Andrew FREEDMAN 01/07/2016
Une étude publiée dans la revue Science jeudi 30 juin suggère que le trou de la couche d'ozone serait finalement en train de se résorber, grâce, peut-être, aux humains.
Près de 30 ans après la signature du protocole de Montréal – le premier à se pencher sur la question de la protection de la couche d’ozone – il y a finalement un espoir pour que la stratosphère qui nous protège des rayons ultra-violets du soleil soit finalement sur le chemin de la guérison.C’est une étude publiée dans la revue américaine Science – menée par la chercheuse du MIT Susan Solomon, une des pionnières de la recherche sur la couche d’ozone – qui est à l’origine de la bonne nouvelle. Selon elle, la couche d’ozone montre une réelle tendance vers la "guérison" depuis septembre 2000.À l’origine de la plaie béante de la stratosphère située au niveau de l’Antarctique il y a un gaz, particulièrement tenace : le chlorofluorocarbure, ou CFC. Des canettes aux réfrigérateurs, le CFC est partout. Une fois qu’ils atteignent la stratosphère, ces gaz peuvent exploser au contact des particules de nuages du cercle polaire et de la lumière du soleil, et altérer de grandes quantités d’ozone. VOIR AUSSI : Les émissions mondiales de CO2 stagnent pour la deuxième année de suiteMême si les scientifiques connaissent depuis longtemps le potentiel destructeur du CFC, ils n’ont découvert le trou de l’Antarctique que dans les années 1980. Quand bien même le protocole de Montréal arapidement interdit l’usage de ces chlorofluorocarbures, ces gaz ont une longévité particulièrement grande, au point de rester dans la haute atmosphère pendant des années.Ça va mieux, et pourtant l’étude du MIT nous montre que le chemin vers la guérison n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. En 2015, le trou de la couche d’ozone avait notamment atteint un nouveau record de 28,2 millions de kilomètres carrés de superficie après l’éruption du volcan Calbuco au Chili. Certaines éruptions diffusent une grande quantité de sulfure dans la haute atmosphère, formant des nuages en haute altitude à l’origine de l’accélération de la destruction de l’ozone. Sa convalescence a donc pris plus de temps que prévu, mais la couche d’ozone est bel et bien de retour. Doucement, mais à peu près sûrement.
Il n’y pas que le trou qui compte
Si on en croit l’étude publiée jeudi, la quantité d’ozone présente dans l’atmosphère aurait diminué depuis 2000. Pendant la même période, le trou au-dessus de l’Antarctique aurait lui aussi eût tendance à se résorber, des indices qui appuient la thèse de la convalescence.“La plupart des gens choisissent octobre pour observer le trou de la couche d’ozone car c’est le mois durant lequel il est le plus large et le plus affecté", explique Diane Ivy, co-auteure de l’étude à Mashable. "Mais le trou de l’ozone en octobre est aussi sensible à des changements comme la circulation de l’atmosphère ou l’activité volcanique, il était donc très complexe d’identifier les signes d’un potentiel rétablissement.""Nous avons montré qu’en réalisant nos observations en septembre, les premiers signes de guérison du trou de l’ozone sont clairement visibles (guérison voulant dire que l’ozone se rétablit car il y a moins de substances qui la détruisent)", explique-t-elle. "Septembre était le mois clé, car c’est le moment où le trou de l’ozone se forme et que les chlorofluorocarbures prennent le contrôle."Pour mener à bien leurs observations, les scientifiques ont lancé des ballons-satellites, spécialement conçus pour mesurer la concentration d’ozone dans la stratosphère, depuis l’Antarctique. Ils ont aussi créé des modèles informatiques pour simuler l’évolution de la composition chimique de la haute atmosphère et sa réaction aux éruptions volcaniques.Des baigneurs sur la plage de Brighton, en Angleterre, en juin 2016. L'altération de l'ozone augmente la quantité de radiations d'UV qui atteignent la surface de la Terre, ce qui accroît le risque de cancer de la peau.PA WIRE, PRESS ASSOCIATION IMAGESLe croisement de plusieurs données laisse penser que les conclusions des chercheurs du MIT ont de grandes chances d’être exactes, explique William Moomaw, chimiste spécialisé dans la diplomatique environnementale internationale et professeur à l’université de Tufts aux États-Unis."La réduction de la perte d’ozone pendant les premières étapes de septembre est un signal clair que l’ozone se rétablit, plus que les observations faites au mois d’octobre, qui est le mois durant lequel il y a le plus de pertes", a-t-il expliqué à Mashable.“Même si c’est l’agrandissement du trou de la couche d’ozone qui est le plus souvent mesuré et le plus accessible visuellement, c’est la somme totale d’ozone qui constitue la véritable preuve du processus de guérison".Willima Moomaw explique que les changements observés dans la somme totale d’ozone "sont aussi cohérents avec les phases de guérison du trou de la couche d’ozone observées".