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Pourquoi j’aime la sauce de Reniss

Publié le 20 juin 2016 par Wilnton @pam_wilnton

Si vous êtes passes au Cameroun, aucun moyen de manquer ça. Reniss a fait fort. Même avec les oreilles fermées, vous allez avoir la sauce de Reniss dans les oreilles et franchement, ça me plait. Et mes raisons sont éminemment artistiques. Je m’explique.

He bien cote texte…il n’y’ a rien à dire. C’est du charabia camerounais. Les hommes qui aiment beaucoup les choses avec la sauce…il faut être du Cameroun pour que ça vous parle…parce que dans le fond, ça ne veut pas grand dire…ou plutôt, c’est un peu dans la tradition musicale camerounaise de jouer avec les non-dits qui ne veulent rien dire et qui veulent tout dire en même temps. Ainsi chacun peut donner son interprétation sans qu’elle soit forcement fausse ou vraie. On se souvient par exemple que l’artiste Francko avait créé le scandale avec coller la petite…certains hauts cadres de l’administration allant même jusqu’à interdire la chanson pour une interprétation qui n’était pas forcement le reflexe des textes et images de la chanson…on ne va donc pas reprocher à Reniss de faire ce que font les Camerounais….

Par contre côté artistique…

La première chose qui m’a frappé avec le titre de Reniss c’est la référence musicale. Ecoutez bien la chanson…elle raconte l’histoire notamment des rythmes bantous et en particulier de la gamme musicale Bikutsi. L’intro est typique de cette histoire. On commence toujours avec un évènement qui rassemble. Ici, une cuisine familiale, avec l’ambiance de ce genre de situations dans nos villages. Ensuite l’intro rythmique, quelques instruments qui reproduisent la rythmique traditionnelle… le principale est la…tambours, balafons, tamtams, et un air de Mvet….qui progressivement évoluent avec les cris et youyous traditionnels et ensuite, le mixage linguistique qui illustre le mixage artistique de ce rythme avant qu’on évolue vers son orientation guitare rythmique…et je ne peux m’empêcher de penser à Zanzibar, le monument du Bitkusi en écoutant l’enchainement rythmique final ainsi que la rythmique solo qui caractérise le Bitkusi moderne. C’est donc une véritable histoire racontée d’une drôle de manière…d’ailleurs les dernières notes de la chanson sont clairs dessus…Reniss ne chante plus…le Bitkutsi des années 2000 se retrouve seul dans sa globalité. J’avoue j’ai beaucoup aimé cette façon de raconter l’histoire qui m’a fait voyager au travers de très grands artistes depuis les années 80 jusqu’aux années 2000.

On retrouve cet aspect référence histoire du Bikutsi également dans le clip. D’abord la coiffure de l’artiste qui n’est pas sans rappeler les Têtes Brûlées. Mais aussi la scène et les danseurs, en tenues de danse traditionnelle, avec des maquillages fait de marques blanche…la aussi une référence au mythique groupe qui a un peu structure la manière avec laquelle le Bikutsi s’est présenté au monde…le mythique groupe de Bikutsi des années 80-90.

Difficile de ne pas respecter cet hommage bien orchestre a l’un des groupes Bitkusi les plus puissants qu’ait eu le Cameroun…Les Tetes Brulees.

La seconde chose est la référence sociale qui est notamment portée par le très propre clip réalisé par le très professionnel february16 films. Dans la sauce met en jeu plusieurs microcosmes sociaux de la jeunesse de la présente génération. La jeunesse qui fuit le travail, mais vient quand même manger après qu’il ait été fait par d’autres…la référence aux conflits impersonnels et à leurs origines subjectives dans nos sociétés…jalousie, histoires de petites amies, tromperie conjugale, pasteurs fait tout et qui font le contraire de leurs affaires, dragues, sorcellerie…bref, toute cette réalité dont on parle beaucoup au quartier et sur lesquels on met si souvent très peu de mots. Je suis impressionne par le nombre d’histoires racontées en 5 minutes et 25 secondes (la durée du clip).

Mon principal regret est que l’histoire musicale soit un peu trop racontée sur ordinateur. Mais bon, dans la Sauce marquera certainement l’année 2016. C’est l’illustration de cette génération d’artistes qui ne lâchent rien, créent et continuent, fabriquent leur propre succès a coup de travail (et non à coups de hasards). Je crois que Reniss comme les membres de son label, fait partie de ce que le Cameroun aura à offrir de meilleur…

Tout le monde…dans la sauce.



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