Magazine Société

Le bel âge, d'Yvette Wagner

Publié le 16 juillet 2016 par Francisrichard @francisrichard
Le bel âge, d'Yvette Wagner

Le bel âge, ce serait vingt ans, ou autour de vingt ans. C'est du moins ce qu'on dit, notamment ce que disent celles ou ceux qui se penchent sur leur lointain passé. Mais ce n'est évidemment pas toujours le cas. Mais, quand ça l'est, il ne faut surtout pas bouder le plaisir de s'offrir de tels souvenirs, même s'ils deviennent fugaces et veulent s'échapper.

Dans son roman, plein de charme, à l'image de la couverture - L'autoportrait à la toilette de Zinaida Serebriakova (1909) - Yvette Wagner met en scène deux personnages, Léa et sa petite-fille Elodie. Elodie a dix-neuf ans. Léa en la recevant chez elle pour y passer la nuit se souvient du temps où, étudiante à Berne, elle avait ce même et bel âge.

Les époques ne sont plus les mêmes. Les moeurs ont changé. Les couples duraient des décennies, ils se décomposent très vite aujourd'hui. Les moyens de communication incitaient à prendre son bien, ou son mal, en patience, ils permettent maintenant l'instantané des relations, qui, du coup, sont bien souvent éphémères.

De temps en temps, Léa reçoit chez elle sa fille Daphné, divorcée, ou l'un de ses petits-enfants, l'une des cadettes Elodie ou Constance, ou plus rarement, l'aîné Mathieu. Est-elle incluse dans leur vie? Comme un repère, dont on s'assure de la présence... de loin en loin? Un élément stable, inamovible dans le capharnaüm que [devient] toute existence aujourd'hui?

Il faut croire que Léa est incluse dans la vie d'Elodie, comme Elodie l'est dans celle de Léa. Il y a en effet entre elles une complicité naturelle. Pour Elodie, Léa est le seul lien qui demeure de sa famille éclatée, et son refuge. Pour Léa, Elodie, pour laquelle elle éprouve de la connivence, est une présence familière dont elle peut désormais difficilement se passer.

Quelle que soit l'époque, cependant, la vie, sous des formes changées, est faite d'amours déçues, d'amitiés qui perdurent ou se perdent, de heurts d'enfants avec leurs parents - déni du libre-arbitre d'un côté, refus d'une existence imposée de l'autre -, de chagrins plus ou moins douloureux. Une force étrange pousse pourtant les humains à poursuivre leur chemin jusqu'au bout...

Francis Richard

Le bel âge, Yvette Wagner, 64 pages, Editions de l'Aire


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine