Magazine Cinéma

[critique] (8/10) THE WITCH par Matthieu EB.

Par Christian Papia @ChristianPAPIA

432857

Synopsis:1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation,menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…

The Witch a bénéficié d'un énorme coup de buzz post Sundance permettant à la bande- annonce du film de se faufiler dans les salles les plus obscures annonçant l'arrivée du « meilleur film d'épouvante de ces dernières années ». Alors qu'en est-il réellement?The Witch n'est pas tant un film d'épouvante mais plutôt un film fantastique avec l'intrusion du surnaturel dans un contexte réaliste. Une intrusion qui démarre par un enlèvement, celui du cadet de la famille. Dès lors, doutes et paranoïa vont venir se loger dans les esprits fébriles de chacun (et surtout de la mère) ainsi que dans les nôtres. Plusieurs pistes sont exploitables, plusieurs approches sont envisageables. Néanmoins, Robert Eggers, dans une atmosphère glaçante et une approche surréaliste crée une pièce baroque tout à fait singulière d'une beauté envoutante. Chaque plan est un tableau, une peinture onirique qui éveille en nous ce sentiment de crainte qui part chercher nos peurs les plus lointaines et les cultive dans un récit minimaliste et intelligent. Sous la forme d'un conte folklorique, il dévoile une famille isolée vivant au pied d'un bois vide, sombre où se trouve l'antre d'une sorcière.

038898

Copyright Universal Pictures

Dès lors, deux espaces sont posés et dans une même idée d'intrusion (du fantastique), cette forêt va venir contaminer le récit. A cause de cette dernière vont éclater disputes, conflits et disparitions. Accompagnés d'une musique stridente, ces bois feraient presque office dans le film de monstres. Ils vont également venir ensorceler la mise en scène tout comme les personnages.De plus, la force de The Witch réside dans toute la suggestion qui se dégage de chaque scène. En effet, le film exploite plusieurs pistes, nous ne savons pas si certaines scènes sont un rêve, une altération surréaliste de la réalité ou tout simplement une hallucination. Là où les films d'horreur de ces dernières années nous assommaient d'explications narratives, de surplus visuel et nous mâchaient tout travail de réflexion, The Witch à l'inverse bâti en nous un point de vue et un positionnement.

328158

Copyright Universal Pictures

Dans cet imaginaire fantastique, la sorcière ne serait presque que prétexte à la réflexion. La réflexion d'une société du 17ème siècle gouvernée par une paranoïa aveuglante due à un fanatisme collectif contagieux (et religieux). Dans cette famille, Thomassin n'a pas sa place, elle n'est que la gouvernante d'un foyer qui ne lui accorde ni respect ni gratitude et veut l'envoyer travailler pour une riche famille ; la condition d'une femme « torturée » qui perd tout statut.Robert Eggers réalise donc un petit bijou et joue sur une envenimation d'un élément incongru pour semer le trouble dans les esprits et surtout, cultiver une réflexion sur un film qui rejoue des enjeux politiques de l'époque faisant écho à notre société actuelle. Si le genre de l'horreur n'avait pas trouvé de moyens de se surélever, c'est qu'il n'était pas arrivé à utiliser l'épouvante, le fantastique, le surnaturel et tous ces codes instaurés, au service d'une histoire puissante non pas construite pour faire bondir (adieu les jumps scares) mais plutôt pour marquer les consciences.

THE WITCH Bande Annonce VF + VOST (Horreur - 2016)

MATTHIEU EB.

$http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.content&bid=1345206$> $http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.comment&bid=1345206$> $http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.category&bid=1345206$>


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Christian Papia 13465 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazines