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[Critique] DEATHGASM

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DEATHGASM

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Titre original : Deathgasm

Note:

★
★
★
★
☆

Origine : Nouvelle-Zélande
Réalisateur : Jason Lei Howden
Distribution : Milo Cawthorne, James Blake, Kimberley Crossman, Sam Berkley, Daniel Cresswell, Delaney Tabron, Stephen Ure, Colin Moy, Jodie Rimmer, Nick Hoskins-Smith, Erroll Shand, Kate Elliott, Aaron McGregor, Andrew Laing, Tim Foley…
Genre : Horreur/Comédie
Date de sortie : 5 juillet 2016 (DTV)

Le Pitch :
Brodie est un jeune fan de metal débarqué dans une banlieue résidentielle néo-zélandaise conservatrice. Détesté par son oncle, souffre-douleur de sa brute épaisse de cousin, il n’a pour uniques amis que deux geeks. Sa rencontre avec la belle Medina et surtout avec Zakk, un autre metalhead, va tout changer. Avec ce dernier, il fonde un groupe du nom de Deathgasm. Un soir, en pleine répétition, sans le vouloir, le groupe invoque les forces des ténèbres…

La Critique :
« Vous connaissez ce Heavy Metal maléfique que vos parents détestent que vous écoutiez ? Vous connaissez ces paroles à propos de l’enfer et de la damnation, de démons qui vous créent de nouveaux orifices pour ch*** dedans ? Mais si je vous disais que c’est réel ? Je le sais… j’y étais. » Ces quelques phrases d’introduction résument parfaitement le film. Il ne faut pas s’attendre à du cinéma intellectuel et c’est ça qui est bon. Si le cinéma néo-zélandais a explosé aux yeux du grand public avec La Leçon de Piano, L’Âme des Guerriers et surtout les adaptations du Seigneur des Anneaux et du Hobbit, les amateurs de cinéma de genre connaissent le Pays du Long Nuage Blanc pour un genre bien particulier, celui de la comédie d’horreur bien gore et décomplexée à souhait. On l’a découvert avec les trois premiers films de Peter Jackson où on rencontrait tour-à-tour des extra-terrestres qui transforment la Terre en fast food géant (Bad Taste), des muppets trash (Les Feebles) et des zombies massacrés avec tout ce qui passe sous la main comme une tondeuse à gazon (Braindead, classique du genre). Plus récemment, on a vu que ce genre en Nouvelle-Zélande pouvait aller loin dans le délire et l’imagination n’avait pas de limites. On a vu des moutons mutants amateurs de chair humaine (à 45 millions de moutons pour 4.5 millions d’habitants, si cela arrivait, ce serait un cauchemar) dans Black Sheep, des maoris psychopathes et cannibales qui font comprendre à des pieds nickelés qu’ils ont braqué la mauvaise maison (Fresh Meat), une collocation de vampire filmée façon télé-réalité (Vampires en Toute Intimité, je parle bien sûr de la VO et non du massacre de la VF), et avec Deathgasm et sa combinaison metal-horreur-occultisme.

