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[Critique] L’AIGLE ET L’ENFANT

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] L’AIGLE ET L’ENFANT

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Titre original : Brothers of the wind

Note:

★
★
★
½
☆

Origines : Autriche/Espagne
Réalisateurs : Gerardo Olivares, Otmar Penke
Distribution : Jean Reno, Manuel Camacho, Tobias Moretti, Eva Kuen…
Genre : Aventure/Documentaire
Date de sortie : 6 juillet 2016

Le Pitch :
Lukas, fils de garde forestier vivant en haute montagne, trouve un jour un aiglon en détresse et décide de s’en occuper. Le jeune garçon se prend d’amitié pour le petit aigle qu’il prénomme Abel. Mais Abel est fait pour vivre libre…

La Critique :
L’Aigle et l’Enfant de Gerardo Olivares et Otmar Penker a été présentée comme une œuvre cinématographique mi-documentaire/mi-fiction, mais est en réalité plus proche d’un conte initiatique, que l’on peut qualifier « d’un peu à part ». Se parant de magnifiques paysages, ce joli conte se veut pauvre en dialogues entres protagonistes, tout en étant accompagné d’une voix off, celle Jean Reno en l’occurence. Un acteur bien dans son rôle et qui semble prendre un grand bol d’air frais. On notera qu’Omar Penker est spécialisé dans les documentaires animaliers, notamment pour la télévision, tandis que Gerardo Olivares s’est plutôt illustré dans ce que l’on appelle le « cinéma famille » en 2010. Ce dernier réalisa d’ailleurs le long métrage L’Enfant Loup, toujours avec Manuel Camacho que l’on retrouve ici.

L'aigle-et-lenfant-Jean-Reno

Il est toujours plaisant de voir débarquer ce type de cinéma sur les écrans, car il apporte quelque chose d’important, au-delà des sensibilités respectives. Ce genre offre tout d’abord un spectacle saisissant sur la beauté de la nature, mais propose aussi une réflexion intéressante sur un ton qui se veut poétique. Ce cinéma met en perspective les richesses de la biodiversité, par le biais d’images spectaculaires, en découle la nécessité de la préserver. L’histoire de ce long-métrage est simple. Ce que celui-ci raconte peut raisonner en chaque personne. Comment lâcher prise ? Être en paix avec son passé ? Et comment avancer après une épreuve, après des épreuves ? Voilà les enjeux traités ici. Des thématiques universelles qui trouveront forcément une résonance chez la plupart, au-delà des éventuelles critiques négatives que l’on peut faire au film. Attachons-nous donc d’abord au positif.

Comment concilier affection et liberté ? Un autre questionnement essentiel se trouvant au cœur de cette histoire qui prend de grandes envolées riches en oxygène. La liberté s’incarne ici surtout par la représentation de ce monde sauvage, non maîtrisé, immense et imprévisible. Par cet aigle royal, malchanceux à la naissance, et pris en charge par le jeune Lukas, le personnage principal. Ce dernier se prend d’affection pour le rapace et sa compagnie lui deviendra bien vite indispensable. Sauver cet aigle, qu’il prénomme Abel, une référence biblique qui prend tout son sens dans l’histoire, apparaît finalement comme se sauver lui-même. Abel et Lukas s’aideront donc mutuellement à surmonter leurs épreuves respectives. Plus largement, L’Aigle et l’Enfant nous plonge dans le rapport conflictuel qui existe entre l’Homme et le monde sauvage tout en ne manquant pas de souligner la dualité que présente la nature. Cette dernière tantôt sublime et merveilleuse, tantôt cruelle et dangereuse. Une complexité qui s’incarne aussi dans les relations humaines, illustrée à travers le conflit que Lukas entretient avec son père, tous deux en peine, mais incapables de communiquer.

Tourné dans le Tyrol (Vallée de Defereggen et Vallée d’Ahrntal en Autriche et en Italie), le film regorge d’images absolument superbes et de prises de vues particulièrement incroyables. En témoigne les scènes tournées du point de vue de l’aigle, avec caméra embarquée, et ses pics vertigineux immersifs. Que dire de ces séquences tournées en grand angle dans la nature ? L’orage, le ciel étoilé ou la saison d’hiver, tous divinement filmés ? Les images, la lumière, les plans, tout a été traité avec grand soin, et nous permet d’ailleurs d’en apprendre davantage sur les aigles, ces grands rapaces charismatiques à la force de frappe impressionnante. Rien que pour cela, le film est un véritable spectacle qui mérite le déplacement.

Mais ces images sont surtout là pour soutenir l’histoire du jeune Lukas, isolé et introverti, et que les épreuves de la vie ont rendu muet. Il s’agit de dénouer la trame de l’histoire de ce jeune personnage, plutôt bien incarné, au travers d’un récit intrigant. Lukas est interprété par Manuel Camacho, et est épaulé par deux autres acteurs incarnant des gardes forestiers : Jean Reno, l’ami de Lukas, et Tobias Moretti. père du jeune homme.

L’évolution étapes par étapes et les différents questionnements existentiels qui prennent pied au beau milieu d’un univers contemplatif, sont autant d’éléments qui rangent bel et bien ce long-métrage au rayon des « contes initiatiques ». L’objectif premier n’est pas de parler de préservation de la nature car le propos s’impose de lui-même avec les images et les décors, ni de s’attarder sur les relations inter-espèces à la sauce Disney. Non, ici, le but principal est d’évoquer les luttes inhérentes aux êtres humains, les combats intérieurs à mener, et les chemins possibles qui mènent à la guérison. Relations familiales compliquées, isolement et visions différentes de mode de vie, autant de thèmes abordés qui font la richesse du propos.

Alors qu’en est-il des bémols ? Tout d’abord, cette version française, franchement pas terrible. Il y a eu pire, c’est sûr, mais force est de reconnaître qu’elle nuit tout de même au film, et c’est bien dommage. Il est aussi possible que certains relèvent un aspect un peu trop convenu, lisse ou facile, c’est au choix, dans certains traitements qui se veulent avant tout accessibles. En somme des personnages peut-être légèrement caricaturaux. On peut aussi regretter l’image du loup qui est dépeinte à travers une séquence où le canidé apparaît telle une bête féroce avide de sang humain. Tout l’opposé de ce qu’est Canis Lupus, au regard des spécialistes. Dommage, C’eût été l’occasion de lui rendre de sa superbe. Toujours dans les bémols, on mentionnera que l’équipe du film a eu recours à une fauconnerie, et donc à du dressage d’aigles pour le tournage, forcément. Étant donné que le propos se veut accès sur la liberté et la protection de la faune sauvage, certains pourraient tiquer.

L’Aigle et l’Enfant aura au moins le mérite de mettre en avant les grandes capacités des aigles, animaux mystiques, tout en montrant la nature dans toute sa splendeur. Magnifique, captivante, imposante. Abel, l’aigle recueilli par Lukas, est d’ailleurs l’un des personnages principaux, au même titre que les humains. Il y a de la poésie dans tout ça, il y a une leçon d’acceptation et d’espérance à entendre, et comme dit plus haut, qui devrait pouvoir raisonner en chacun. Alors même si tout n’est pas parfait, c’est déjà très bien.

@ Audrey Cartier

L'aigle-et-l'enfant
  Crédits photos : Légende Distribution/Marco Polo Production


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