline Dion. Il y a une bouteille d’Evian posée à côté de moi, remplie d’eau du robinet.
Merci beaucoup pour cette interview, et bonne nuit ;)

Plus d’informations sur 89 mois, le premier roman de Caroline Michel


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