Magazine Société

Lumières, d'Anne Bottani-Zuber

Publié le 20 août 2016 par Francisrichard @francisrichard
Lumières, d'Anne Bottani-Zuber

Le XVIIIe siècle est considéré comme le siècle des Lumières, mais ce siècle connaît au moins deux périodes très sombres: la Guerre de Sept ans (1756-1763), qui embrase le monde et s'accompagne d'un cortège de ruines, et la Révolution française, qui, après quelques lueurs, plonge dans les ténèbres.

Le roman d'Anne Bottani-Zuber se déroule dans le pays de Vaud à peu près sur la même période que la Guerre de Sept ans, de 1754 à 1764. Si l'air du temps est en principe celui de la raison, les passions ne se déchaînent pas moins, non seulement entre États, mais entre personnes.

A Moudon, en 1754, le pasteur Girardet, sa femme et deux de leurs quatre enfants, Guillaume et Sophie, succombent à une épidémie de petite vérole. Jeanne a échappé au fléau parce qu'elle se trouvait chez la tante Françoise à Préverenges. Louise a survécu mais sa peau est grêlée et ses yeux sont morts.

Comme un malheur n'arrive jamais seul, Hypolite Crespin, prêteur et usurier, se présente à la cure pour récupérer les 732 livres que lui devait le pasteur. Il fait main basse sur tous les meubles de la famille. Les deux soeurs, Jeanne et Louise, ne parviennent à sauver de la saisie qu'une horloge et un tableau...

La cousine Clotilde a averti la tante Françoise que la famille était malade et lui a demandé de garder Jeanne le plus longtemps possible; c'est ce qui lui a évité de tomber malade à son tour. Jeanne ne la congédie pas moins sèchement de la maison, sans avoir la moindre reconnaissance envers elle. 

Jeanne, garçon manqué, se faisant passer pour son frère Guillaune, écrit à Mademoiselle Grossi, une cousine de leur mère, qui habite Lausanne. Celle-ci, une libertine, qui veut conserver ses activités, ne les accueille que pour un temps, puis leur trouve un appartement à la bannière de Saint-Laurent.

Le loyer est modeste. La cousine Grossi a en effet versé une somme importante au propriétaire. Grâce à elle, Guillaume, alias Jeanne, est engagé comme commis chez un imprimeur réputé, Maître Grasset, pour qui il accomplit de menus travaux de nettoyage et de réparation et fait des courses.

Le Lausanne de l'époque est celui du célèbre docteur Tissot, du danger qu'il y a à détenir chez soi des livres interdits de Voltaire ou de Rousseau, des rumeurs sur des femmes accusées de jeter des sorts, même si cela n'existe pas, et qui avouent après avoir été soumises pendant des heures à la question.

Les deux soeurs finissent par se fâcher et par se séparer pour des stupidités, comme les guerres peuvent être des stupidités. Leur mère les qualifiait ainsi et avait obtenu que leur pasteur de père ne leur lise plus de chroniques sur le sujet. Lequel père rêvait d'un monde où l'aumône ne serait plus nécessaire...

Un des personnages du roman dit à un moment donné: Il faut aller au bout de son rêve, quitte à l'épuiser. Les deux soeurs poursuivront bien chacune un rêve. L'une ira au bout du sien et l'épuisera. L'autre ira aussi au bout du sien, mais c'est elle qui en sortira épuisée. Alors, et c'est inattendu, sa soeur prendra sa relève.

Francis Richard

Lumières, Anne Bottani-Zuber, 220 pages Editions de l'Aire  


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine