Mingongs (6)

2006 © Samuel Bollendorf

Zhao Qing a 19 ans. Son père travaillait dans les usines de pesticides de Xiditou.
Elle a une maladie dégénérative du cerveau. Comme sa famille a porté plainte, le gouvernement local refuse de lui donner les papiers lui permettant de toucher les aides nationales.

Ces dernières semaines le courroux de l’opinion publique occidentale s’est focalisé sur la question du Tibet, au détriment de la question des libertés en Chine.
De ce fait, une grande partie de la population chinoise a été oubliée par les médias occidentaux, non les chinois des villes mais ceux des campagnes qui n'ont pas le droit à la parole, ceux qui ont d'autres préoccupations que les exaltations patriotiques orchestrées par le gouvernement chinois à l’occasion des jeux olympiques à venir, ceux qui essaient de survivre à la confiscation de leurs terres, aux pressions financières, à la corruption, à la pollution et à la maladie.
Ces populations ont été sacrifiées sans vergogne sur l’autel du miracle économique.
Ainsi le village de Xiditou, 7000 habitants, à 15 km de Tianjïn, ville qui accueillera les épreuves de football, où le gouvernement a favorisé l’implantation d’usines chimiques, est pollué par un taux de plomb 300 fois supérieur au seuil tolérable par l’organisme et par un taux d’hydroxyde de benzène 10.000 fois trop élevé.
Ses nappes phréatiques chargées en benzène, bactérie, fluorure, etc… ont ravagé les élevages locaux de poissons. Ceux qui protestent sont tabassés par la police. Les membres de l’institut pour la protection de l’environnement ont été empêchés de faire des prélèvements par les policiers et milices locales. Les autochtones trop pauvres pour acheter de l’eau minérale continuent de consommer l’eau des nappes phréatiques.
Wang De Hua qui a voulu révéler l’existence de plus de 300 cas de cancer dans le village, a été condamné à 8 ans de travaux forcés pour « grave atteinte au gouvernement national ».
On estime sans pouvoir le prouver que le taux de cancer y est 25 fois supérieur que la norme, bien qu’un « rapport d’experts officiels » des autorités locales présentent d’autres chiffres tout à fait normaux.