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Depeche Mode so far : 1981-2013 (Partie III : 2001-2013)

Publié le 18 août 2016 par Heepro Music @heepro

Un changement de décennie est toujours significatif dans la trajectoire de quelqu’un, qu’il le veuille ou non, qu’il s’en rende compte on non. De même pour un artiste. Dès lors, inutile d’exagérer l’influence d’un changement de millénaire, surtout pour un groupe comme Depeche Mode qui, déjà, entrait dans sa troisième décennie d’activité, après des années 80 en trombe les faisant passer très, trop rapidement du côté des célébrités. Dans les années 90, le mot célébrité deviendra même un euphémisme tant le quatuor, désormais trio, aura déchaîné les foules et les passions. Les années 2000 seront forcément différentes, avec leurs propres caractéristiques. Mais alors, devra-t-on parler de période de sagesse qui, souvent, est synonyme de médiocrité ? À mon avis, il s’agit ni plus ni moins que de plénitude car, oui, Depeche Mode n’a rien perdu de sa superbe, quand bien même le succès est moins éblouissant. Moins éblouissant certes, mais toujours aussi grand. Depeche Mode fait effectivement partie de ces très rares très grands groupes encore en activité et qui continuent de se recréer.

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III. 2001-2013 : un album tous les quatre ans, une tournée par album,  Andy Fletcher lance son label et devient DJ, Dave Gahan en solo, Martin Gore accepte les compositions de Gahan et sort un album de reprises.

Depeche Mode {Exciter}
En 2001, les premières notes d’un nouveau morceau de Depeche Mode correspondent à celles d’une guitare, la guitare de « Dream on », qui ouvre l’album Exciter. Ce dernier a été produit avec l’un des producteurs-phare de l’époque, à savoir Mark Bell, notamment connu pour avoir été aux côtés de Björk sur Homogenic sorti en 1997. À mon humble avis, Exciter est une très grande réussite, alors même qu’à sa sortie il semblait peut-être un peu facile, sans ambition, voire trop « radio-friendly ». Aujourd’hui, au contraire, je pense qu’il s’agit d’un album très personnel, particulièrement introverti mais communicatif, et qui est empli d’une certaine joie apaisée. La force de cet album, comme le démontre le morceau d’ouverture ou le majestueux « Freelove » qui m’obligent à dire à quel point la musique de Depeche Mode (toujours l’œuvre de Martin Gore) sert magnifiquement la voix de Dave Gahan qui chante désormais d’une voix parfaite, chose qui était moins vraie vingt ans plus tôt. La charisme du groupe n’a rien perdu avec l’âge, bien au contraire. C’est donc un Depeche Mode en très grande forme, plein d’optimisme qui débute ce nouveau millénaire.

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Depeche Mode {Playing The Angel}
Un an avant la sortie du onzième album studio, une triple-compilation Remixes 81..04 venait combler les fans vides de tout ce qui a trait au groupe anglais. Mais il est surtout à noter les trajectoires respectives de chacun des trois membres entre Exciter et son successeur Playing The Angel. Tout d’abord, Andy Fletcher débuta son propre label Toast Hawaii à Londres fin 2002, et commençait officiellement sa carrière de DJ, qu’il continue d’exercer à ce jour avec succès. De leurs côtés, Dave Gahan et Martin Gore allaient chacun sortir un disque solo. Alors que Gore allait finalement reprendre ce qu’il avait timidement initié en 1989 avec l’EP Counterfeit, un album complet sur le même modèle sortait en 2003, logiquement intitulé Counterfeit² puisqu’il s’agit, une fois encore, de reprises d’artistes qu’il affectionne particulièrement. Pour sa part, Gahan allait lui débuté ce qui était certes attendu voire espéré depuis longtemps : une carrière solo dans laquelle il serait, enfin, le véritable maître à bord.

