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[Critique] Conjuring 2: Le Cas Enfield

Par Régis Marton @LeBlurayphile
[Critique] Conjuring 2: Le Cas Enfield

Titre original : The Conjuring 2

Un film de: James Wan

Avec: Vera Farmiga, Patrick Wilson, Madison Wolfe

États-Unis, 2016 Une nouvelle histoire vraie issue des dossiers d'Ed et Lorraine Warren : l'une de leurs enquêtes les plus traumatisantes. Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s'agira d'une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes...

Conjuring 2 donne à la fois suite au premier volet de James Wan en même temps qu'il perpétue et renouvelle une fois de plus la recette d'une série de films d'horreur relativement bon marché, en vogue depuis plusieurs années. Le coup est double: reproduire le même système en l'adaptant à chaque récit, tout en offrant les garanties attendues par son large public. Et sur ce, Conjuring 2 est plutôt une réussite. Sans doute le meilleur film de son réalisateur, il s'affranchit quelque peu des limites confortables qu'il semblait s'être posé dans la série Insidious.

Si les Insidious étaient marqués par un folklore aseptisé et forcé, toujours prisonnier de ses effets de manche à répétition qui semblent être une des composantes indispensables du cahier des charges de ce genre de films, avec son lot d'apparitions bruyantes, de jeux d'ombres convenus au milieu d'une mise en scène des plus banales (plans

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désaturés, lumière atone, péripéties redondantes) où un manque d'idées se fait cruellement sentir, Wan semble ici s'affranchir de ses habitudes tout en en reproduisant une partie. Plus expressif et moins académique, le film surprend d'abord par son image, pour une fois plus inspirée. On devine les spectres de John Carpenter (Halloween) et de William Friedkin (L'Exorciste) se dessiner derrière la mise en scène d'un jeu de couleurs plus franches, particulièrement dans les séquences nocturnes. On sent poindre l'envie de retrouver une esthétique des années 1980, artificielle mais aussi plus évocatrice: intérieurs orangés sur nuit bleue, profondeur de champ source de menace; ces choix distillent une tension qui parcourt le film dans toute sa durée et n'explose pas seulement par à-coups. Le travail sonore y participe aussi grandement, plus varié qu'à l'accoutumé. Ainsi, la première scène est une des plus efficaces du film, avec une belle idée (le jeu de double et de miroir) et l'émergence d'une violence tordue, éloignée de celle plus " propre " régulièrement proposée.

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Malgré tout, les systématismes sont bien là pour garantir l'identité du produit: caméra planant le long des couloirs à la manière d'un esprit rôdeur en même temps qu'effet 3D particulièrement à la mode, créatures grand-guignolesques et issue attendue, le plus frustrant reste, et c'est devenu une habitude, la désertion des personnages. Figures vides de psychologie et d'incarnation, elles ne peuvent compter que sur des acteurs s'accommodant du programme qui leur incombe. On est loin du jeune prêtre de L'Exorciste, dont la quête désespérée d'un signe venu d'ailleurs conduisait à la mort, ou des jeunes héroïnes de Wes Craven, qui vivaient une expérience traumatisante en même temps que fondatrice. Cet évitement constant, que la peur peut être aussi une initiation à la vie, place le film sous un pessimisme obligatoire et empêche tout élan en avant. De plus, les personnages qui en découlent, défaits d'enjeux et du moindre rayonnement, rendent impossible toute identification du spectateur et donc tout lien personnel avec le film. D'où le sentiment que ce que l'on voit ne nous concerne jamais vraiment, tout en étant constamment pris à partie. Toutefois, le rapide succès du film laisse facilement deviner une suite supplémentaire, en espérant que cette fois, le lien essentiel entre le film et celui qui le regarde ne sera pas esquivé.

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