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Le sort des Roms à Montpellier, un scandale d'Etat

Publié le 25 juillet 2016 par Jean-Emmanuel Ducoin
Quand un préfet et un procureur de la République s'entendent pour accélérer les expulsions, sans respecter les procédures légales...
Le sort des Roms à Montpellier, un scandale d'EtatExpulser les Roms par tous les moyens: pour les lecteurs de l’Humanité, l’information sur les pratiques souvent inacceptables du pouvoir ne surprendra personne. Mais ce que nous révélons aujourd’hui dans nos colonnes démontre point par point jusqu’où peut aller la perversité de la puissance publique soumise aux diktats d’une politique d’immigration qui rejette, presque par principe, l’idée du respect des procédures de droit, quitte à entraver les règles républicaines les plus sacrées. L’affaire se passe à Montpellier, mais comment croire que ces méthodes soient circonscrites à cette seule grande métropole. Jugez-en : les procès-verbaux que nous nous sommes procurés prouvent que, pour chasser le Roms le plus vite possible, à moindre coût et évidemment en masse pour «faire du chiffre», le procureur de la République de Montpellier et la préfecture de l’Hérault ont littéralement monté un système de collusion, au moins depuis 2012. Pris dans les rouages de cette machine à détruire des individus, les citoyens roumains servent de cobayes à des actes qui enfreignent et/ou détournent toutes les procédures pénales et légales. Juste un exemple parmi d’autres : certaines OQTF – les fameuses «obligations de quitter le territoire français» – sont datées le jour même du contrôle de police de certains Roms, ce qui signifie qu’elles sont prérédigées, avant les recours normaux, comme recevoir l’appui juridique d’un avocat… sans parler de PV carrément illégaux! Un véritable scandale d’État.
Nous le savons, 2015 avait déjà été une année difficile pour les Roms. Près de 11 000 demandes d’OQTF, des milliers réalisées par la force. D’après les associations, les premiers mois de 2016 s’annoncent plus terribles encore, alors que les discours officiels, la main sur le cœur bien sûr, vantent l’«intégration» des populations concernées. Que des mots. Réduits aux bidonvilles et habitués aux expulsions à répétition, aux déplacements contraints, les Roms peinent ainsi à se sédentariser et à s’inscrire durablement dans les cursus classiques, éducatifs ou autres, comme l’entrée dans le monde du travail, là où des tentatives sont désormais à l’œuvre. L’État mène une guerre qui ne dit pas son nom et trahit ses missions élémentaires. Celle de l’urgence de solidarité. Celle du devoir d’accueil dans des conditions humaines.
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 26 juillet 2016.]

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