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Un vêtement pas comme les autres

Publié le 17 août 2016 par Blanchemanche
#Burkini
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Amar BELLALAssez perplexe face à certains arguments tentant de relativiser le phénomène « burkini » en comparant cette pratique avec des tenues de plongée, ou cherchant à banaliser cette pratique en qualifiant cette tenue de « vêtement comme les autres » comme l’affirme Edwy Plenel par exemple.D’un côté il y a une nécessité physique et pratique (protéger et réchauffer son corps lors de la plongée) et de l’autre côté on a un phénomène nouveau dans l’espace public, et dont je pense qu’il n’a rien d’anodin, rien à voir avec un fait culturel ou autre du à l’arrivée de populations nouvelles, mais plutôt à voir avec une démarche politique de revendication.
Dans les années 80-90 il y avait ce que l’on peut appeler la première génération, les premiers français issus de parents « musulmans » (en gros, l’ Afrique du Nord, ceux qu’on englobe par le terme « arabe »). A l’époque, pas de Burka, je n ai jamais entendu parler de Burkini, et jamais personne dans mon entourage parmi les parents immigrés, et encore moins leur gosses, n’auraient eu un jour l’idée d avoir cette pratique, et pis, revendiquer de pouvoir l’avoir dans l’espace public. Il y avait plus ou moins (et souvent pas du tout!) tout au plus des pratiques de ramadan, de prières, mais la priorité c’était de s’insérer, de se faire accepter pour le dire vite, de s’intégrer par l’école entre autre, en étant conscient aussi qu’on vivait dans un pays avec une longue histoire, des traditions etc… Au collège on avait droit par exemple à un menu sans porc (au choix), et d’autres signes montraient qu’il y avait un vrai retour, un effort des institutions républicaines qui savaient s’adapter à des populations nouvelles: j’oserais dire que la France a pratiqué une laïcité ouverte, bienveillante on va dire.Il faut rendre à César ce qui appartient à César.Cela fonctionnait aussi car il y avait le pari de l’intégration et de « donner du temps au temps », pour les futurs générations. Je ne cache pas que je suis un pur produit de cette école républicaine et c’est aussi pour cela que je défend les valeurs républicaines et de laïcité, et notre système éducatif (lourdement attaqué, je le sais…) dans ce qu’elles ont de meilleur. Bien-sûr il y avait du racisme, des discriminations à l époque, et encore maintenant…Mais il y a aussi beaucoup de bienveillance et de personnes formidables en France comme mes professeurs qui dans leur écrasante majorité nous encourageaient.
Ce qui m ‘interpelle aujourd’hui hui, c’est que 20-30 ans plus tard, en 2016, on en est à des revendications incroyables de type Burka et Burkini. Il est clair que cela ne peut pas venir des premiers arrivants ouvriers comme mes parents ni même de la première génération de français, mais bien de la 2ème voir 3ème génération, parfois de convertis qui ne sont pas du tout d’origine immigré. C’est donc une démarche qui est apparue en France et non pas importée par la culture des immigrés des années 60-70…rien à voir non plus avec un fait culturel massivement partagé par l’arrivée de populations nouvelles, mais bien le fait d’une minorité avec une démarche clairement politique et prosélyte. Disons le clairement, l’écrasante majorité des musulmans en France ressent ces revendications comme une provocation inutile et dangereuse pour elle même : en effet, c est pain béni pour le FN ce genre de revendications, et le FN, ses idées, sont la première menace. Parfois quand j’entends les arguments de certains tendant à relativiser ces pratiques, croyant ainsi défendre les musulmans, je me dis qu’on se passerait volontiers de ce type de défense…on a même envie de leur dire : « …svp…taisez vous… ».
Si vraiment on veut défendre le vivre ensemble, avec le fait culturel musulman qui est maintenant une réalité en France, il faut clairement combattre, et ne pas leur trouver la moindre circonstance atténuante, ces prosélytes d’un mode de vie venu d’un autre âge, et que nous ne partageons pas.ABhttps://environnement-energie.org/2016/08/16/un-vetement-pas-comme-les-autres/

AMAR BELLAL

UN VÊTEMENT PAS COMME LES AUTRES
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Cachan et de l'INSA de Lyon, je suis professeur agrégé de génie civil et j'enseigne dans des lycées et centres de formation en Ile de France. En 2013, je deviens rédacteur en chef de Progressistes, nouvelle revue que je lance avec l'aide et le soutien de plusieurs personnalités du monde scientifique et du travail. J'anime régulièrement des débats publics sur les enjeux d'énergie et d'environnement à la demande de collectivités, d'associations, de partis politiques et de syndicats. Ce blog permet un accès aisé à mes différentes textes ainsi qu'aux diaporamas présentés pendant mes conférences.Mon livre "Environnement et énergie" est édité aux éditions du Temps des Cerises (mai 2016).

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