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Un francais - 7,5/10

Par Aelezig

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Un film de Diastème (2015 - France) avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy, Olivier Chenille

Film polémique... j'aime ça !

L'histoire : Le jeune Marco est skinhead. Sans doute par hasard ; parce qu'il a rencontré d'autres skinheads, qu'il a trouvés sympas. Son père est malade, alcoolique, sa mère est aimante mais peu éduquée. Ils vivent dans une tour et sont environnés de "rebeus". Alors ils cognent et terrorisent. Ils sont habitués à ce qu'on les craigne ou qu'on les juge... ce qui amplifie leur haine, celle d'être incompris. Marco, un jour où il ne sent pas bien, se réfugie dans une pharmacie. Malgré son accoutrement, qui terrifie une vieille dame, le pharmacien s'occupe de lui avec bienveillance et gentillesse. Ils vont devenir amis. Peu à peu Marco va se délester de sa haine.

Mon avis : Ce film, avant même sa sortie, a provoqué des discussions sans nom et il a même failli ne pas être distribué. Je me souviens à l'époque avoir remué les troupes un peu partout pour défendre le réalisateur au nom même du droit à l'expression que l'on autorise à certains mais pas à d'autres... C'est quoi le problème ? Diastème, dont c'est le deuxième long, raconte l'histoire d'un skinhead français... et tout le monde s'est mis à l'accuser d'être pro-FN et islamophobe. Ce pays est décidément incroyablement bête. On s'est moqué des Américains pendant des décennies pour leur "politiquement correct" ; on est devenu bien pires qu'eux. Il est interdit de dire qu'un musulman est con, même s'il l'est. Il est interdit de dire qu'un skinhead peut se racheter une conduite. Il est interdit d'appeler un chat un chat. Il ne faut parler que de bisounours, alors même que, dans la rue, c'est un autre combat qui se livre et que la parole se déchaîne. De plus en plus violemment.

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Les films qui dérangent, moi j'adore. Pour comprendre un phénomène de société ou bien s'interroger sur un événement. Réfléchir. On dirait que nos hommes de pouvoir, perchés dans leurs tours d'ivoire, nous dictent ce qu'on doit penser et veulent annihiler toute réflexion personnelle... Un peuple de moutons. C'est à vomir.

Ce film donc, je l'ai aimé. Simple, carré, pas d'esbrouffe, il nous montre une certaine composante de la France, sans compromis. Des skinheads, ultra-violents, terrifiants, et puis l'itinéraire d'un d'entre eux qui peu à peu se libère de ses excès de jeunesse, apprend beaucoup de ses contacts avec les autres et se range peu à peu du côté des tolérants, des bienveillants... quitte à se faire insulter et traiter de traître par ses anciens amis. Un film positif donc ! Et bien non... les censeurs ont vu là une ode à l'extrême-droite. Un skinhead ne peut pas changer, il sera skinhead toute sa vie et montrer qu'on peut mûrir, c'est verboten.

Ce pays n'autorise pas la rédemption. Il est totalement sclérosé. On le voit dans le monde du travail où il est quasi impossible de se recycler... on vous renvoit toujours aux premières lignes de votre CV. Moi, qui étais secrétaire et donc forcément à même de travailler dans n'importe quel bureau, une fois que j'ai eu le malheur de bosser dans le financement, je n'ai jamais pu changer par la suite : "vous n'avez pas d'expérience DANS notre activité". Comme si brasser des papiers parlant de gros sous différait de brasser des papiers parlant de radiateurs.

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Ceci dit... polémique dans la polémique : il a été dit ensuite que le réalisateur avait "inventé" cette histoire parano de méchants distributeurs pour faire le buzz et que la non-distribution à la date prévue est simplement une histoire de timing, du fait de sa mauvaise organisation à lui... Décidément, il est bien difficile de se faire des opinions dans cette société où on nous annonce en permanence tout et son contraire.

En tous cas, moi j'ai aimé ce film, qui retrace la vie d'un homme et ses choix douloureux, sur une période de vingt ans ; qui nous plonge dans le milieu skinhead que l'on préfèrait croire inexistant dans notre pays ; et qui nous montre bien, au contraire, comment ces derniers ont pu acquérir au fil du temps une cetaine légitimité en faisant repousser leurs cheveux, en portant une cravate, et en se mêlant aux BCBG du Front national.

Ce n'est pas une oeuvre d'art, c'est davantage un film social, sincère, émouvant et bravache à la fois, audacieux et courageux, avec un jeune acteur très crédible.

Malheureusement, il passera à mon avis totalement inaperçu, notamment de ceux à qui l'on voudrait faire passer le message...

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Il y en a qui vous disent "Epoque révolue. Il n'y a plus de skinheads en France." Si, mais ils mettent des costumes maintenant, on les prend pour des fils de bonne famille. C'est ça que le film montre, aussi.

Les critiques sont plutôt bonnes dans l'ensemble. Ouf.


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