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Free Love : un combat pour l'égalité

Par Vance @Great_Wenceslas
Free Love : un combat pour l'égalité

En 2007, Cynthia Wade avait passablement ému la ciné-sphère internationale avec son court-métrage documentaire Free Love qui s'appuyait sur l'histoire réelle de Laurel et Stacie et de leur combat pour l'égalité de traitement entre les couples hétéro et homo. Un prix spécial du Jury à Sundance et un Oscar plus tard, le monde était conquis et le scénariste de Philadelphia, Ron Nyswaner en personne, était sur les rangs pour en faire un long-métrage qui ferait partie des films sentimentaux de 2016.

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Tout a été rassemblé par les producteurs afin de faire pleurer dans les chaumières, au point que c'en est presque consternant d'opportunisme : si les ingrédients sont passablement les mêmes que ceux des téléfilms larmoyants des samedis après-midi (le casting mis à part), on a au moins la certitude sinon de révolutionner le monde du cinéma, du moins de faire fructifier le marché des mouchoirs. L'histoire, déjà, est spectaculairement tragique avec cette femme qui a tout pour elle - dont la reconnaissance de ses pairs - mais que ce satané crabe va plonger dans une perspective d'avenir dramatique : elle qui ne s'était jamais engagée sur le terrain de l'égalité des droits des homosexuels (elle préférait taire ses préférences dans l'espoir de faire plus aisément carrière au sein d'un milieu ouvertement machiste, la police) se voit contrainte d'épouser la cause LGBT afin de faire valoir les droits de sa compagne, partenaire de vie (dans le cadre juridique de l'équivalent américain du PACS), à sa pension après sa mort (laquelle est imminente, on lui a diagnostiqué un cancer en phase terminale) de manière à ce qu'elle puisse continuer à vivre dans leur maison commune. Evidemment, les administrateurs du comté s'y opposent, pour une vague question d'image (il leur est tout à fait possible d'accepter en vertu d'une loi fédérale) et on se retrouve avec un duel à la David contre Goliath, l'individu face aux institutions, avec pour seul support possible le poids de l'opinion - qu'il faut sensibiliser, au point d'exagérer sur le caractère sensible de l'affaire.

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Le script, linéaire, sans verser outrageusement dans le pathos, se contente d'aligner les moments-clefs de cette affaire qui va secouer les masses et faire intervenir les mouvements défendant la cause des gays et lesbiens. Ajoutez-y quelques élans musicaux supervisés par Zimmer (qui s'y connaît en symphonies tire-larmes) et vous tenez déjà le jackpot - pour peu que votre but ne soit que d'émouvoir.

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On peut du coup regretter que la mise en scène ne soit pas à la hauteur des enjeux, discrète et assez plate, profitant simplement de jolis décors naturels (les plages du New-Jersey, une belle maison dans une bourgade sympathique) mis en valeur par une élégante photographie. On peut aussi regretter que les péripéties de l'intrigue soient souvent téléphonées et les retournements prévisibles. Il s'en faudrait de peu que le film ne soit qu'un drame de plus et à peine digne des salles de cinéma.

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Mais c'est oublier un peu vite le casting. Julianne Moore, si elle ne tient pas le rôle de sa vie, y est plus que convaincante en femme discrète et digne, tenant tête aux malfrats, faisant l'admiration de ses collègues mais d'une touchante maladresse lorsqu'une jeune femme aux allures de garçon manqué (la troublante et presque mutique Elle Page) lui fait carrément du rentre dedans. Les amateurs savent leur capacité à toucher le public par leur fraîcheur et leur sincérité. C'est davantage les interprètes masculins qui m'ont pourtant convaincu : Michael Shannon, s'il ne parvient toujours pas à se départir de ses éternelles grimaces de névrosé, est nettement plus convaincant que dans ses autres apparitions récentes (comme dans le pourtant excellent Midnight Special). Mais que dire du spectaculaire Steve Carell, en pourfendeur de clauses réactionnaires, Juif, homo et fier de l'être ? Il est un peu l'aiguillon du film, la mouche du coche qui réveillera les consciences en les bousculant, à l'image de Josh Charles (égal à lui-même, tout droit sorti de the Good Wife et la saison 3 de Masters of sex) qui ne demande qu'à l'écouter.

Difficile de faire la fine bouche, quand bien même on est en droit d'en vouloir davantage sur le strict plan du cinéma. Mais le film évoque, outre

Free Love : un combat pour l'égalité
l'amour au féminin, un pan nécessaire de la lutte pour l'égalité des droits et " la situation extraordinaire de deux femmes ordinaires " [cf. Ron Nyswaner]. Pour les curieux qui l'auraient raté en salles, BAC Films propose à partir du 14 juin 2016 le DVD zone 2 que nous avons eu la chance de visionner justement grâce à une nouvelle initiative de Cinétrafic.

Années 2000. Laurel est une brillante inspecteur de police dans le New-Jersey, reconnue par ses pairs et respectée de ses concitoyens. Sa vie privée est très discrète car elle vit avec une jeune femme, Stacie, qui partage la maison qu'elle vient d'acheter alors qu'elle attend d'être nommée lieutenant, nomination qui pourrait être contrariée si elle révélait son homosexualité. Mais sa vie bascule le jour où elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer en phase terminale. Elle demande alors que sa pension soit reversée à sa partenaire (comme dans le cas d'un couple marié) mais les fonctionnaires du comté s'y opposent. Laurel et Stacie vont alors se battre jusqu'au bout pour faire triompher leurs droits, au nom de l'égalité.


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