Magazine Société

Évacuation à Saint-Ouen : on prend les mêmes et on recommence !

Publié le 27 juillet 2016 par Asse @ass69014555

Évacuation à Saint-Ouen : on prend les mêmes et on recommence !Il y a presque un an jour pour jour (le 24 juillet 2016), le village d'insertion des roms de Saint-Ouen était expulsé. Le 26 juillet, ils se retrouvent de nouveau sur les trottoirs après avoir été mis à l'abri dans un immeuble réquisitionné par le DAL Paris début septembre 2015...

Évacuation à Saint-Ouen : on prend les mêmes et on recommence !
Après plus d'un mois de " camping " devant la mairie de Saint-Ouen pour exiger un relogement, les roms de Saint-Ouen n'ont finalement pas eu d'autre recours, " à l'arrache " que de squatter début septembre 2015 le foyer de jeunes travailleurs Cara sous la houlette du DAL Paris, avec d'autres personnes en situation de pauvreté et sans logement. Mais sans que les membres du DAL Saint-Ouen qui participaient au Comité de soutien n'en soient même informés. Sans grand suivi non plus...

Bref. Ils ont néanmoins trouvé un refuge à Cara durant près d'un an. Les enfants ont pu finir leur année scolaire. Certains adultes ont vu leur situation évoluer, tel Marius qui travaille depuis fort longtemps et s'est enfin vu attribué un " vrai " logement le 15 mai dernier après des mois d'errance d'hôtel en hôtel...

A Cara, même s'ils ont pu compter sur l'aide de leurs soutiens, l'année n'a pas été des plus simples. L'immeuble n'était plus entretenu par personne. Les poubelles n'étaient pas ramassées. Il y a eu des coupures d'eau, des vitres brisées, des canalisations explosées, un incendie... Mais aujourd'hui ils sont de nouveau sur le trottoir ! Une situation inadmissible due à la politique de William Delannoy, maire de Saint-Ouen, fermement décidé à " rénover " sa ville en vendant son parc immobilier (HLM, Maisons de colonies de vacances, Cara...) au privé, ce qui engendrera inéluctablement un accroissement de la précarité pour des centaines de familles déjà très touchées.

Le 25 juillet, ils ont compris en découvrant des palettes de parpaings au pied de leur immeuble qu'une page allait se tourner...

David, soutien
Évacuation à Saint-Ouen : on prend les mêmes et on recommence !
Hier soir, en guise d'annonce d'expulsion, les occupant-e-s ont constaté la présence de parpaings à proximité du foyer. La rumeur courait depuis plusieurs jours, mais cela confirmait les inquiétudes, à savoir que c'était pour ce matin.
Le Foyer CARA, " bijou de famille " de Saint Ouen selon le maire UMP, a vu défiler entre ses murs des milliers de personnes venues tenter leur chance en France ou en région parisienne en ses 30 et quelques années d'existence. C'était également un lieu de vie démocratique à Saint Ouen. L'atelier de vélo solidaire, une association de danse hip hop y menaient leurs activités. Des organisations politiques, féministes , y tenaient meetings, réunions, soirées. Depuis deux ans et demi, la situation s'est détériorée. La mairie précédente avait la volonté de fermer le foyer et l'actuelle a laissé pourrir la situation. L'association est entrée en cessation de paiement. Les résident-e-s ont été abandonné à leur sort. Le foyer a été occupé à l'hiver et au printemps 2014, 150 personnes avaient alors été expulsées par des vigiles payés par l'OPHLM. A l'automne dernier, le DAL Paris a occupé le foyer, remplissant la tour, qui devait compter 350 habitant-e-s à son expulsion. Ce matin, à 6 heures tapantes, plusieurs groupes de CRS sont entrés dans le foyer, ont frappé aux portes et demandé aux gen-te-s de dégager. Ca leur a pris un sacré moment bien entendu de faire les 14 étages. Des gen-te-s sont resté-e-s longtemps à l'intérieur du foyer, et l'un a été arrêté et placé en garde à vue. Nous avons pu rentrer un moment rechercher nos affaires restées en haut, mais avons du laisser beaucoup derrière nous. Nous n'avons pas eu le droit aux petits déjeuners des expulsion médiatisées des camps de migrant-e-s. 296 personnes étaient sur la liste de la préfecture datant de plusieurs mois. Un certain nombre est resté sur le carreau. Des officiels étaient là pour attribuer des hôtels et organiser des transports en cars de la police. Les résident-e-s, les familles roms expulsées du village d'insertion l'année dernière, les adhérent-e-s du DAL, les migrant-e-s ont été dispersés entre le 93, le 77 et le 95. Les mineur-e-s isolé-e-s ont été pris en charge. Les personnes âgées et femmes enceinte auront le droit à un mois d'hôtel, les autres jusque vendredi.... 5 OQTF ont été délivrées. Quelle honte de voir ces familles, ces mères, ces enfants, ces jeunes, expulsé-e-s de chez eux ! La mairie n'a pas daigné pointer le bout de son nez... Si le maire déclare que le relogement des résidents était quasiment terminé, qu'il terminé. Quant à l'OPHLM, propriétaires des murs, un de ses gros bras était là pour le représenter. C'est le procès intenté à l'association CARA qui a permis l'expulsion. Au mois de novembre, un jugement a sommé l'association et ses résident-e-s de quitter le foyer. La préfecture avait du mal à se lancer dans cette expulsion, puisque après tout le foyer faisait le travail du 115 dans le 93 et que vue la hauteur de la tour, elle était dangereuse. Autant dire que le propriétaire et la mairie doivent être satisfaits. Le dispositif policier interdisait aux soutiens d'entrer dans le périmètre du foyer, et de nombreuses personnes sur la liste ont galéré à pouvoir accéder aux officiels de la préfecture. Face aux intérêts immobiliers, à la volonté de transformer Saint Ouen en Levallois du 93, la vie de jeunes et de familles qui vivent là depuis parfois 10 ans compte peu. Une fois tout le monde monté dans les cars, les déménageurs ont commencé à faire leur travail, arrosant de verre tombé du 13ème étage de la route les passants. On est peut être dispersé-e-s mais on était ensemble et on reste ensemble, solidaires. Carayevo, c'est peut être fini, mais la lutte continue ! Le Parisien - 27 juillet 2016

