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Si Ouali et le Ramadan

Publié le 28 juin 2016 par Majic

Pour Si Ouali voilà un mois ou contrairement aux préceptes de "rahma", de miséricorde, d'altruisme, de pardon, de morale, préconisés par la religion, c'est le mois ou tous les coups sont permis.

D'abord, au niveau des prix des produits de consommation, c'est l'escalade fulgurante qui débute une bonne quinzaine de jours avant l'annonce de l'arrivée du mois sacré et qui fait que les bourses doivent se délier deux fois sinon plus pour chaque produit acheté. Ce n'est qu'après les deux premières semaines que les prix commencent à redescendre à leur niveau normal. A ce sujet, Si Ouali qui est malin, fait ses réserves bien avant la montée des prix et n'achète pas grand-chose jusqu'à au retour des choses à la normale.

Par la suite, au niveau du travail, la aussi, tout est chamboulé et cela est connu, travailler le ventre vide et le sommeil absent ne permettent aucun rendement.

Les voisins de Si Ouali, eux, s'en donnent à cœur joie dans les clameurs et les vociférations jusque très tard, la nuit dérangeant la quiétude des uns et autres sans aucune retenue alors que leurs enfants occupent juste après la rupture du jeûne la petite placette centrale de la cité à faire du vélo ou à jouer à des parties de foot qui s'étirent avec tous les cris à tue tête et toutes les insultes inhérentes jusqu'à deux heures du matin, sans discontinuer.

Si Ouali habite au rez-de-chaussée de l'un des bâtiments de la cité et une des fenêtres de son salon donne directement sur la place. Cette fenêtre, il ne l'ouvre presque jamais car elle dévoile l'intimité de l'appartement et Si Ouali aime s'asseoir en face de son téléviseur presque devant la fameuse fenêtre. Justement, un des voisins de Si Ouali choisit comme endroit de repos pour savourer une cigarette ou deviser avec des amis après le f'tour, le dessous de la fenêtre de Si Ouali.

Si Ouali devait choisir entre suivre ses programmes préférés de la télévision ou écouter malgré lui les racontars à haute voix des gens qui s'installaient effrontément sous sa fenêtre. Pire encore! Ces derniers jours, un des énergumènes ne trouva pas mieux que de ramener un poste radio, de brancher celui-ci sur une chaîne de vulgaire musique et d'apprécier qui en claquant des mains qui en suivant à gorge déployée les refrains. Si Ouali, n'y tenant plus sortit dire deux mots aux intrus. Ces derniers lui rétorquèrent :

- Ne vous énervez pas cher voisin, c'est le ramadan, voyons!

Ailleurs, en ville, Si Ouali constate la recrudescence du nombre des mendiants. Ces derniers compte tenu des orientations religieuses vers plus de charité, se mettent au goût du jour et changent leur tenue vestimentaire pour paraître plus orientaux que les orientaux eux-même, pensant peut-être qu'il faut absolument être Yéménite ou Pakistanais pour être musulman.

Une belle jeune femme, voile noir légèrement et volontairement tombant sur le coté, se voit entourer le cou d'une minerve en plâtre pour donner l'impression d'un grave accident aux vertèbres cervicales et ainsi faire que les gens soient plus apitoyés. Et ça marche bien puisqu'au moment de compter la caisse et d'enlever le fameux harnachement autour de son cou, les affaires ont été fructueuses.

Au milieu de la route, cette fois-ci les doléances étant adressées aux automobilistes, une femme tient sous le soleil accablant une poussette et à l'intérieur, en apparence, un bébé soumis à l'infortune et à la mendicité de ses parents. Quiconque aperçoit la poussette est révolté par tant de cruauté de Dame nature qui autorisait tant de misère et les gens donnent, charitables et même émus. Pourtant d'aucuns parmi eux, après avoir fait l'aumône de quelques sous, s'aperçoivent en regardant bien vers l'intérieur de la poussette qu'il n'y avait qu'un amas de vieux vêtements et tissus et pas du tout de bébé !

Le mois sacré tire à sa fin. Si Ouali fit ses comptes, il dépense d'habitude 35000 dinars en boustifaille pour toute l'année, il aura dépensé pour ce seul mois de Ramadan 75000 dinars.

Alors, vivement le ramadan prochain.


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