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Le seul éleveur d’oursins d’Europe est rétais

Publié le 21 juillet 2016 par Blanchemanche
#échiniculture #IledeRe

Publiéle 21/07/2016
Yvan Le Gall a étudié la gestion d’entreprise puis la biologie marine. Aujourd’hui, ces deux formations lui sont tout aussi précieuses.
Yvan Le Gall a étudié la gestion d’entreprise puis la biologie marine. Aujourd’hui, ces deux formations lui sont tout aussi précieuses.© PHOTO DR

Il n’en existe qu’un seul en Europe. Et il exerce ici, sur l’île, dans la zone ostréicole du Petit Préau entre La Flotte et Saint-Martin-en-Ré. Son métier : éleveur d’oursins.

ANAÏS MORAN«Vous savez, j'ai toujours connu les oursins à la maison. » Il est bien le seul. Dans une Normandie des années 70 encore très rurale, certains aident leurs parents à sortir le bétail le week-end. Yvan, lui, côtoie oursins et autres échinodermes à ses heures perdues sur les côtes de la Manche. Son père, Pierre, est enseignant-chercheur en biologie marine à l'université de Caen. Précurseur dans le développement de l'élevage d'oursins en France, il parvient à trouver une technique infaillible pour la reproduction de ces châtaignes de mer au début des années 80. Cette technique est, encore à l'heure actuelle, l'unique en France. Personne, pas même l'Institut océanographique Paul-Ricard n'est parvenu à maîtriser le processus de bout en bout, de la pondaison à l'âge adulte du petit animal.Un emprunt de 300 000 eurosL'Oursine de Ré est donc une entreprise d'aquaculture reposant sur l'héritage familial. Avec sa femme Fabienne, ils l'ont créée en 2006. « Nous n'héritions pas seulement d'une technique, mais aussi d'un terrain sur l'île de Ré qui appartenait à la famille. Il ne suffisait plus que d'avoir l'envie, et nous en avions évidemment à revendre », raconte l'échiniculteur. Et un banquier compréhensif. Le couple emprunte. Les bâtiments et leurs outils de travail leur coûteront 300 000 euros.Ils quittent alors tous les deux leur poste de soigneurs plongeurs à l'aquarium de La Rochelle. Après presque une dizaine d'années de loyaux services, Yvan Le Gall n'y voyait plus de perspective de carrière : « Il fallait que je me lance ! » Il a eu raison. Tous les ans, son entreprise fournit plus de six tonnes d'oursins. Habituellement, cinq tonnes sont transformées en terrine et le reste est vendu frais et vivant. La demande en France est très forte : Yvan Le Gall n'a jamais eu à démarcher qui que ce soit. Les clients viennent à lui, en nombre. Alors l'échiniculteur travaille, beaucoup. « En dix ans, je pense qu'on a dû prendre dix semaines de vacances », assure-t-il. Le week-end, Fabienne, éco-garde pour la Communauté de communes, vient lui prêter main-forte. « Il y a tellement de choses à faire, explique-t-il. La comptabilité, la vente, la reproduction, la conserverie… Ce n'est vraiment pas facile de travailler seul tous les jours. » Yvan n'est pas seulement éleveur, il est aussi chef d'entreprise. Et son seul salarié, c'est lui-même.Traitements anticancéreuxCertains de ces oursins sont vendus pour la bonne cause. CNRS (Centre national de la recherche scientifique), universités et centres de recherches utilisent les hérissons de mer de l'éleveur pour faire avancer le travail sur la division cellulaire, et donc sur les traitements anticancéreux. De grosses entreprises comme l'Oréal font aussi appel aux oursins d'Yvan pour déterminer la qualité de certains milieux naturels. « Effectivement, ces animaux sont des bio-indicateurs, abonde-t-il. Ils permettent de déterminer le taux de pollution. » Le travail d'Yvan Le Gall n'a pas qu'un but commercial.PLAISIRS CULINAIRESL’Oursine de Ré organise, tous les mercredis et vendredis, une matinée dégustation dans la zone ostréicole du Petit Préau, à partir de 10 h 30. Au menu, mousse d’oursin au Cognac, corail d’oursin naturel et d’Ormeaux à la Dulse.Tarifs : 11 € par adulte et 6,50 € par enfant (entre 6 et 12 ans). Réservations auprès de l’office de tourisme de La Flotte en Ré.À la rencontre des oursins de l’îleRé la Blanche recense une dizaine d’espèces d’oursins différentes. Seule deux d’entre elles sont réellement comestibles, principalement pour une raison gustative : l’oursin violet et l’oursin vert. Attention, avant de préparer le pain frais et le beurre demi-sel, la réglementation de pêche est très stricte. Impossible donc de pêcher cet été sur les côtes rocheuses de l’île. Seuls les trois mois précédant et suivant Noël sont autorisés pour la pêche du hérisson de mer.Si l’île de Ré est réputée pour la préservation de son environnement, elle n’échappe pas à la règle de la disparition croissante des oursins en milieu naturel. « Le phénomène d’extinction de cette espèce animale est mondial, explique Yvan Le Gall. Il y en a de moins en moins partout. Cela est surtout dû à une surpêche et la pollution qui empêche la phase larvaire de se faire correctement. »La seule chance de déguster des oursins de Ré repose donc sur Yvan Le Gall. Cette année, il réserve avant tout les échinides aux dégustations et aux terrines vendues en supermarchés ou dans les épiceries fines insulaires. La vente directe d’oursins vivants aux particuliers n’aura pas lieu cet été.A. M.http://www.sudouest.fr/2016/07/21/le-seul-eleveur-d-oursins-d-europe-est-retais-2441803-1381.php

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