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Les rêves dans la maison de la sorcière de Mathieu Sapin et Patrick Pion

Par 7bd @7BD
ULes rêves dans la maison de la sorcière Rue de Sèvres Titre : Les rêves dans la maison de la sorcière
Dessins : Patrick Pion Scénario : Mathieu Sapin
Couleurs : Walter Pezzali
Sur une nouvelle de H.P.Lovecraft Éditeur : Rue de Sèvres Année : 2016 Nombre de pages : 64
Résumé :
Walter Gilman, étudiant en mathématique au revenu modeste, s’installe dans une chambre de bonne sous les combles d’un vieil immeuble. Mais cet appartement est la cible d’une horrible rumeur concernant une vielle dame dite sorcière ayant, quelques siècles auparavant, occupé cette chambre. Celle-ci était accusée de pouvoirs maléfiques comme circuler librement entre des dimensions. L’appartement est maintenant dit hanté par cette vieille dame.
 
Walter, au fils du temps, éprouvera malaise et fièvre et va se mettre à faire des rêves étranges, de plus en plus atroces, impliquant une vielle dame.
Et en parallèle de cela, il va se plonger intégralement dans son sujet d’étude qui porte aussi sur une mise en équation pour prouver l’existence de dimensions parallèles.

Mon avis :
Dans ma jeunesse, j’eus été un adepte du grand et mythique jeu de rôle «L’appel de Cthulhu». C’est d’ailleurs par ce biais que j’en suis venu à découvrir l’univers fantastique-horreur de ce maître de la littérature Howard Phillips Lovecraft. Autant dire que j’en ai épluché de ses ouvrages, et j’ai eu beaucoup de frissons… Mais certainement pas encore assez car je découvre par bonheur cette nouvelle au travers de cette BD.
Beaucoup de BD ont été adaptés de son univers. On peut noter par exemple « Cthulu » et « Les mythes de Cthulu » d’A.Breccia, « l’Affaire Charles Dexter Ward » de Culbard, « les cauchemars de Lovecraft » d’H.Lalia etc… , ou bien même dans l’humour « Cthulhu, ça tangue » dont vous pouvez lire la chronique sur le site 7BD.
Me voilà donc bien ravi en abordant cette BD.

Les rêves dans la maison de la sorcière page 8 Rue de Sèvres

Planche 8

Le dessin, les effets, les couleurs, la mise en scène :
Le dessin de Patrick Pion est dans un style réaliste contemporain au trait particulièrement vif, anguleux, saccadé et hachuré mais tout de même avec beaucoup de finesse et de détails.
L’univers est comme on s’y attend, sombre et inquiétant avec des couleurs contrastées mais dans une palette qui se veut plutôt terne, sans éclats.
Chaque page a sa dominante de couleur froide mais il arrive par moment d’avoir quelques éclats de chaleur vite dissipés, ou de couleur tranchante pour instaurer la peur (rouge vifs des yeux d’un rat par exemple…).
Le jeu des ombres est magistral pour cette BD. Les aplats de noirs, les nombreuses hachures et crayonnés rendent bien cette ambiance pesante et suffocante des romans de HP Lovecraft.
Les univers parallèles (rêves) sont très distincts au cours du récit en passant de planches colorisées à des planches somptueuses en noir et blanc.
Les détails architecturaux sont magnifiquement précis et limite angoissant.
Le talent graphique de P. Pion est indéniable.
Les mises en scène sont bien menées, les artifices cinématographiques sont juste comme il le faut, cependant il reste parfois quelques petits défauts (comme des proportions dans les perspectives…).

Les rêves dans la maison de la sorcière page 13 extrait Rue de Sèvres

Extrait de la planche 13


Le scenario, le découpage :

Cette œuvre est donc basée sur une nouvelle de Howard Philips Lovecraft, écrivain maître dans l’art du suspense horrifique. Mathieu Sapin a réussi à l’adaptée avec un certain brio et surtout différemment d’autres excellentes adaptations de romans ou nouvelles de HP. Lovecraft en BD, citées précédemment.
L’ambiance et le décor sont instaurés sans attendre : une chambre maudite et un brillant étudiant trop curieux et porté sur l’étrange… Le reste n’est pratiquement qu’un long jeu narratif lancinant, surprenant et efficace, pour bien cibler l’isolement et la solitude de la « victime », avec une montée en suspense bien travaillée.
Le découpage laisse beaucoup de place au dessin. Les cases sont grandes, beaucoup de pleines pages (pour les mondes parallèles), et le reste est souvent en style « gaufrier » ordonné de six vignettes. Il existe quelques variantes intéressantes de longues bandes verticales…
Le petit point négatif, selon moi est la typologie employée dans les bulles de narration façon manuscrite, nous obligeant à rester attentif et concentré… Les « pavés » de narrations peuvent en rebuter aussi quelques-uns qui chercheraient du dialogue… mais dans ce cas, il ne faut pas en venir aux mondes de Lovecraft…


Dans l’ensemble, l’adaptation de ce récit est convaincant, proche du monde sombre que l’on peut s’imaginer en lisant les livres de HP. Lovecraft. Le suspense et cette impression de présence continuelle de noirceur sont bien rendus…
Bref un beau travail pour un duo qui, apriori loin de leur registre d’usage, n’était donc pas habitué à ce genre d’exercice.
Ciao
Yann
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