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Portishead so far : 1994-2008

Publié le 27 juillet 2016 par Heepro Music @heepro

Trop longtemps, j’ai snobé cet autre groupe venu de Bristol. Pourquoi ? Je ne sais pas. Mais j’ai l’impression que la vois de Beth Gibbons y a été pour quelque chose. Et puis, aujourd’hui, je crois avoir compris que leur musique était, dans les années 90, très, peut-être trop, directement inspiré par l’univers hip-hop. Certes, le mouvement trip-hop est directement né du hip-hop. Pour autant, avec Massive Attack, Tricky, Archive, Earthling ou encore Jay-Jay Johanson, jamais ce lien étroit ne m’aura troublé. Malgré le fort degré d’ambiance cinématographique (ici, je ne peux oublier de mentionner Goldfrapp, duo anglais qui sortira de l’ombre en 2000 et dont la chanteuse Alison Goldfrapp avait, entre autres, collaboré avec Tricky en 1995). Aujourd’hui donc, plus de 20 ans après la sortie de leur premier album, me voici enfin à reconsidérer, avec le plus grand des reculs possibles, leur brève et intense discographie, l’une des plus belles des deux précédentes décennies. En attendant qu’ils ouvrent leur compteur pour les années 10’s.

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Portishead {Dummy}
En 1994-1995, personne sur Terre n’aura pu échapper à Portishead, à Dummy, et, surtout, à « Glory box ». Quels que soient les louanges reçues par le groupe concernant ce premier opus, autant à l’époque que réciproquement depuis, rien n’aurait été pareil sans ce tube, largement emprunté à Isaac Hayes (étonnamment, ou pas, un autre Bristolien, Tricky, réutilisera le même sample pour son premier album personnel en 1995, son Maxinquaye devenant l’un des autres piliers des années 90). Bien sûr, ailleurs, les dix autres titres sont tous tout aussi réussis et splendides, touchants ou percutants. Le travail du trio Gibbons-BarrowUtley s’imposant dès lors, et cela encore jusqu’aujourd’hui, comme l’une des références absolues de la musique des années pré- et post-2000.

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Portishead {Portishead}
La réponse à ce premier chef-d’œuvre suivra en 1997. Évidemment, il n’aurait pu s’intituler autrement que, sobrement, Portishead. Plus encore peut-être que sur le premier, le cinéma semble ne pas lâcher les esprits du trio. De même, le hip-hop n’est pas en reste, avec notamment un superbe sample de The Pharcyde, groupe phare de la scène américaine (comment ça, de quelle côte ?!). Ce deuxième album marquera tout autant les esprits que son aîné, malgré qu’aucun single ne devienne aussi connu que « Glory box ». D’une certaine façon, il s’agit presque d’une suite, une continuité plus que continuation de Dummy, et il ne servirait à rien, mais alors strictement à rien du tout, de vous dire que l’un est meilleur que l’autre.

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Portishead {Third}
Dès lors, après deux albums si proches bien qu’absolument pas similaires, difficile d’en vouloir au groupe quant au temps qu’il aura fallu attendre le troisième (et à ce jour dernier) album du groupe. Oui, il aura fallu attendre 11 ans pour qu’un nouvel album studio soit publié. Avec son titre et sa pochette ultra efficaces, Third ne pouvait pas faillir dans l’appel du pied lancé. Et les éloges n’allaient pas tarder. En y regardant de plus près, peu d’albums en 2008, peut-être même aucun autre n’aura autant été apprécié. Quel succès ! De mon côté, forcément, j’avais tenté l’expérience : rien à voir avec Dummy (je ne connaissais pas encore Portishead, ou très peu, car trop proche du premier), plus brute encore, le hip-hop semblait loin cette fois-ci. Les stigmates du nouveau millénaire et tout ce qu’il a pu se passer dans le monde en l’espace d’une décennie se faisant sentir. Fer de lance de cette humeur à mi-chemin entre euphorie glaçante et défaitisme chaleureux, un certain « Machine gun », parfaitement intitulé et qui ne peut littéralement faire que des « dégâts ». Pour la petite note, un certain Will Gregory, de Goldfrapp, joue du saxophone sur deux titres de l’album.

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En trois albums, Portishead s’est constitué une discographie simple, efficace, dotée d’une personnalité inimitable, et aura sans hésitation aucune permis à de très nombreux artistes (une certaine Amy Winehouse était devenu fan à la découverte de Portishead). Aujourd’hui, huit ans après leur dernier essai, inutile de dire que le tant attendu – et espéré – quatrième album aura la très lourde tâche de devoir, au moins, poursuivre dans la voie ouverte par Portishead en 1994, voie que seul le groupe lui-même a su depuis suivre avec humilité. Mais je ne saurais trop parier sur le fait que, s’il venait à exister, le quatrième opus de Portishead serait à coup sûr une nouvelle œuvre majeure de la musique actuelle.

(in heepro.wordpress.com, le 27/07/2016)


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