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Seul le silence

Par Livresque Du Noir @LivresqueduNoir
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Quelques oiseaux lançant leurs cris au delà de la fenêtre entre-ouverte, quelques ronflements de moteurs lointains et matinaux, quelques volets qui s’ouvrent en grinçant sur une nouvelles journée et derrière tout cela : le silence. Celui du dimanche matin, à cette heure où l’aube vient à peine de poindre et où quelques petits dormeurs n’aspirent qu’à cette sérénité que ces instants apportent et à ces moments propices à l’imagination.

Le silence : celui qui précède chaque phrase lorsqu’on reprend son souffle. Celui qui s’installe juste une minute pour rendre hommage et qui en prouve l’importance et la valeur. Celui qui se noie dans un regard entre deux êtres qui n’ont plus besoins de mots pour se comprendre. Ce silence là est salvateur et essentiel pour la contemplative que je suis.

Mais ce silence là est aussi celui qui plane parfois sur un champ de bataille avant l’arrivée des tirs et des bombes. Il est semblable à celui qu’abhorrent les solitaires qui n’ont pas choisi de l’être. Il est le temps qui passe, il reflète la fin de la vie. Au bout du chemin, il ne reste que lui : le silence.

Ce roman m’aura parlé comme rarement. Il a touché en moi ce qu’il y a de plus profond, il a trouvé ce qui me construit : les doutes, les incertitudes puis la volonté inébranlable d’écrire. Puis les doutes. Encore. Il a accentué cette soif inextinguible, cette volonté de vouloir laisser ne serait-ce qu’une trace, aussi légère et vaine soit-elle.

R.J. Ellory a confié dans une interview qu’un roman doit laisser le souvenir d’un sentiment alors qu’on en oublie le nom des personnages et l’intrigue. Que c’était son point de départ lorsqu’il écrivait. Le sentiment est prégnant et me poursuivra sans doute fort longtemps mais son personnage principal l’est tout autant et cela prouve, si cela n’était pas déjà fait, qu’Ellory est un très grand écrivain.

30 ans de traversée américaine dans un pays puritain et intolérant. Ce genre d’époque et d’endroit qui font croire à un enfant que quelques arpents de terre délimitent le monde. 30 ans et 2 guerres, un président assassiné et un pasteur militant au discours intemporel. 30 ans de la vie d’un homme que l’on voit grandir et souffrir. 30 ans d’empathie totale. 30 ans d’hommage aux grands écrivains américains comme Faulkner, Steinbeck ou encore Hemingway. 30 ans d’intolérance raciale et religieuse, d’esprits étriqués mais aussi de grandeur d’âme.

Sentiments et émotions prennent corps sous la plume d’Ellory. Ils atteignent l’âme et transpercent le cœur comme des flèches pour ne plus en ressortir. La douleur, la joie, la tristesse et l’amour aussi deviennent réels. Tout y est si tangible et prend une telle place qu’ils annihilent même les quelques indices disséminés ça et là et qui auraient pu créer certains pressentiments quant à la conclusion. Du grand art.

Et cette prose, digne des plus grands. Ces phrases magnifiques qui emportent et ouvrent grandes les portes de l’esprit. Ces mots si simples qui, mit les uns à côté des autres se font poésie et musique…La littérature est une porte ouverte sur le monde et Ellory en détient l’une des clés.


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