Deathgasm-metal

Une combinaison déjà au centre d’un autre film, Black Roses, lequel, en dépit de la présence de musiciens de hard rock et de heavy metal, n’a pas franchement suscité l’enthousiasme dans la communauté metal. Il faut dire que la représentation du hard rock et du metal au cinéma n’est pas souvent terrible. Si Wayne’s World 1 & 2 sont devenus cultes, les avis sont partagés, même chose pour Beavis and Butt Head, ou, le pire du pire, la récente comédie Pop Rédemption qui est (en dépit de la caution du Hellfest et du groupe Zuul FX qui a joué les coaches vocaux pour les acteurs) un vrai foutage de gueule. Rares sont les exceptions, en premier lieu le cultissime This Is Spinal Tap bourré de références, la comédie hard rock Tenacious D and The Pick of Destiny et plus récemment le drame islandais Metalhead. Et c’est dommage car les artistes metal passent bien à l’écran et s’immiscent dans la culture populaire, comme l’attestent les apparitions, certes furtives, du groupe Mastodon et du chanteur Scott Ian du groupe Anthrax dans la série Game of Thrones. Pourtant, en dépit de ce constat, Deathgasm a connu un franc succès auprès des metalleux.
Il faut dire que le film, même si c’est une comédie dénuée de tout premier degré, est hyper respectueux de la musique et la culture metal. D’ailleurs, le réalisateur Jason Lei Howden est un grand fan de cette musique, ce qu’on sent tout au long du film. Le postulat a déjà été utilisé, celui du groupe de metal qui, sans le faire exprès, invoquent le démon en jouant de la musique et transforment les gens en possédés ; un postulat qui puise ses sources dans les origines de la gamme de notes la plus fréquemment utilisée dans le metal, une note bannie sous l’Inquisition et surnommée Diabolus In Musica (le Triton). Mais cette fois, on sent que celui à l’origine du film tâte un rayon. Et on le remarque dans le jeu de références et de clins d’œil du film. Si le néophyte peut trouver le film très sympa, le metalleux connaisseur se régalera de les noter. Dès le début, le générique cartoonesque est d’un goût digne des pochettes d’album de death metal les plus grand-guignols. Par la suite, une scène où le héros, puis la fille qu’il convoite, écoute de la musique dans le discman les entraîne dans un univers heroïc-fantasy faisant référence au power metal avec une esthétique digne des pochettes de disques de Manowar. Les clins d’œil plus subtils sont dans les dialogues, et demandent un visionnage en VO(ST), notamment des références à des titres de Metallica (Kill’Em All, For Whom The Bell Tolls et ce qui devait être le nom du premier album du groupe, Metal Up In Your Ass). On a également des références à Ozzy Osbourne dans le personnage de Rikki Daggers, et à des codes du metal, comme le fait que beaucoup de groupes tournent leurs clips dans les bois, le corpse paint (chaque membre de Deathgasm a un maquillage de type corpse paint d’un artiste différent, comme Emperor, Abbath ou encore Kiss) ou encore au procès intenté au groupe Judas Priest qui fût accusé de livrer des morceaux contenant des messages subliminaux quand on les écoutait à l’envers. Ce jeu de références est tel qu’on se demande si le prénom du personnage d’Abigail, qui fut également la sorcière de Salem la plus connue, n’est pas là aussi un clin d’œil car il s’agit aussi du nom d’une chanson (et d’un album) du groupe King Diamond. Outre les références au metal, on sent que le réalisateur a bien digéré les films d’horreur des années 80-90 car il multiplie les clins d’œil à des films comme Bad Taste, Braindead (à quelques instants), mais aussi Evil Dead dans les représentations des possédés.

Deathgasm n’est pas le film du siècle loin de là, mais c’est un film sincère, honnête, et drôle, qui fonce dans la direction choisie à toute vitesse. Les acteurs font le job, à commencer par Milo Cawthorne, James Blake et la belle Kimberley Crossman. Le montage est nerveux comme un batteur de death metal et certains enchaînements entre deux scènes ont un petit côté vintage affirmé. Et cerise sur le gâteau, la bande-originale de très bonne qualité, elle qui, en dehors des figures de proue Emperor et Ihsahn, fait la part belle aux groupes locaux ainsi qu’aux formations underground étrangères. Basé sur un profond respect d’une culture trop souvent moquée, porté par une réalisation propre, un humour metal bien dosé et beaucoup de gore, Deathgasm est le genre de film que le metal et le rock au sens plus large n’ont pas connu depuis des lustres. On pose le cerveau, on rigole et on a une furieuse envie de se muscler la nuque au son de riffs acérés et de batterie qui tabassent.

@ Nicolas Cambon

Deathgasm
  Crédits photos : Factoris Films


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