Saint-Ouen. Promis à la démolition, l'immeuble a vu hier le départ de ses occupants, dont de nombreuses familles.

Les 190 chambres de la tour Cara, rue Adrien-Meslier à Saint-Ouen, ont été évacuées hier matin. En tout, au moins 292 personnes y vivaient illégalement et dans des conditions déplorables. L'expulsion a été décidée, par jugement, le 6 novembre. Elle a été menée entre 6 h 30 et 8 h 30, sous la surveillance d'une centaine de policiers. " Beaucoup d'entre nous avaient été prévenus par le bouche-à-oreille, témoigne Ahmed, l'un des occupants expulsés. Certains ont attendu toute la nuit avec leurs affaires en bas de l'immeuble. "

Cet ancien foyer de jeunes travailleurs, élevé sur 14 étages, est promis à la destruction depuis 2014. " Nous avions quasiment terminé les relogements quand l'association DAL (Droit au logement) a organisé une occupation massive ", explique le maire (UDI), William Delannoy. En septembre, l'association a investi l'immeuble pour loger une centaine de personnes à la rue, surtout des familles, notamment roms. " Maintenant que la tour a été évacuée, nous allons pouvoir reprendre les démarches de démolition. Celle-ci devrait avoir lieu avant la fin de l'année. A la place, 150 logements, dont 30 % de logements sociaux, seront construits ", détaille l'élu.

Hier, des déménageurs ont vidé l'intégralité des chambres et les entrées ont été murées pour empêcher toute nouvelle installation. La tour est " dangereuse ", selon la préfecture. L'association qui gérait ce bâtiment a été mise en liquidation judiciaire il y a environ un an. Depuis, personne ne s'occupe de l'entretien ou de la gestion des logements. Au rez-de-chaussée, une fuite a provoqué une gigantesque flaque d'eau, les parties communes sont jonchées de déchets et envahies par les rats. Tout dysfonctionne, l'électricité, la plomberie...

Les tensions entre les occupants étaient fortes. " Il n'y a aucune sécurité incendie ", ajoute encore la préfecture qui dénonce le coup de force du DAL l'an dernier : " L'association s'est totalement désintéressée de l'entretien et de la gestion de cette tour, mettant les occupants qu'elle prétend aider dans des conditions de salubrité et de sécurité inacceptables. " Le DAL se défend : " Nous n'avons pas la compétence pour gérer un immeuble... Notre objectif était de mettre à l'abri des familles qui dormaient dehors, sans aucune solution. Là, elles vont retourner dehors. "

" Maintenant, je suis à la rue, nous sommes pleins dans ce cas, sans même un début de solution pour pas rester dehors ", témoigne Lorenzo qui vivait depuis un an dans la tour Cara. Parmi les habitants expulsés, la préfecture a identifié 110 personnes " vulnérables ". Celles-ci seront accueillies en hébergement d'urgence mais la préfecture n'a pas indiqué la durée de ce relogement. Les autres ont droit à trois nuits d'hôtel.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Asse 15027 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine