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Jason Bourne

Par Mrvladdy @mrvladdycrane

Jason BourneJason Bourne. 2 heures 04. États-Unis. Espionnage – Action. Sortie en France le 10 août 2016. Réalisé par Paul Greengrass avec Matt Damon, Tommy Lee Jones, Alicia Vikander, Vincent Cassel, Julia Stiles, Riz Ahmed, Ato Essandoh, Bill Camp, Gregg Henry…

Traqué par de nombreux adversaires, Jason Bourne, l’ancien agent le plus mortel de la CIA, qui a recouvré la mémoire, se voit forcé de sortir de l’ombre…

« Il a vu des choses. Il sait des choses. Si il ne venait pas pour nous ? Si il avait d’autres projets ? »

C’est en toute logique et sans grande crainte que je me suis dirigé vers mon cinéma pour découvrir ce « Jason Bourne ». Il faut dire aussi que j’aime beaucoup le spectacle que l’on me propose depuis le premier film (même le volet avec Jeremy Renner) et que la bande annonce de ce cinquième film me bottait bien.

Une nouvelle fois, je me suis très rapidement laissé prendre au jeu de ce scénario écrit par Paul Greengrass et Christopher Rouse. L’action et l’espionnage sont bien présents, le cahier des charges est respecté. Peut-être même un peu trop il faut dire car en reprenant toujours les mêmes ingrédients, ce qui s’avérait être une très bonne surprise lors du premier film commence à mes yeux par manquer d’originalité.

Alors oui, il y a une suite logique dans cette histoire. L’ensemble est cohérent et tient la route mais devant le peu de surprises, le spectateur se retrouve plus aisément à voir les différentes facilités scénaristique. Jason Bourne a retrouvé la mémoire mais nous, on ne l’a jamais perdu. La CIA en grand méchant qui lance un tueur impitoyable aux trousses de notre héros qui va se retrouver avec une jolie alliée mais qui n’est pas toute douce… On a beau enlever l’amnésie et vouloir plonger dans le passé du héros, ça sent quand même le réchauffé.

Mais bon, ça relance la franchise sous l’ère de Matt Damon (ce qui était loin d’être gagné) et bien que classique, le final ouvre d’autres perspectives. De mon côté, même si j’ai conscience de ses imperfections, je ne boude pas mon plaisir et je prends toujours mon pied devant ce récit d’espionnage qui abuse de bavardages pour enrober le tout mais qui ne nous perd jamais tant au final cela reste assez simpliste (ce qui m’arrange car j’ai une fâcheuse tendance à être perdu dans les films d’espionnage…).

Quant à Matt Damon (Jason Bourne) justement, il reprend son personnage avec efficacité. Il ne se foule pas beaucoup, il garde ses acquis et ne propose pas quelque chose de différents mais ça tombe bien, ce n’est pas ce que je lui demande. L’acteur continue de creuser le mythe de son personnage avec toujours une infiltration, une diversion, une course poursuite et quelques disparitions qui reprennent toujours le même schéma. Son personnage reste toujours une bonne alternative à James Bond même si il devra très certainement évolué à l’avenir s’il veut continuer d’exister.

A ses côtés, Tommy Lee Jones (Robert Dewey) est toujours en mode grincheux pince sans rire. Lui aussi évolue dans un registre qu’il maitrise et ça me plait. Il n’y a pas de grandes surprises dans ses intentions, il ne se démarque pas trop de ses prédécesseurs mais son charisme naturel fait que cela reste un plaisir pour moi que de le voir ici.

Il est en plus secondé par une charmante Alicia Vikander (Heather Lee) dont j’avais quelques craintes mais qui a très vite su s’imposer dans la franchise et y trouver sa place. Par moment, c’est un peu léger mais dans l’ensemble ça m’a plu et ça compense bien le peu d’apparitions de Julia Stiles (Nicky Parsons) qui arrivait en fin de course dans la saga.

Le reste de la distribution est plus anecdotique. Ce n’est pas mauvais mais ça ne m’a pas transcendé à l’image d’un Ato Essandoh (Craig Jeffers) sans saveur, d’un Scott Shepherd (Le directeur adjoint de la CIA) inutile ou encore d’un Riz Ahmed (Aaron Kalloor) pas méchant pour un sou mais qui joue trop sur l’aspect « après Snowden » pour vraiment convaincre et paraitre crédible.

Malgré tout, il y a quand même un Vincent Cassel (Asset) qui est impeccable. Le comédien poursuit à merveille la grande lignée des tueurs à la poursuite de notre espion. Je ne suis peut-être pas objectif parce que j’apprécie l’acteur mais je trouve même qu’il fait partie des tueurs les plus convaincants avec Clive Owen. Charismatique, il s’impose facilement dans la franchise et semble vraiment parvenir à donner du mal au personnage de Matt Damon dans un face à face efficace.

Si je commence à m’apercevoir de plus en plus des faiblesses de la recette pour le fond de cette saga, en revanche, je commence réellement à avoir plus de mal avec la forme. En temps normal, je ne suis pas un grand adepte de la caméra à l’épaule qui me file souvent la gerbe. Mais bon, allez savoir pourquoi, dans cette franchise, ça ne m’a jamais trop dérangé. Là, je ne sais pas si c’est parce que ça faisait longtemps où bien parce que j’avais bien aimé la relecture du mythe dans le visuel de Tony Gilroy mais la mise en scène de Paul Greengrass commence à me lasser.

Oui, c’est bien ce passé de journaliste qui se ressent dans son travail. Oui c’est bien de nous plonger au plus près de l’action afin de tenter de donner du réalisme à ce récit tout en masquant les facilités du scénario… Seulement voilà, à un moment, il faudrait quand même savoir se canaliser un peu. On a souvent l’impression d’être à un stade très avancé d’un Parkinson à l’écran.

Même lorsque l’action ne l’exige pas, la caméra bouge énormément. Beaucoup trop, à tel point que c’est illisible même lors de scènes « calme ». Ceux qui n’aimaient pas ce procédé précédemment risquent encore plus d’avoir du mal avec cet opus. On possède des difficultés à suivre les scènes posées tandis que les scènes d’action deviennent floues tant la caméra elle-même semble perdue.

Il n’y a qu’à voir les différents cadrages ne serait-ce que lors de la scène de la manifestation à Athènes qui file tellement le tournis que j’ai cru que j’allais finir en salle de dégrisement. Bon, ça ne m’a pas empêché de suivre l’histoire mais ça commence à faire beaucoup trop à mes yeux. Pas fan de la caméra à l’épaule, j’étais assez tolérant sur le procédé avec cette saga mais si il y a d’autres suites, je ne sais pas si ça continuera longtemps.

C’est d’autant plus dommage que ce sentiment d’immersion est intéressant. On reprend les mêmes ficelles, il y a vraiment une logique entre ses différents opus et cela m’a tout de même fait plaisir de retrouver notre héros. Je me trompe peut-être mais au final, plus j’y pense et plus je me dis que ça serait pas plus mal que tel un James Bond, la franchise (et Matt Damon) accepte de passer à autre chose avec un nouveau cinéaste afin d’apporter un nouveau souffle. D’ailleurs, plus j’y repense aussi et plus le quatrième film de Tony Gilroy finit par se bonifier à mes yeux après avoir découvert ce cinquième film.

Maintenant, ça reste quand même efficace. Je n’ai pas vu le temps passé et au regard de la mise en scène, le montage est quand même bien foutu. Les différents décors sont bien exploités même si le passage à Las Vegas permet de nous rendre compte que Jason Bourne possède une aura particulière en Europe qui le rend plus intéressant. Quant à la bande originale composée par David Buckley et John Powell, elle reprend aussi la même base avec toujours aussi le même thème phare de Moby, plaisant à l’écoute, mais qui devient presque anodin dans la façon dont on l’utilise.

Pour résumer, malgré ses défauts et un retour pas forcément justifié, j’ai tout de même trouvé ce « Jason Bourne » excellent. Le cahier des charges est rempli, on a peu de surprises et on est typiquement devant le genre de programme que l’on nous propose maintenant depuis quatre films. Malgré ses maladresses, c’est une vision du film d’espionnage qui me plait bien d’autant plus que je ne me sens jamais perdu dans l’intrigue et qu’en termes d’action, la production n’est pas trop avare. En revanche, attention pour la suite car je commence néanmoins à ressentir une grande lassitude vis à vis de la réalisation de Paul Greengrass qui est brouillonne dans ses excès. Un film que je reverrais avec plaisir en tout cas.

4/5 (Excellent)


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