C’est assurément grâce à Paper Monsters, son tout premier album, qu’il aura l’opportunité de proposer et inclure dans Playing The Angel trois chansons qu’il a co-écrites et composées. Encore aujourd’hui, je trouve qu’elles font parties des meilleures de tout l’album, en particulier « Suffer well » et « i want it all ». Mais je n’oublie pas non plus la superbe « Precious » ou la grisée « The sinner in me ». Gahan et Gore commencent enfin à cohabiter dans un album sous-titré Pain and suffering in various tempos. À bon entendeur.

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Depeche Mode {Sounds Of The Universe}
La sortie d’un second album solo tout aussi réussi que le premier en 2007, Hourglass, marquait définitivement le poids de Dave Gahan à l’écriture, pour lui-même mais aussi et surtout pour le groupe. En 2009, alors qu’il y a encore peu de temps que j’écoute Depeche Mode (j’ai réellement découvert leur musique en 2006-2007).

Personnellement, j’ai longtemps cru que Sounds Of The Universe serait le dernier album studio du groupe. Comme s’il allait être leur chant du signe, mais un chant se sachant en train d’agoniser. En effet, malgré toute sa recherche et ses ambitions affichées, le résultat reste un peu léger par rapport à presque tous leurs albums précédents. D’ailleurs, et cela grâce à son clip génial, le single « Wrong » demeure la cime des treize morceaux de l’album. Autrement, remarquons qu’à nous trois compositions de Gahan figurent sur la tracklist, et que, cerise sur le gâteau, la version Deluxe permet d’entendre la première collaboration entre Gahan et Gore: « Oh well ». Toujours sur la version Deluxe, un disque entier allant de « Little 15 » à « In chains » en passant par « Only when I lose myself » offrait pour la toute première fois des démos.

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Depeche Mode {Delta Machine}
Comment poursuivre avec Depeche Mode et en solo sans ni s’essouffler ni perdre son inspiration ? Réponse : en collaborant avec d’autres artistes. Dave Gahan a ainsi écrit les paroles de dix chansons sur des musiques de Soulsavers pour l’album de ses derniers The Light The Dead See. Quant à Martin Gore, il a retrouvé Vince Clarke (membre fondateur de Depeche Mode qui était initialement le songwriter du groupe avant qu’il ne quitte le navire dès 1981) pour former le duo 100% électronique VCMG (l’album Ssss est entièrement instrumental).

En 2013, Depeche Mode sortait son treizième album studio. Si l’on reste loin de leurs chefs-d’œuvre sortis dans les années 80 et 90, il s’agit tout de même d’un très grand album qui, à l’inverse du précédent, fait ressurgir toute la grandeur du groupe qui, finalement, n’a pas du tout l’air su la fin. Les aventures personnelles de chacun des trois membres en sont à n’en pas douter la raison essentielle. Ajoutons à cela qu’il existe une osmose tout aussi impressionnante au sein du trio et entre eux et leurs collaborateurs depuis tant d’années (Daniel Miller, Anton Corbijn, Ben Hillier ou encore Flood). Et la fraîcheur de Delta Machine provient évidemment de l’intégration définitive à l’écriture de Gahan qui est crédité sur six des dix-huit chansons de la version Deluxe.

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Rien de nouveau en attendant l’album #14, qui sortira vraisemblablement en 2017. En effet, Andy Fletcher continue sa tournée de DJing. Dans le même temps, Martin Gore a sorti son tout premier effort personnel éponyme MG, dans la lignée de VCMG dont sans voix. Enfin, Dave Gahan a de nouveau collaboré avec Soulsavers, mais sait à cette occasion imposé doublement sur la pochette : d’abord, on y voit son visage, ensuite, son nom apparaît à côté (et même avant) celui de Soulsavers. En attendant la suite, et en espérant que le destin ne s’en mêle, il vous reste quelques petits mois pour (re)découvrir un groupe qui est déjà dans sa quatrième décennie d’activité…

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à relire : Partie I : 1981-1984

à relire : Partie II : 1986-1997

(in heepro.wordpress.com, le 18/08/2016)


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